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Les virus zombies de l’Arctique ressurgissent : faut-il craindre une nouvelle pandémie ?

Ces microbes piégés depuis des millénaires dans la glace ont été libérés à cause du réchauffement climatique

virus zombie
— Tatiana Gasich / Shutterstock.com

Des chercheurs alertent sur le risque potentiel de pandémies futures en raison de virus anciens, connus sous le nom de « virus zombies », prisonniers du pergélisol arctique. Ces virus, emprisonnés depuis des millénaires, pourraient être libérés en raison du réchauffement climatique, menaçant de déclencher de grandes épidémies. Cette situation suscite une inquiétude croissante dans la communauté scientifique.

La découverte des « virus zombies »

Les scientifiques ont déjà découvert des souches de ces bactéries de Mathusalem, communément appelées virus zombies. Cela a suscité des inquiétudes quant à la possibilité qu’une maladie du passé lointain, et non une maladie récemment découverte, soit à l’origine d’une nouvelle crise sanitaire à l’échelle mondiale.

Jean-Michel Claverie, généticien à l’université d’Aix-Marseille, souligne l’importance de se concentrer sur les risques potentiels d’épidémies émergeant de l’extrême nord et allant vers le sud. Selon la virologue Marion Koopmans du centre médical Erasmus de Rotterdam, les virus présents dans le pergélisol sont inconnus, mais il est possible que l’un d’entre eux – peut-être une ancienne souche de polio – déclenche une épidémie

En 2014, des équipes dirigées par des experts comme Jean-Michel Claverie ont réussi à isoler ces virus, démontrant ainsi qu’ils peuvent rester infectieux malgré des milliers d’années d’hibernation. Une étude publiée l’année dernière a permis d’identifier plusieurs souches de virus provenant de sept sites sibériens distincts. Un échantillon de virus vieux de 48 500 ans était l’un d’entre eux. Selon Claverie, bien que les virus découverts jusqu’à présent ne soient pas dangereux pour l’Homme, la découverte de traces génomiques de poxvirus et d’herpèsvirus – deux familles connues pour affecter les humains – indique un risque potentiel.

— © Pavel Hrdlička / Wikimedia Commons

Les impacts du changement climatique et de l’activité humaine

Le pergélisol, couvrant une partie importante de l’hémisphère nord, se compose de sols qui ont été maintenus à des températures inférieures à zéro pendant de longues périodes. Il a préservé divers matériaux biologiques en raison de ses conditions froides et sans oxygène. La fonte accélérée du pergélisol en Sibérie, au Canada et en Alaska, provoquée par des températures croissantes, pourrait libérer ces virus endormis. Selon les météorologues, la région se réchauffe plusieurs fois plus vite que le taux de croissance normal du réchauffement climatique.

Claverie avertit que le risque ne vient pas seulement de la fonte elle-même, mais aussi de l’augmentation de l’activité humaine dans ces régions auparavant inaccessibles. La disparition des glaces de l’Arctique est une autre menace liée au réchauffement de la planète. Cela permet à la Sibérie de connaître une croissance industrielle, une navigation et un trafic accrus. D’énormes projets d’exploitation minière sont en cours, notamment le forage d’énormes trous dans le pergélisol pour récupérer des minéraux et du pétrole.

De plus, comme l’histoire des épidémies l’a montré, les changements dans l’utilisation des terres peuvent être un facteur déclenchant pour les épidémies. Koopmans a fait référence à des exemples tels que le virus Nipah, propagé par des chauves-souris frugivores déplacées de leur habitat naturel par des activités humaines. La variole du singe et l’expansion de l’urbanisation en Afrique ont également été liées. Ces développements en Arctique pourraient donc mener à un scénario similaire, où les activités humaines libèrent accidentellement des virus jusqu’alors inconnus ou oubliés.

Stratégies de prévention et de préparation

Les chercheurs pensent qu’aux plus grandes profondeurs du pergélisol, il pourrait y avoir des virus vieux de plusieurs millions d’années, bien plus anciens que notre propre espèce, qui serait née il y a environ 300 000 ans. Une autre source d’inquiétude, selon M. Claverie, est que le système immunitaire humain pourrait n’avoir jamais été en contact avec l’une ou l’autre de ces bactéries. Bien qu’improbable, la possibilité qu’un virus non identifié ayant infecté un Néandertalien revienne à l’époque moderne est désormais plus crédible.

Face à cette menace potentielle, des scientifiques comme Claverie plaident pour une surveillance accrue et la préparation aux urgences dans l’Arctique. Il est crucial de détecter rapidement tout signe de maladie causée par ces anciens virus afin de contenir une éventuelle épidémie avant qu’elle ne se propage. Des projets de collaboration internationale, impliquant l’UArctic et d’autres institutions, cherchent à établir des installations de quarantaine et à fournir des connaissances médicales spécialisées dans la région. Ces mesures visent à traiter localement les cas émergents pour éviter une propagation mondiale.

Ainsi, la situation en Arctique est un rappel que les changements climatiques peuvent avoir des conséquences imprévues et potentiellement graves. Alors que le monde se concentre sur les défis immédiats du réchauffement climatique, il est essentiel de ne pas négliger ces menaces cachées et de se préparer à faire face à des pandémies possibles provenant des profondeurs gelées de la planète. Par ailleurs, voici 8 anciens virus zombies découverts par des scientifiques dans le permafrost.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: The Guardian

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