
Grâce à une éclipse artificielle orchestrée depuis l’espace, deux satellites européens ont capté des images inédites de la couronne solaire. Une avancée majeure qui pourrait enfin lever le voile sur les mystères les plus brûlants de notre étoile.
Grâce à un ballet spatial inédit, le Soleil dévoile ses secrets
Et si on pouvait créer une éclipse solaire quand on le voulait ? C’est exactement ce que permet aujourd’hui la mission Proba-3 de l’Agence spatiale européenne. En effet, deux petits satellites européens se déplacent en formation, séparés par seulement 150 mètres. L’un agit comme un cache-soleil, l’autre comme un œil grand ouvert sur la lumière. Grâce à cela, ils génèrent une éclipse artificielle qui dure… jusqu’à six heures d’affilée !

Contrairement aux éclipses naturelles, brèves et rares, ce système permet d’en observer une toutes les 19,6 heures. Ainsi, les chercheurs peuvent scruter le Soleil dans des conditions optimales, encore jamais atteintes.
Une structure interne révélée par un simple jeu d’ombre et de lumière
Mais ce qui fascine le plus, c’est ce que cette innovation technologique rend visible. Le 23 mai 2025, le coronographe ASPIICS a capté une structure interne de la couronne solaire jusqu’ici invisible. Il s’agit de fins filaments de plasma, révélés grâce à un filtre vert inédit et un traitement d’image précis. Autrement dit, une matière solaire insaisissable devient soudain observable.
Pourquoi cela compte ? Tout simplement parce que la couronne est l’un des plus grands mystères du Soleil. Bien que située à la périphérie de l’étoile, elle est plus chaude que sa surface, et ce d’un facteur de mille. Cette anomalie thermique intrigue les astrophysiciens depuis des décennies. Grâce à ces nouvelles images, ils espèrent enfin en percer l’origine.
Une mission aux multiples facettes scientifiques
Proba-3, cependant, ne se contente pas de produire de jolies images. En parallèle, un autre instrument nommé DARA mesure l’irradiance solaire, c’est-à-dire l’intensité du rayonnement solaire à chaque instant. Cela permet de mieux comprendre le rôle du Soleil dans le climat terrestre.
De plus, un troisième instrument baptisé 3DEES observe les électrons solaires dans les ceintures de radiation de la Terre. Ces particules ont un impact direct sur les satellites, les communications et les réseaux électriques. Ainsi, la mission contribue à la fois à la recherche fondamentale et à la sécurité technologique.
Une première mondiale : le vol autonome de précision
Ce qui impressionne tout autant, c’est la manière dont ces deux satellites opèrent. En effet, ils volent en formation sans commande directe depuis la Terre, s’ajustant grâce à des caméras étoiles, des lasers et des systèmes d’auto-guidage. Cette autonomie leur permet de s’aligner avec une précision de 1,5 mm, une prouesse inédite dans l’histoire spatiale.
Par conséquent, chaque éclipse est parfaitement calibrée, et les images obtenues sont d’une finesse jamais vue. C’est ce qui distingue Proba-3 des coronographes classiques, qui, placés trop près de leur objectif, masquent une grande partie de la couronne.
Une nouvelle ère pour l’exploration solaire
D’ici fin 2027, Proba-3 devrait réaliser environ 200 éclipses artificielles, soit plus de 1 000 heures d’observation continue. C’est une révolution pour les scientifiques, mais aussi pour nous tous. Finalement, en observant mieux notre étoile, c’est notre rapport au temps, à la lumière et à l’univers que nous transformons.
Personnellement, je suis fasciné par ce mélange de simplicité visuelle — faire de l’ombre — et de complexité technique extrême. En effet, créer une éclipse à volonté, c’est comme tirer un rideau cosmique pour voir ce qui se cache derrière. Et ce qu’on découvre, c’est une matière vivante, une chevelure incandescente qui palpite, qui vit.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Actualités, Espace