Des scientifiques sont parvenus à cultiver des ovules humains jusqu’à maturité en laboratoire. Une « première » pour ces chercheurs de l’Université d’Édimbourg et de New York. Leur étude publiée dans la revue Molecular Human Reproduction se révèle optimiste, notamment pour les femmes atteintes de cancers et de problèmes de fertilité liés à la chimiothérapie.

Des ovules à maturité en laboratoire : une « grande première »

La publication des travaux remonte au 9 février 2018. Les chercheurs affirment qu’il s’agit d’une « grande première » dans ce domaine en ce qui concerne les ovules humains. Cela fait plus de 30 ans que les scientifiques cherchent à obtenir des ovocytes viables.

En 1996, des premiers travaux arrivent à recréer une croissance complète in vitro des ovocytes chez les souris, jusqu’à obtenir une unique progéniture vivante. Toutefois, l’animal présente un grand nombre d’anomalies à l’âge adulte. Une expérience réitérée et positive avec la naissance de souris en 2003 grâce à une nette amélioration des techniques. Les chercheurs de l’Université d’Édimbourg ont ici prélevé des tissus ovariens chez des femmes âgées d’une trentaine d’années. Les ovocytes étaient cultivés en trois étapes sur un total de 20 jours.

Sur ces centaines d’ovules immatures à l’origine, 9 sont sortis matures de l’expérience. Une grande avancée, toutefois : “il reste beaucoup de travail avant de conclure qu’ils ont le potentiel d’être utilisés dans les cliniques”, comme l’explique le Professeur Azim Surani, de l’Université de Cambridge à Science Media Centre. Il ajoute : “ces ovocytes sont plus petits que la normale”. Le professeur juge intéressant d’envisager le test de leur développement en fécondation in vitro (FIV).

Un espoir possible pour les femmes infertiles, ou ayant subi une chimiothérapie

Ces recherches offrent un espoir dans le cas de préservation de la fertilité des femmes atteintes d’un cancer. À la place de subir une réimplantation de tissu ovarien prélevé avant la chimiothérapie, les ovocytes immatures pourraient être prélevés à partir d’un morceau d’ovaire sur les patientes. En laboratoire, la maturité de ces derniers serait atteinte, pour être ensuite stockés et possiblement fécondés par la patiente après la chimiothérapie.

La professeur Evelyn Telfer de l’Université d’Édimbourg voit dans les résultats de ces recherches un espoir : « Le fait de pouvoir développer pleinement des ovules humains en laboratoire pourrait élargir la portée des traitements de fertilité disponibles et nous travaillons maintenant à optimiser les conditions favorisant leur développement. Nous espérons également savoir, sous réserve d’approbation réglementaire, s’ils peuvent être fécondés ».

D’un autre côté, le Dr Channa Jayasen, du Collège impérial de Londres complimente les travaux, mais reste réaliste sur les résultats de ce « travail élégant, démontrant pour la première fois que les ovules humains peuvent être cultivés jusqu’à maturité dans un laboratoire ». Il décrit « une percée importante, qui pourrait offrir de l’espoir aux femmes infertiles », et indique « il faudra plusieurs années pour traduire cela en thérapie ».

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