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10 millions de poissons ont été dévorés en quelques heures seulement dans la mer de Barents

Il s'agit de la plus grande frénésie alimentaire jamais enregistrée

Poissons Mer

Chaque année, une migration impressionnante se déroule dans les eaux glacées de la Norvège : des milliards de capelans se déplacent en masse pour frayer, offrant un festin attendu par de nombreux prédateurs marins. En 2014, des chercheurs ont été témoins de cet événement exceptionnel grâce à des technologies avancées de sonar. Ils ont pu observer l’une des plus grandes frénésies alimentaires de l’histoire, où des millions de cabillauds ont attaqué un gigantesque banc de capelans. Cette recherche a été publiée dans la revue Communications Biology.

Le capelan, un maillon essentiel de l’écosystème océanique

Le capelan (Mallotus villosus) est un petit poisson qui occupe une place primordiale dans la chaîne alimentaire de l’Atlantique Nord. Il se nourrit principalement de plancton et de krill dans des eaux froides et riches en nutriments. Ce poisson est comparable à l’anchois des mers plus tempérées. Bien que les populations de capelans aient connu des baisses marquées par le passé, leur capacité à pondre d’énormes quantités d’œufs leur permet de se rétablir rapidement.

Les capelans sont particulièrement vulnérables lorsqu’ils migrent pour frayer. Les capelans européens pondent leurs œufs dans des graviers entre 2 et 100 mètres sous la surface, un choix de lieu de reproduction qui les expose aux prédateurs. Les cabillauds, conscients de cette opportunité, synchronisent leur propre migration pour se nourrir des capelans en route vers leurs frayères.

En février 2014, Nicholas Makris, chercheur au MIT, et son équipe ont utilisé un sonar avancé, appelé Ocean Acoustic Waveguide Remote Sensing (OAWRS), pour surveiller les mouvements massifs de poissons dans les eaux norvégiennes. Au lever du jour le 27 février, l’OAWRS a révélé un mouvement inhabituel : les capelans, jusque-là dispersés, se sont regroupés en un banc dense de plusieurs dizaines de kilomètres. Cette formation massive comptait environ 23 millions de poissons, estimés à un poids total de 414 tonnes.

Une chasse collective spectaculaire

Makris a observé que les capelans, en se regroupant si étroitement, atteignaient une densité critique leur permettant de se coordonner et de nager de manière synchronisée. Bien que ce comportement soit fréquent chez d’autres espèces, c’était la première fois qu’il était observé chez le capelan. Cette formation est à la fois un moyen de défense contre les prédateurs et une manière de réduire leur consommation d’énergie, même si elle les expose également aux attaques.

La densité élevée des capelans a immédiatement attiré l’attention des cabillauds qui se sont eux aussi rassemblés en un groupe de 2,5 millions d’individus pour les attaquer. En quelques heures seulement, plus de 10 millions de capelans ont été dévorés. Les scientifiques ont observé que les vagues de densité se propageaient simultanément dans les bancs de capelans et de cabillauds, déplaçant rapidement ces poissons dans une lutte effrénée.

Les bancs de prédateurs ont ainsi l’avantage de briser ceux de leurs proies, isolant des individus plus vulnérables et facilitant la prédation. Cette scène rappelle celles présentées dans des documentaires comme Blue Planet, mais grâce à des technologies comme l’OAWRS, les scientifiques peuvent désormais quantifier et documenter l’ampleur exacte de ces événements.

Les menaces futures pour les populations de capelans

Malgré cette intense prédation, les chercheurs estiment que la survie des capelans n’est pas immédiatement menacée, car les migrations annuelles vers la Norvège comptent des milliards d’individus. Cependant, le changement climatique pourrait aggraver les conditions de reproduction du capelan, en réduisant les zones propices à la ponte. À mesure que la glace de l’Arctique recule, les capelans doivent parcourir de plus longues distances pour frayer, augmentant ainsi leur exposition aux prédateurs et diminuant leurs chances de survie.

Selon Makris, si ces migrations se concentrent sur un nombre restreint de zones, la prédation pourrait atteindre des niveaux catastrophiques pour les capelans et toutes les espèces qui en dépendent. L’effondrement de la population de capelans entraînerait une chute des populations de cabillauds, de mammifères marins et d’oiseaux marins qui se nourrissent directement ou indirectement de ce petit poisson. 

L’étude a également révélé que le sonar OAWRS capte des fréquences spécifiques qui résonnent différemment selon la taille des poissons. Les cabillauds, avec leur grande vessie natatoire, émettent une résonance semblable à celle de la cloche de Big Ben, tandis que les capelans, plus petits, produisent un son aigu comparable aux notes les plus hautes d’un piano. Ces avancées ont permis aux chercheurs de différencier les prédateurs des proies. Par ailleurs, grâce à l’hybridation, plus de 500 poissons ont rapidement évolué dans un seul lac.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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