En interdisant aux scientifiques de se procurer des tissus fœtaux humains, indispensables à la recherche sur le VIH, le gouvernement américain vient d’y mettre officiellement un terme. Outre-atlantique, cette décision scandaleuse fait le bonheur des conservateurs, qui s’opposaient fermement à l’utilisation de ce type de tissus.

 

Quand l’administration Trump stoppe discrètement les recherches sur le VIH

Il y a quelques mois, l’administration Trump annonçait la mise en pause des recherches nécessitant l’utilisation des tissus fœtaux, une pratique dénoncée depuis de nombreuses années par les conservateurs et l’industrie anti-avortement, qui avaient notamment accusé les scientifiques de se livrer à un véritable commerce de fœtus avortés. Confirmée il y a quelques jours par la révélation du courriel d’une scientifique chargée de fournir des souris modifiées avec du tissu fœtal aux laboratoires travaillant sur des traitements contre le VIH, cette décision regrettable va affecter de nombreux programmes dans le domaine biomédical.

Dans son message, la chercheuse précisait notamment que le ministère de la Santé et des Services sociaux américain (HHS) lui avait « ordonné de cesser de se procurer du tissu fœtal » et annonçait que cette interdiction avait pour effet « de mettre un terme à l’ensemble des recherches sur le VIH ». Warner Green, directeur du Gladstone Center for HIV Cure Research, auquel étaient destinées les souris en question, a de son côté évoqué une « décision dévastatrice » qui « chamboulait profondément leur collaboration » et « remettait leur programme de recherche en question ».

© Pixabay

 

Un nouvel anticorps prometteur était sur le point d’être testé par les chercheurs

Depuis maintenant plusieurs années, ces souris génétiquement modifiées à partir de tissus fœtaux humains sont utilisées dans le cadre de la plupart des recherches sur les maladies infectieuses, comme le VIH, car elles font partie des rares animaux pouvant être infectés par ce type de virus. La décision du gouvernement américain intervient alors que les chercheurs étaient sur le point de tester un anticorps prometteur qui, à la différence des médicaments Anti-VIH actuellement disponibles, empêchait la formation « réservoirs » de cellules infectées par le virus.

Interrogé à ce sujet par le Washington Post, Warner Greene a notamment déclaré : « Vous passez votre vie à essayer de faire de bonnes expériences et à faire avancer vos recherches avec soin, et tout à coup, certains politiciens suppriment une partie absolument essentielle de votre arsenal scientifique. Nous allions commencer à tester ce nouvel anticorps sur les souris, et tout s’est effondré brutalement ». Selon le chercheur, si les recherches impliquant des tissus fœtaux redémarraient immédiatement, il faudrait plus d’un an aux laboratoires pour revenir au stade où ils se trouvaient avant que l’interdiction n’entre en vigueur.

© PxHere
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