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Les chiens de Tchernobyl sont génétiquement différents, et ce n’est pas à cause des radiations

Une découverte qui illustre la complexité des conséquences de ce type d’accident

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— Michael Repenning / Shutterstock.com

Il a été constaté que les chiens qui vivent dans la zone d’exclusion de Tchernobyl affichent des différences génétiques uniques, et l’on pensait naturellement que c’était dû aux radiations qui sont encore émises par l’ancienne centrale nucléaire. Cependant, une nouvelle étude a montré que ce n’est peut-être pas le cas.

Le cas étonnant de la faune de la zone d’exclusion de Tchernobyl

On pourrait penser qu’il est peu probable que la faune puisse survivre dans une zone où les niveaux de radiations représentent encore un grand danger pour les humains. Pourtant, dans les terres abandonnées entourant le site de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, quelque chose d’inattendu s’est produit. Au milieu des bâtiments en ruine et des radiations persistantes, les chiens de Tchernobyl ne font pas que survivre, ils prospèrent. Il en va de même pour d’autres espèces, comme des oiseaux, des loups, des sangliers, et même des insectes et des amphibiens.

Diverses études ont été menées sur ces animaux, et il a notamment été constaté que la population canine de Tchernobyl affiche des différences génétiques spectaculaires par rapport aux autres chiens. Il a été presque automatiquement avancé que ces mutations génétiques sont le résultat de l’adaptation à l’environnement hostile – notamment aux radiations – de la zone d’exclusion de Tchernobyl. Une nouvelle étude réalisée par les chercheurs de l’université Columbia suggère cependant qu’il est possible que cela ne soit pas le cas.

Tchernobyl
— Konoplytska / Shutterstock.com

Les radiations ne sont pas les seules conséquences néfastes de la catastrophe de Tchernobyl

En effet, d’après les résultats de l’étude publiée dans la revue PLOS One, les différences génétiques observées chez les populations canines de Tchernobyl pourraient avoir été causées par l’exposition aux autres toxines – notamment des métaux lourds, de la poudre de plomb, des pesticides et de l’amiante – libérées dans l’environnement au cours des opérations de nettoyage et d’assainissement qui ont suivi la catastrophe pendant trois décennies, et non aux radiations. Pour aboutir à cette étonnante conclusion, les chercheurs ont effectué des prises de sang chez huit chiens vivant dans la zone d’exclusion de Tchernobyl.

Ces chiens appartenaient à deux populations canines distinctes de cette zone radioactive. Ces deux populations de chiens, bien que vivant à seulement 16 kilomètres l’une de l’autre, sont génétiquement distinctes et les chercheurs voulaient savoir si des mutations induites par les radiations contribuaient à ces différences. Notons que des recherches antérieures ont identifié 391 régions génétiques qui se différenciaient entre les deux populations. Certaines de ces régions contenaient des gènes liés à la réparation des dommages à l’ADN.

Dans la nouvelle étude, des analyses plus approfondies ont été réalisées sur les génomes des chiens pour détecter des preuves de mutations qui auraient pu s’accumuler au fil du temps et pour contextualiser le niveau de différences. Étonnamment, les analyses ont montré que la génétique des chiens de la ville de Tchernobyl était très similaire à celle des populations de chiens de Russie, de Pologne et des régions environnantes. Par ailleurs, les chercheurs ont également expliqué qu’ils n’ont pas trouvé de mutations génétiques qui auraient pu être causées par l’exposition aux radiations.

Quoi qu’il en soit, les scientifiques ont tenu à préciser que ces découvertes n’excluent nullement la possibilité que les radiations aient joué un rôle dans les différences génétiques observées chez les populations de chiens de Tchernobyl. Face à ces différentes possibilités, les chercheurs ont souligné l’importance de continuer les études qui visent à comprendre l’impact de telles catastrophes de grande ampleur sur la santé de la faune. Ils ont également tenu à rappeler que les conséquences des catastrophes nucléaires ne se limitent pas aux radiations. Pour rappel, après la catastrophe de Tchernobyl, les chiens abandonnés ont formé leur propre meute.

Par Gabrielle Andriamanjatoson, le

Source: Independent

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