Et si l’intelligence artificielle devenait la meilleure alliée des malades de Crohn ? Grâce à un nouvel antibiotique ultra-ciblé conçu par algorithme, les chercheurs canadiens ont peut-être mis au point une arme chirurgicale contre les bactéries intestinales pathogènes. Une avancée qui pourrait transformer durablement notre rapport aux antibiotiques… et à notre microbiote.

Pourquoi les antibiotiques classiques aggravent parfois les maladies intestinales au lieu de les soulager
Notre microbiote intestinal, c’est un peu comme une jungle bien organisée. Des milliards de bactéries y vivent en paix, chacune avec son rôle. Mais quand une maladie comme la maladie de Crohn arrive, tout se dérègle.
Et que fait-on souvent ? On donne des antibiotiques. Problème : ces médicaments ne font pas dans le détail. Ils tuent les mauvaises bactéries… mais aussi les bonnes. Résultat : un microbiote affaibli, une santé fragile, et parfois, plus de mal que de bien.
C’est là que l’intelligence artificielle entre en scène. En effet, elle a aidé des chercheurs à créer un antibiotique intelligent, qui ne cible que les bactéries dangereuses, et laisse les autres tranquilles. Une vraie révolution.
Enterololin : une molécule conçue pour cibler uniquement les bactéries responsables de l’inflammation dans Crohn
Son nom ? Enterololin. Pas très glamour, mais redoutablement efficace. Ce nouveau médicament a été développé par une équipe canadienne, à l’université McMaster.
Son super-pouvoir ? Il ne s’attaque qu’à un groupe précis de bactéries responsables de l’inflammation, notamment certaines souches d’E. coli. Et surtout, il épargne le reste du microbiote.
Concrètement, les premiers tests sur des animaux sont encourageants : moins d’inflammation, pas de dégâts sur les bonnes bactéries, et pas d’effets secondaires toxiques. Un bon début.
Grâce à l’intelligence artificielle, la découverte de médicaments devient plus rapide et beaucoup plus précise
D’habitude, pour comprendre comment fonctionne un nouveau médicament, il faut des années de recherche. Cette fois, les scientifiques ont eu un coup de pouce : une intelligence artificielle appelée DiffDock, créée par le MIT.
Cette IA a trouvé, en quelques secondes, la cible exacte de la molécule : un complexe nommé LolCDE, essentiel pour certaines bactéries. Grâce à cette information, les chercheurs ont pu vérifier plus vite que le médicament faisait bien ce qu’on attendait de lui.
Bilan : un an de gagné, et des coûts divisés par trente. Moins de temps, moins d’argent, plus d’efficacité. Qui dit mieux ?
Enterololin ouvre la voie à une nouvelle génération d’antibiotiques ciblés et respectueux du microbiote
Mais Enterololin ne s’arrête pas là. Il pourrait aussi être utile contre d’autres bactéries problématiques, comme Klebsiella. Et toujours sans danger pour les cellules humaines.
Autrement dit, ce type d’antibiotique précis et respectueux du microbiote pourrait bien être le futur de la médecine. Fini les traitements qui détruisent tout. On soigne ce qui doit l’être, on garde le reste intact.
À terme, si tout se passe bien, Enterololin pourrait être testé sur des humains d’ici trois ans. Et surtout, cette découverte montre que l’IA peut vraiment changer la donne dans la recherche médicale. Plus rapide, plus ciblée, plus humaine, en somme.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Sciences, Sciences humaines