Des créatures marines évoluant habituellement près des côtes ont été observées vivant et se reproduisant sur le grand vortex de déchets du Pacifique, à des milliers de kilomètres de leur habitat d’origine.
Communautés néopélagiques
Situé entre Hawaï et la Californie, le vortex de déchets du Pacifique Nord est une gigantesque masse flottante de plastique dont la superficie a été estimée à 1,6 million de kilomètres carrés. Si des espèces marines avaient été précédemment observées à proximité, il semble que des créatures côtières s’y soient désormais établies de façon permanente.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature Ecology & Evolution, James Carlton, du Williams College et du Mystic Seaport Museum dans le Connecticut, et ses collègues ont collecté 105 déchets plastiques entre novembre 2018 et janvier 2019. Leurs analyses ont montré que 70 % d’entre eux présentaient des preuves de la présence d’espèces côtières, incluant des arthropodes semblables à des crevettes, des anémones de mer et des mollusques.
Selon Carlton, celles-ci s’avéraient environ trois fois plus nombreuses que les espèces pélagiques (vivant en haute mer). « Il s’agit de créatures qui ont dérivé avec les débris côtiers et qui ont réussi à trouver un nouvel habitat », explique-t-il.
Une telle découverte remet en question l’hypothèse selon laquelle les espèces côtières ne pourraient survivre hors de l’environnement au sein duquel elles ont évolué et confirme que des « communautés néopélagiques » s’établissent sur les débris plastiques en haute mer.
Une menace potentielle pour les écosystèmes côtiers
Pour l’heure, le régime alimentaire précis des créatures côtières ainsi que leurs interactions avec les espèces de poissons locales demeurent obscurs, mais les auteurs de l’étude estiment que cette communauté flottante pourrait constituer une menace pour les écosystèmes côtiers.
« Il est logique que l’accumulation de débris plastiques au large des côtes puisse créer des habitats artificiels pour des communautés habituellement observées près de celles-ci », commente David Aldridge, de l’université de Cambridge. « Les auteurs s’inquiètent à juste titre de la façon dont ceux-ci pourraient entraîner des changements dans l’écologie plus large de la haute mer et contribuer à la propagation d’espèces non indigènes. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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