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Afin de lutter contre l’obésité, la Banque mondiale appelle les États à taxer certains aliments

Cette maladie cause la mort de 2,8 millions d'individus chaque année

Les pays pauvres et en développement sont les plus touchés par l’obésité, le surpoids et la sous-alimentation. En 2016, ce sont deux milliards d’individus qui étaient obèses. Une “épidémie discrète” qui représente un coût très élevé pour les pouvoirs publics. Face à cette situation, la Banque mondiale appelle ces pays à taxer les aliments mauvais pour la santé. Étant trop gras, trop sucrés, trop salés, ils provoquent des conséquences sanitaires graves.

Un taux élevé de sous-alimentation et obésité

Dans un rapport publié récemment, la Banque mondiale insiste sur le fait que l’obésité touche l’ensemble des pays du globe, qu’ils soient riches, pauvres ou en développement. Depuis l’année 1975, cette épidémie a triplé et les coûts qu’elle engendre parmi les pays les plus touchés ne cessent d’augmenter. En effet, elle présente diverses conséquences : multiplication des handicaps, augmentation des coûts dans les systèmes de santé, baisse de la productivité, augmentation de l’absentéisme au travail ou encore retraites précoces.

Les pays pauvres ou en développement sont les plus concernés, notamment l’Amérique latine. Trois quarts des adultes et 80 % des enfants de ces régions sont les plus touchés. En plus de faire face à l’obésité, ces pays doivent également lutter contre une forte sous-alimentation. 

— kwanchai.c / Shutterstock.com

4 millions de décès par an et un coût de 700 milliards de dollars pour les pays en développement

La Banque mondiale ajoute également que “l’obésité a des conséquences majeures sur les économies des pays et sur le capital humain, puisqu’elle réduit la productivité et l’espérance de vie, augmente les handicaps et les coûts de soins de santé”. Dans le monde, le surpoids fait partie des trois causes de décès les plus importantes. Il provoque la mort de 4 millions d’individus chaque année, soit 7 % de l’ensemble des décès au cours d’une année, selon une étude du Global Burden of Disease. L’obésité cause la mort de 2,8 millions de personnes chaque année, soit la cinquième cause de mortalité au monde. Elle contribue également à de graves maladies : des problèmes cardiovasculaires ou encore du diabète. L’environnement est également touché par l’augmentation d’aliments néfastes pour la santé, le sucre étant « l’une des cultures les plus gourmandes en eau« . 

Dans son rapport, la Banque mondiale s’inquiète surtout de l’augmentation des coûts et exige des gouvernements qu’ils mettent en place des systèmes de santé plus efficaces. De plus, elle les appelle à développer des systèmes de prévention et d’éducation : étiqueter les aliments transformés, réduire les quantités de sel, diminuer les productions de boissons sucrées, investir davantage dans les programmes de nutrition pour les enfants. 

En Chine, par exemple, les coûts liés aux soins de santé pour soigner l’obésité sont passés de 0,5 % par an en 2000 à 3 % en 2009. Par ailleurs, la Banque mondiale estime que les coûts au Brésil devraient doubler et passer de 6 milliards en 2010 à plus de 10 milliards en 2050. Aux États-Unis, “les estimations varient de 89 milliards de dollars à 212 milliards”. En Allemagne, les coûts atteignaient les 8,64 milliards d’euros en 2008 : “les deux tiers étaient entraînés par des journées de travail perdues”. En France, en 2007, le coût de l’obésité était compris entre 2,36 milliards et 7,12 milliards de dollars. Ainsi, l’institution estime que les coûts liés au surpoids et à l’obésité risquent d’atteindre “7 000 milliards de dollars dans les quinze prochaines années” dans les pays en développement.

L’obésité est donc une “bombe à retardement qui représente une préoccupation croissante pour tous les pays et un fardeau énorme et croissant pour la santé publique”, explique la Banque mondiale.  

L’arme fiscale : l’ultime recours pour lutter contre l’obésité

Afin de lutter contre l’obésité, la Banque mondiale appelle les États à “s’attaquer de toute urgence à cette épidémie discrète”, pour des raisons sanitaires, environnementales et économiques. Le rapport estime qu’il est primordial d’éduquer les consommateurs afin de les protéger : encadrement des publicités, formation des jeunes dans les écoles, interdiction d’aliments trop gras dans les établissements scolaires. La Banque mondiale souhaite également offrir plus de visibilité au sport à travers les médias sociaux et les packagings, comme cela est le cas avec le Nutriscore, et organiser différemment les villes afin de réduire l’utilisation de la voiture. La Banque mondiale invite aussi les gouvernements à mettre en place des aires de jeux au sein des écoles, ainsi que des voies piétonnes et cyclables. 

Afin de modifier les modes de consommation, la Banque mondiale suggère d’avoir recours à l’arme fiscale. Des taxes ont déjà été mises en place dans certains États par l’intermédiaire de taxes comportementales. En effet, le Chili, le Royaume-Uni, l’Afrique du Sud, la France et certaines villes américaines taxent les boissons sucrées. Le Mexique a quant à lui établi une taxe de 10 % qui devrait permettre de réduire l’obésité de 2,5 % d’ici 2024 et de sauver des dizaines de milliers de personnes du diabète d’ici 2030. Le pays a également diminué les ventes de boissons sucrées de “6 % la première année puis de 4 % l’année suivante”. À Philadelphie, les ventes de boissons sucrées et édulcorées ont diminué de 38 % grâce à la taxe

La taxe doit être suffisamment haute pour déclencher un changement chez le consommateur. Son niveau doit donc être pensé avec soin, sous peine de voir des acheteurs se tourner vers des produits de substitution”, précise l’étude du Global Burden of Disease. L’Organisation mondiale de la santé estime alors qu’une taxe de près de 20 % devrait être mise en place. 
En mettant en place ces stratégies nationales et internationales, les États devraient réussir à mieux informer les consommateurs, contrôleront plus facilement les industries agroalimentaires et pourront de ce fait améliorer la santé mondiale. “Réduire le surpoids et l’obésité est un bien public pour tous”, conclut la Banque mondiale. 

Par Cécile Breton, le

Source: Le Monde

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