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Des « virus zombies » prisonniers de l’Arctique depuis 40 000 ans ont été ramenés à la vie !

Malgré les dangers potentiels, étudier ces microbes est crucial

Arctique
— Tatiana Gasich / Shutterstock.com

Depuis des décennies, la science-fiction nous met en garde contre les conséquences de nos curiosités scientifiques. Qu’il s’agisse de The Thing ou de The Last of Us, les scénarios catastrophes se suivent : un agent pathogène oublié refait surface, échappe à tout contrôle et plonge le monde dans le chaos. Mais cette fois, il ne s’agit plus de fiction. Une équipe de chercheurs de l’université du Colorado à Boulder a bel et bien réveillé des micro-organismes qui sommeillaient dans les glaces arctiques depuis près de quarante millénaires.

Des microbes en sommeil, mais bien vivants

Selon la Harvard Medical School, certaines bactéries peuvent survivre des siècles sans lumière, chaleur ou nutriments. Selon Tristan Caro, ancien étudiant en géologie, dans une déclaration, ces échantillons sont loin d’être morts. Ils sont encore capables de soutenir la vie active en décomposant la matière organique et en libérant du dioxyde de carbone.

Les échantillons ont été extraits à une centaine de mètres sous terre, dans un site scientifique connu sous le nom de « tunnel de pergélisol », creusé dans les années 1960 par l’U.S. Army Corps of Engineers. Ce lieu, riche en vestiges de la période glaciaire comme des ossements de mammouths, se situe à environ 100 mètres sous la surface du sol.

Pour ramener ces microbes à la vie, les chercheurs les ont exposés à de l’eau et à des températures comprises entre 4 et 12 °C, simulant les étés alaskiens dans un contexte de réchauffement climatique. Après six mois d’observation, ils ont constaté une lente croissance initiale, avant que certains microbes ne commencent à produire un biofilm, une substance collante qui peut protéger les virus et faciliter leur propagation. Cette découverte suggère que des mois de chaleur pourraient suffire à réactiver des microbes dormants dans les couches profondes du pergélisol

Le pergélisol, un coffre-fort qui s’ouvre lentement

Depuis 1979, la région arctique se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du globe, selon des chercheurs finlandais. Et d’après l’Agence spatiale européenne, les deux tiers du pergélisol proche de la surface pourraient disparaître d’ici la fin du siècle. Ce phénomène libère des gaz à effet de serre comme le CO₂ et le méthane, exacerbant encore le problème climatique. 

Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) estime que les sols gelés contiennent environ 1 500 milliards de tonnes de carbone, soit près du double de la quantité actuellement présente dans l’atmosphère. Mais ce n’est pas la seule menace. Depuis plusieurs années, les microbiologistes alertent sur le potentiel danger que représentent ces bactéries et virus inconnus piégés dans ces glaces anciennes. 

Certains pourraient être porteurs de gènes de résistance aux antibiotiques modernes. D’autres pourraient appartenir à des espèces totalement inconnues, adaptées à des environnements extrêmes, et donc potentiellement capables de survivre dans des conditions difficiles. « Nous ignorons presque tout de ce que renferme le pergélisol », expliquait déjà la chercheuse suédoise Birgitta Evengård en 2016. « C’est une véritable boîte de Pandore. »

Pourquoi prendre le risque ?

Malgré les dangers potentiels, étudier ces microbes est crucial. Ils pourraient non seulement permettre de mieux comprendre les écosystèmes anciens, mais aussi offrir des applications positives. Par exemple, une bactérie découverte dans le sol arctique pourrait aider à traiter les marées noires, et d’autres pourraient inspirer de nouveaux antibiotiques.

Jusqu’à présent, les « virus zombies » réactivés n’ont montré aucun danger pour l’Homme, car beaucoup ne peuvent infecter que des amibes et restent trop fragiles pour survivre dans notre environnement actuel. Cependant, des experts comme Andrea Hinwood, du Programme des Nations unies pour l’environnement, rappellent que la prudence est de mise.

Pour l’instant, Tristan Caro assure que les microbes étudiés ne présentent pas de risque pour l’Homme. Ils sont néanmoins conservés dans des chambres hermétiques, par précaution. Alors, bien que fascinante, cette exploration du passé gelé de notre planète soulève des questions sur les risques et les bénéfices d’une telle recherche. Par ailleurs, ces virus géants auraient dû inquiéter les scientifiques… mais cette découverte au Groenland pourrait sauver le climat sans qu’on le sache.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: The Independent

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