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La transplantation fécale pourrait aider à prévenir diabète et maladies cardiaques, selon une étude

Quatre ans après le traitement, certains effets bénéfiques sont toujours mesurables

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Image d’illustration — Fox_Ana / Shutterstock.com

Chez des adolescents obèses, un unique transfert de microbiote intestinal a laissé des traces bien au-delà des attentes des chercheurs. Quatre ans après le traitement, certains effets bénéfiques sont toujours mesurables. Une piste intrigante pour la prévention de maladies métaboliques. Explications.

Une expérience inédite sur 87 adolescents

Il y a huit ans, des scientifiques de l’université d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, ont mené une étude pilote auprès de 87 adolescents âgés de 14 à 18 ans. La moitié a avalé, sur deux jours, 28 capsules de microbiote fécal (FMT) préparées à partir de donneurs sains et minces, tandis que l’autre moitié recevait un placebo. L’essai, d’abord mené en double aveugle, n’avait pas montré d’effet notable sur le poids ni sur l’indice de masse corporelle (IMC) au bout de six mois.

Mais les chercheurs ont poursuivi le suivi : quatre ans et demi plus tard, 55 participants sont revenus pour un bilan complet (imagerie DEXA, analyses sanguines, tension artérielle, questionnaires alimentaires et prélèvements de selles). Et les résultats ont réservé des surprises.

Des marqueurs de santé améliorés à long terme

Sans différence de poids ni d’IMC par rapport au groupe placebo, les adolescents ayant reçu la greffe présentaient néanmoins un tour de taille réduit d’environ 10 centimètres en moyenne, une diminution de 5 % de la masse grasse, une inflammation plus faible et un taux plus élevé de « bon » cholestérol HDL.

Ces améliorations se traduisent par une nette réduction du syndrome métabolique, un ensemble de facteurs de risque qui double la probabilité de décès par maladie cardiaque ou accident vasculaire cérébral et multiplie par cinq le risque de diabète de type 2. « Un seul traitement FMT a entraîné une réduction spectaculaire du syndrome métabolique qui a duré au moins quatre ans », souligne le Dr Wayne Cutfield, professeur d’endocrinologie pédiatrique à l’Institut Liggins de l’université d’Auckland et co-auteur de l’étude parue dans Nature Communications.

Le microbiome, un allié à programmer ?

Plus étonnant encore, les chercheurs ont constaté la persistance de souches bactériennes et virales issues des donneurs : quatre ans après la greffe, en moyenne 23 % du microbiote intestinal des bénéficiaires provenait toujours des donneurs.

Ces observations suggèrent que la transplantation fécale pourrait modifier durablement l’écosystème intestinal et, peut-être, réduire le risque de maladies métaboliques. Les scientifiques appellent toutefois à la prudence : ces données ne prouvent pas que la FMT prévient le diabète ou les maladies cardiaques et devront être confirmées par de nouveaux essais à plus grande échelle.

Pour le professeur Justin O’Sullivan, co-auteur de l’étude, ces résultats ouvrent la voie à « des probiotiques de nouvelle génération capables de programmer le microbiome pour prévenir certaines pathologies ». Le « Saint Graal », conclut le Dr Cutfield, serait de mettre au point un cocktail bactérien sur mesure, capable de prévenir ou d’atténuer durablement le syndrome métabolique.

Par ailleurs, pour la première fois, une petite fille est née après une greffe d’utérus au Royaume-Uni.

Par Cécile Breton, le

Source: New Atlas

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