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Le système immunitaire, un acteur clé de la dépression

Une nouvelle cible pour le traitement de la dépression majeure

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Une étude du King’s College de Londres montre que la dépression majeure est souvent liée à une activation du système immunitaire, qui n’est pas forcément détectée par les marqueurs habituels. Cette découverte ouvre la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques pour les patients dépressifs.

Qu’est-ce que la dépression majeure ?

La dépression majeure est un trouble mental qui touche environ 300 millions de personnes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle se caractérise par une tristesse persistante, une perte d’intérêt, un sentiment de culpabilité, des troubles du sommeil, de l’appétit et de la concentration. Elle peut avoir des conséquences graves sur la qualité de vie et le risque de suicide.

Les causes de la dépression sont multiples et mal connues. Elles impliquent des facteurs génétiques, environnementaux, psychologiques et biologiques. Parmi ces derniers, le rôle du système immunitaire est de plus en plus étudié.

Comment le système immunitaire influence-t-il la dépression ?

Le système immunitaire est l’ensemble des mécanismes qui permettent à l’organisme de se défendre contre les agents pathogènes, comme les virus ou les bactéries. Il produit des molécules qui participent à l’inflammation, un processus normal et bénéfique en cas d’infection ou de blessure, mais qui peut devenir nocif s’il devient chronique ou excessif.

L’inflammation peut affecter le fonctionnement du cerveau et modifier l’équilibre des neurotransmetteurs, des substances chimiques qui transmettent les messages entre les neurones. Certains neurotransmetteurs, comme la sérotonine ou la dopamine, sont impliqués dans la régulation de l’humeur, du plaisir, de la motivation et du stress. Une perturbation de ces neurotransmetteurs peut favoriser l’apparition ou l’aggravation de la dépression.

Comment mesurer l’activation du système immunitaire chez les personnes dépressives ?

Pour mesurer l’activation du système immunitaire chez les personnes dépressives, les chercheurs utilisent souvent un marqueur sanguin appelé protéine C-réactive (CRP), qui reflète le niveau d’inflammation dans le corps. Des études antérieures ont estimé que 21 à 27 % des personnes dépressives ont des niveaux élevés de CRP. Toutefois, ce marqueur ne rend pas compte de toute la complexité du système immunitaire et de ses interactions avec le cerveau.

C’est pourquoi une équipe de chercheurs de l’Institut de psychiatrie, psychologie et neurosciences (IoPPN) du King’s College de Londres a décidé d’explorer d’autres aspects de la réponse immunitaire chez les personnes atteintes de dépression majeure. Leur étude, publiée dans la revue Translational Psychiatry et financée par le National Institute for Health and Care Research (NIHR) Maudsley Biomedical Research Centre (BRC) et une bourse stratégique du Wellcome Trust au consortium Neuroimmunology of Mood Disorders and Alzheimer’s Disease (NIMA), a porté sur l’expression génique, c’est-à-dire le niveau d’activité des gènes qui codent pour les protéines impliquées dans la réponse immunitaire.

Quels sont les résultats de l’étude ?

Les chercheurs ont analysé l’expression de 16 gènes liés à l’immunité chez 130 participants, dont 64 souffraient de dépression majeure et 66 n’avaient pas ce diagnostic. Ils ont constaté que les personnes dépressives avaient une expression plus élevée de ces gènes que les personnes non dépressives, ce qui suggère une activation du système immunitaire. Ils ont également observé que cette expression était indépendante des niveaux de CRP, c’est-à-dire qu’elle était présente chez les personnes dépressives ayant des niveaux normaux ou élevés de CRP. De plus, ils ont remarqué que même chez les participants ayant des niveaux très faibles de CRP (inférieurs à 1), ceux qui étaient dépressifs avaient toujours une expression plus élevée des gènes immunitaires que ceux qui ne l’étaient pas.

Ces résultats indiquent qu’il existe une activation immunitaire chez beaucoup plus de patients dépressifs qu’on ne le pensait auparavant, et qu’elle n’est pas forcément liée à l’inflammation mesurée par la CRP. Ils révèlent également qu’il existe des mécanismes moléculaires différents impliqués dans la dépression liée à l’immunité, qui pourraient être ciblés par de nouveaux traitements plus personnalisés.

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Quelles sont les implications de cette découverte ?

Carmine Pariante, professeur de psychiatrie biologique au King’s IoPPN et auteur principal de l’étude, a déclaré : “Les recherches antérieures dans ce domaine ont eu un accent significatif sur la protéine C-réactive (CRP) chez les personnes atteintes de dépression majeure, qui est un marqueur connu de l’inflammation mais seulement une partie de la réponse immunitaire. Notre étude a réussi à élargir cet accent et à montrer qu’il existe une réponse immunitaire dans les gènes de ceux qui souffrent de dépression majeure qui est indépendante des niveaux de CRP et, surtout, même chez ceux dont l’inflammation n’est pas capturée en mesurant la CRP. Cela signifie que l’activation immunitaire est présente chez beaucoup plus de patients dépressifs qu’on ne le croyait auparavant.

Ces résultats importants nous permettront d’identifier les voies moléculaires impliquées dans la dépression et aussi d’identifier plus précisément ceux qui ont différents types de réponses immunitaires qui pourraient ouvrir la voie à des approches plus personnalisées du traitement.

Le Dr Luca Sforzini, premier auteur de l’étude du King’s IoPPN, a déclaré : “Ces preuves contribuent à renforcer nos connaissances sur la dépression liée à l’immunité. Notamment, les personnes souffrant de dépression et d’altérations immunitaires sont moins susceptibles de répondre aux médicaments antidépresseurs classiques et pourraient bénéficier d’interventions spécifiques ciblant le système immunitaire. J’espère que ces résultats aideront les recherches actuelles et futures à mieux caractériser les individus souffrant de dépression en fonction de leurs profils immunobiologiques, offrant des stratégies cliniques plus efficaces à un grand nombre de personnes qui ne bénéficient pas des antidépresseurs actuels.

La preuve d’une prédisposition immunitaire chez les personnes souffrant de dépression indépendamment de leurs niveaux d’inflammation mesurés de manière routinière peut étendre notre concept de dépression liée à l’immunité. Si vous pensez que vous souffrez de dépression, faites ce test.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Sci tech daily

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