— David Persson / Shutterstock.com

En Suède, dans la province d’Östergötland, une pierre énigmatique se dresse. La pierre de Rök, avec ses mystérieuses inscriptions runiques, date du IXe siècle. Érigée par les Vikings, elle livre peu à peu ses secrets. Et alors que les avis des chercheurs divergent quant à sa présence, il semblerait qu’elle ait été érigée pour conjurer une crise climatique.

Présentant 700 runes, soit le plus long texte runique connu aujourd’hui, la pierre de Rök est certainement l’un des grands mystères du passé. Ce monument de granite doit sa célébrité à sa référence à l’empereur Théodoric le Grand. D’après les archéologues et les linguistes qui ont eu la possibilité de la déchiffrer, cette pierre runique serait certainement le premier texte littéraire suédois. Mais les runes de la pierre de Rök n’ont pas encore livré tous leurs secrets. D’après une nouvelle étude, il semblerait que la cause de sa présence soit aujourd’hui connue. Elle aurait été érigée pour conjurer plusieurs phénomènes dus à une crise climatique.

De gauche à droite, copies des pierres runiques suédoises de Skåäng, Släbro, Rök (au centre), Istaby et Skårby.
— Runologe / Wikipédia

Des runes qui reflètent « l’angoisse suscitée par la mort d’un fils et la peur d’une nouvelle crise climatique »

Depuis des années, les spécialistes tentent de traduire les inscriptions runiques de la pierre de Rök. Si la plupart sont d’accord sur la retranscription des runes, l’interprétation et traduction du texte restent un sujet de débat. Cependant, selon une nouvelle étude de l’université d’Uppsala, en Suède, les inscriptions runiques feraient référence à « l’angoisse suscitée par la mort d’un fils et la peur d’une nouvelle crise climatique semblable à la catastrophe survenue après l’an 536 de notre ère ».

En effet, les linguistes avaient déjà défini que la pierre avait été érigée à la mémoire d’un fils décédé. Mais le texte, bien que partiellement détruit, aurait livré une autre interprétation des runes : les Vikings redoutaient aussi un nouveau « Fimbulvetr » qui, dans la mythologie nordique, est un long hiver de trois ans. En effet, les chercheurs pensent que le texte parle d’événements catastrophiques qui seraient survenus à cette époque. Un changement climatique aurait provoqué la baisse des températures et, de ce fait, anéanti les récoltes et provoqué famine et mort.

Avant l’érection de la pierre, plusieurs événements se seraient produits et seraient des signes de très mauvais augure pour les Vikings. « Une puissante tempête solaire a embrasé le ciel de spectaculaires teintes rouges, les récoltes ont souffert d’un été extrêmement froid, puis une éclipse solaire s’est produite. »

Selon Bo Gräslund, chercheur du Département d’archéologie et d’histoire ancienne, ce dérèglement climatique aurait fait baisser la population scandinave d’au moins 50 %. En effet, les sites archéologiques seraient rares en Suède et en Norvège.

Les énigmes de la pierre de Rök

Alors que jusqu’ici, les experts lisaient dans les runes une description de batailles héroïques, les chercheurs suédois croient qu’il est en réalité question d’un tout autre type de combat. Un « conflit entre la lumière et les ténèbres, la chaleur et le froid, la vie et la mort ». Les inscriptions runiques se composeraient de neuf énigmes : cinq dont la réponse est le soleil et quatre autres, le dieu Odin. Par exemple, l’une des énigmes poserait la question de qui est mort, mais vit à nouveau. Et la réponse serait le soleil.

« (…) lors des Ragnarök, (la puissante élite viking) devait prendre les armes aux côtés d’Odin afin de remporter la bataille finale pour la lumière », explique Olof Sundqvist, professeur d’histoire des religions à l’université de Stockholm.

Cette nouvelle interprétation des runes inscrites sur la pierre de Rök concorde avec d’anciens textes en vieux norrois. Effectivement, selon les chercheurs de nombreux passages de la pierre coïncideraient avec ces textes. « Pour moi, c’était presque comme découvrir une nouvelle source littéraire de l’Âge des Vikings. La réponse de la Suède à l’Edda poétique islandais ! », a confié Henrik Williams, professeur de langues scandinaves spécialisé et runologue à l’université d’Uppsala.

Extrait de lecture des runes de la pierre de Rök.
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