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La Norvège s’engage à verser 150 millions de dollars au Gabon pour la conservation de ses forêts

Une première pour empêcher la déforestation des forêts tropicales

C’est la première fois qu’une action concrète sera entreprise par un pays développé pour soutenir les efforts d’un pays en développement, par la logique de financement du carbone séquestré et des succès dans la conservation des écosystèmes.

UN EFFORT INTERNATIONAL DE COOPÉRATION POUR LA PROTECTION DES FORÊTS

Au cours du sommet extraordinaire sur le climat de l’ONU de ces derniers jours, un accord a été trouvé entre le Gabon et la Norvège : la Norvège s’engage à récompenser le pays en payant 10$ la tonne de carbone séquestrée (la conservation des forêts et le respect de certaines techniques de coupe font une vraie différence dans la capacité des forêts à stocker, ou séquestrer, le carbone dans l’air), jusqu’à 150 millions de dollars sur 10 ans.

Cette promesse s’est faite au sein de la CAFI — l’Initiative pour les forêts de l’Afrique centrale —, un partenariat entre des pays d’Afrique centrale (Cameroun, République centrafricaine, République démocratique du Congo et Gabon), des pays se portant « garants » de récompenser leurs efforts en termes d’environnement (Allemagne, Corée du Sud, France, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni et l’Union européenne) et des organisations mondiales (incluant des agences de l’ONU et la Banque mondiale).

Cette initiative fut créée pour la protection des forêts et pour la réduction des émissions carbone, notamment par la lutte contre la déforestation et la transition vers une exploitation responsable des ressources. Par les accords de Cancun de 2010 issus de la COP 16 rassemblant 190 pays, le dispositif REDD+ (Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation) avait été mis en place pour notamment récompenser financièrement les pays en développement pour toutes les émissions séquestrées par un réel effort de conservation.

Cependant, à cause des difficultés de coopération entre les pays, le programme était resté une coquille vide, et les aides espérées n’ont jamais été réellement envoyées. Une première promesse de la Norvège au Libéria remonte à 2014, mais était restée sans suite.

— Rich Carey / Shutterstock.com

UNE PREMIÈRE, SALUANT LES EFFORTS DU GABON

Pour la première fois, le 22 septembre, un pays développé (la Norvège) s’est donc engagé à « récompenser » les résultats des efforts d’un pays en développement à hauteur de 150 millions de dollars (136 millions d’euros), pour l’aider à protéger ses forêts et endiguer l’émission de carbone dans l’atmosphère.  

Le Gabon est couvert à 90 % de forêts, ce qui représente 10 % des forêts du bassin du Congo, la seconde plus grande forêt tropicale du monde stockant jusqu’à 70 milliards de tonnes de carbone. Le pays abrite à lui seul 60 % des éléphants vivant dans les forêts d’Afrique. Au printemps dernier, le « kevazingogate » a fait tomber le précédent ministre des Forêts, de la Mer et de l’Environnement gabonais, Pierre Claver Maganga Moussavou, pour un trafic de bois précieux par des sociétés chinoises, avec la complicité de fonctionnaires locaux.

Le nouveau ministre, Pr. Lee White, un Britannique naturalisé gabonais, a sans doute permis de rassurer sur l’engagement du pays en faveur de l’environnement. Dans un entretien au Monde, il explique que depuis les années 2000, des plans d’aménagement de l’exploitation forestière, de mise aux normes de durabilité les plus exigeantes et la création de 13 parcs nationaux ont empêché la déforestation, « quasiment nulle au Gabon ».

Si Ola Elvestuen, ministre norvégien du Climat et de l’Environnement, a salué « une avancée majeure pour la REDD+ en Afrique », Pr. White déplore une inégalité de récompense des actions vertueuses entre les pays en développement et les entreprises des pays développés (la tonne de carbone séquestrée ou non produite est financée 25$ en Europe), et une frilosité pour l’investissement massif dans des initiatives de protection de l’environnement : « Les pays industrialisés reconnaissent que les objectifs de l’accord de Paris ne pourront être atteints sans préserver les grands bassins forestiers tropicaux, mais jusqu’à présent, aucun ne veut payer le juste prix pour la valeur de ces écosystèmes. »

La somme de 150 millions de dollars semble faible pour endiguer le réchauffement climatique, mais le succès de l’accord trouvé entre le Gabon et la Norvège pourra peut-être engendrer d’autres exemples de coopération à l’échelle mondiale, en encourageant autant les pays receveurs à poursuivre les efforts que les donneurs à investir financièrement.

Par Victor Chevet, le

Source: Sciences et Avenir

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