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— Michael Repenning / Shutterstock.com

Visant à explorer les effets à long terme de l’exposition aux radiations, le séquençage de l’ADN de chiens vivant dans les environs de Tchernobyl a révélé que ces derniers étaient génétiquement différents des autres groupes.

Les chiens de la zone d’exclusion

Suite à l’explosion du réacteur 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986, les personnes vivant à proximité avaient été rapidement évacuées et leurs animaux de compagnie abattus par les autorités. Certains chiens avaient toutefois réussi à échapper à ce sort funeste, et été nourris et soignés par les travailleurs chargés de la décontamination du site. À l’heure actuelle, on estime que plus de 800 de leurs descendants vivraient à l’intérieur et dans les environs de la centrale.

Afin d’étudier les effets des forts taux de radiations sur cette population, des chercheurs de l’Institut national américain de recherche sur le génome humain avaient prélevé entre 2017 et 2019 des échantillons sanguins sur 302 chiens de la région de Tchernobyl et séquencé leur génome. Parmi eux, 132 vivaient à l’intérieur ou à proximité immédiate des installations de la centrale, 154 à une quinzaine de kilomètres de là, dans la ville abandonnée de Tchernobyl, et 16 dans les environs de Slavoutytch, située à 45 kilomètres du site de l’explosion.

La récente comparaison de leurs génomes à ceux de plus de 200 chiens errants issus d’autres régions d’Ukraine et de pays voisins a révélé que les profils génétiques des spécimens vivant à proximité de la centrale et dans la ville de Tchernobyl étaient nettement différents de ceux des chiens de Slavoutytch et des zones plus éloignées.

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― BPTU /Shutterstock.com

S’il est probable que les radiations aient façonné leurs génomes, à ce stade, les chercheurs n’excluent pas la possibilité que les individus présentant certaines caractéristiques génétiques aient eu davantage de chances de survivre et de transmettre leurs gènes, ou qu’il s’agisse du résultat de 37 années de consanguinité dues à leur isolement relatif. La prochaine étape consistera à déterminer comment les chiens de Tchernobyl ont survécu dans cet environnement hostile (radioactivité, faibles températures et nourriture limitée).

De larges implications

Bien que l’ensemble des chiens étudiés soient issus de croisements, ceux vivant dans les environs de Tchernobyl s’avèrent génétiquement plus proches des bergers allemands, dont le génome, ainsi que ceux de spécimens pré-catastrophe nucléaire conservés dans les musées de la région, pourraient être utilisés afin de mettre en évidence les stigmates génétiques de cet incident tragique sur les populations de la zone d’exclusion.

Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Science Advances, les résultats pourraient permettre d’identifier les variantes génétiques augmentant la résistance au cancer ou contribuer à la mise au point de protections contre les radiations, aussi bien sur Terre que dans l’espace, où leurs niveaux s’avèrent significativement plus élevés.

« Une telle catastrophe nucléaire ne s’est produite qu’une seule fois dans l’histoire de l’humanité », souligne Elaine Ostrander. « Nous espérons évidemment qu’il n’y en aura pas d’autres, mais il est indispensable d’en tirer toutes les leçons possibles. »

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rustinette
rustinette
1 année

la science et encore la science , en espérant que ces chiens ne soient pas torturer pour leur expérience et leur savoir car ces chiens ont été abandonnés par l’homme, alors maintenant. laissez tranquille .

Blandin
Blandin
1 année

Si c’est pour les torturés à des fins expérimentales alors qu’ils ont échappé au massacre des animaux après l’explosion, Qu’ils laissent ces pauvres chiens tranquilles !!
Et surtout que les centrales nucléaires soient plus surveillées…..
J’ai une thyroïde flinguée depuis leur irresponsabilité ..