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Un virus zombie géant vieux de 48 500 ans émerge du permafrost sibérien

Selon les chercheurs, le risque que d’anciens virus déclenchent une pandémie est réel

virus permafrost sibérien
— Tatiana Gasich / Shutterstock.com

Sept types de virus piégés depuis des dizaines de milliers d’années dans le permafrost sibérien ont récemment été « ressuscités ». Si l’âge du plus récent a été estimé à 27 000 ans, celui du plus ancien approche les 50 000 ans.

Ramener à la vie un ancien virus géant

Au fil des années, différentes équipes de scientifiques ont affirmé avoir ramené à la vie des bactéries pathogènes piégées dans des sédiments, de la glace ou des cristaux de sel vieux de plusieurs centaines de millions d’années. Cependant, établir si ces organismes sont réellement aussi vieux que les échantillons au sein desquels ils ont été trouvés ou s’il s’agit de bactéries plus jeunes les ayant contaminés ultérieurement se révèle notoirement difficile, car la datation standard au radiocarbone ne fonctionne pas au-delà de 50 000 ans.

Dans le cadre de travaux prépubliés sur le serveur bioRxiv, Jean-Michel Clavierie et ses collègues de l’université d’Aix-Marseille ont ressuscité un ancien pandovirus (virus géant infectant des organismes unicellulaires appelés amibes). Vieux de 48 500 ans, ce qui en fait techniquement le plus ancien jamais réveillé, celui-ci provenait d’un échantillon de permafrost (ou pergélisol) prélevé à une quinzaine de mètres sous le fond d’un lac de Yakoutie.

Selon Clavierie, le fait que des pandovirus restent infectieux après avoir été piégés aussi longtemps dans la glace implique que d’autres types de virus le seront également. « Il existe un risque, amplifié par le changement climatique, qu’ils puissent infecter des plantes ou des animaux, y compris des personnes, s’ils dégèlent », avance le chercheur, rappelant que des bactéries et des virus sortent « tous les jours » du permafrost.

virus
Exemples de virus isolés par les chercheurs — © Jean-Michel Claverie et al. / bioRxiv 2022

Un risque pandémique réel

Alors que la présence humaine était autrefois extrêmement faible sous de telles latitudes, les auteurs de l’étude soulignent que de plus en plus de personnes s’installent dans la région arctique afin d’exploiter ses précieuses ressources (or et diamant notamment). Et il se trouve que la première étape de l’exploitation minière consiste à décaper les couches supérieures du permafrost.

Bien que le risque que d’anciens virus émergeant du pergélisol déclenchent une pandémie soit généralement considéré comme plus faible que celui associé à leurs homologues circulant chez les animaux domestiques et sauvages, Rebecca Katz, de l’université de Georgetown, souligne qu’il est essentiel de prendre en compte toutes les voies potentielles d’émergence afin d’être le mieux préparé possible. « La menace des virus anciens libérés par le dégel du permafrost est très réelle », estime la chercheuse.

Les tentatives délibérées de ramener à la vie les virus du pergélisol pourraient également être risquées. Si Clavierie considère l’approche utilisée par son équipe comme sûre, en raison de l’incapacité des virus touchant les amibes à infecter les plantes ou les animaux, une équipe russe prévoit de faire revivre des virus ayant infecté des mammouths.

Par Yann Contegat, le

Source: New Scientist

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  • Quand l’homme va t il cesser de se prendre pour un apprenti sorcier. Il détruit la planète et cherche ensuite à comprendre. Nous aurons bien mérité ce qui nous attend

  • Avec les Russes, il faut se méfier….. On apprend jour après jour qu’on ne peut pas les ranger dans la catégorie « bienfaiteurs de l’humanité «  !!