Actuellement, la conscience n’est plus seulement une affaire philosophique mais aussi scientifique. En effet, plusieurs chercheurs tentent de percer les secrets de la conscience ou du moins, d’en avoir une meilleure compréhension. Le scientifique Tam Hunt, de l’université de Californie à Santa Barbara, en fait partie. Plus encore, ce chercheur a mis au point trois approches, ou corrélats, qui peuvent permettre d’établir l’existence et les niveaux de conscience chez un individu, ses œuvres et créations, mais aussi chez les animaux.
Les corrélats neuronaux de la conscience
Il s’agit de voir ce que fait physiquement le cerveau humain et, à partir de ces données, établir que les personnes – même les patients dans un état végétatif ou dans le coma – sont encore conscients. Aujourd’hui, plusieurs outils de neuroimagerie permettent de fournir lesdites données sur l’activité cérébrale. Ce sont, notamment, l’EEG, le MEG, l’IRM et la stimulation magnétique transcrânienne.
Selon le neuroscientifique cognitif Stanislas Dehaene, il existe quatre signatures de conscience, c’est-à-dire quatre signaux spécifiques de l’activité cérébrale liés à la présence de la conscience. Plus particulièrement, le chercheur se concentre sur l’onde P3 se trouvant dans la partie du cerveau située derrière le haut du front, le cortex dorsolatéral. Selon lui, cette onde a un lien très fiable avec les états de conscience normaux. Grâce à ces signaux, Dehaene et ses collègues pouvaient prédire quel patient – même dans un état de conscience minimal – pourrait retrouver un état de conscience normal.
Par ailleurs, un autre neurologue cognitif, Sid Kouider, a pu établir l’existence de conscience même chez les bébés âgés de 5 mois en recherchant des signatures neuronales semblables à l’onde P3 dans leur cerveau. Le résultat a révélé que les bébés sont probablement conscients à un certain niveau et c’est notamment cette conscience qui leur permet de reconnaître des visages.
Les corrélats comportementaux de la conscience
Ici, il ne s’agit pas de mesurer les ondes cérébrales mais d’obtenir des indices sur la présence et le type de conscience en observant les comportements physiques. Par exemple, les comportements humains sont généralement effectués de manière consciente. Les scientifiques supposent ainsi que si certains comportements chez les animaux étaient semblables à ceux des hommes, cela permettrait de dire que lesdits animaux sont pourvus d’un certain niveau de conscience.
L’exemple pris par Tam Hunt dans son article paru dans Curiosity est le chat. En effet, selon lui, le comportement des chats et des hommes est assez similaire au niveau de la manifestation du plaisir ou encore quand ils ont faim. Dans ce dernier cas, quand les chats ont faim, ils miaulent et n’arrêtent que quand ils sont nourris. De leur côté, les êtres humains maugréent quand ils ont faim et arrêtent quand ils sont rassasiés. Dans ce sens, le chercheur établit ainsi que les chats et autres animaux ayant ce comportement – et des comportements identiques à ceux que les humains ont de manière consciente – sont conscients.
Les corrélats créatifs de la conscience
Cette fois-ci, il s’agit non plus de regarder les ondes neuronales ni les comportements mais de se baser sur les œuvres créées par les individus pour établir s’ils sont dotés ou non de conscience.
Par exemple, les anciennes structures mégalithiques de Stonehenge ou les peintures rupestres datant d’il y a 6.500 ans suggèrent que leurs créateurs avaient un certain niveau de conscience étant donné qu’il faut des connaissances, une intelligence et une conscience élevées pour produire de tels monuments aujourd’hui. Ainsi, le chercheur conclut qu’il est raisonnable de penser que nos ancêtres avaient un certain niveau de conscience.
Toutefois, si jusqu’à présent aucun instrument n’a permis de donner une réponse complète et définitive sur la présence et la détermination du niveau de conscience, ce domaine fait planer beaucoup de questions : L’intelligence artificielle peut-elle être consciente ? Si les astronautes découvrent des habitations ou des objets qui ne sont pas du tout humains, cela signifierait-il que leurs créateurs sont eux aussi dotés de conscience ? En résumé, de nombreuses questions restent encore en suspens.
Par Andy Rakotondrabe, le
Source: curiosity
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