Jusqu’à présent, les efforts des scientifiques pour soigner la maladie d’Alzheimer n’ont abouti qu’au ralentissement de l’évolution de la maladie et non à son arrêt ou à l’inversion de ses effets. Cependant, ce ne fut pas le cas dans cet essai clinique.

Des neurobiologistes ont récemment mené une étude publiée dans la revue IOS Press sur un groupe de huit personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer d’intensité légère à modérée. Pour ce faire, ils ont suivi une piste de recherche consistant à utiliser des ondes électromagnétiques pour contrôler et traiter la maladie d’Alzheimer.

Ils ont mis un casque MemorEM sur la tête des patients. Ce casque est équipé d’émetteurs spéciaux qui créent un flux personnalisé d’ondes électromagnétiques à travers le crâne. Durant l’expérience, les scientifiques ont appliqué ce traitement deux fois par jour sur les volontaires. Ils devaient porter le casque pendant une heure et cela pendant trois mois.

Les ondes magnétiques affectent les protéines liées à l’Alzheimer

L’étude, parue le 3 septembre 2019 dans le Journal of Alzheimer’s Disease, a démontré des résultats intéressants. Ces mêmes chercheurs avaient déjà mené des recherches sur le traitement électromagnétique transcrânien (TEMT) sur les souris et ont constaté que non seulement, ce traitement les protégeait contre la perte de mémoire, mais qu’en plus il inversait les effets de la maladie chez les rongeurs plus âgés.

Ce résultat semble s’expliquer par le fait que le TEMT détruit les dépôts amyloïdes et protéines Tau étroitement liés à la maladie d’Alzheimer. D’après Trust My Science, « les ondes sont apparemment capables de déstabiliser les faibles liaisons hydrogène qui les maintiennent ensemble ». Selon le biologiste Gary Arendash, PDG de l’entreprise NeuroEM Therapeutics et un des auteurs de l’étude, cité par le site d’information, « la meilleure indication que les deux mois de traitement aient eu un effet cliniquement important sur les patients est qu’aucun patient ne souhaitait restituer son appareil céphalique à l’université de South Florida/Byrd Alzheimer’s Institute ».

— Lightspring / Shutterstock.com

Le traitement inverse les effets de la maladie

Les chercheurs pensent que les protéines liées à l’Alzheimer obstruent, étouffent et détruisent les neurones du cerveau liés à la conservation de la mémoire, assistent à la transformation des pensées en paroles et à la détermination de la représentation spatiale.

Pour mesurer les effets de leur essai clinique, les chercheurs ont utilisé l’échelle ADAS-Cog, un ensemble de tests communément admis pour mesurer la démence. Sur cette échelle de points, une personne non atteinte d’Alzheimer a une moyenne de cinq points tandis qu’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer a une moyenne de 31 points. Après le traitement au casque MemorEM de deux mois, sept des huit volontaires ont vu leurs points descendre d’au moins quatre points, ce qui correspond à l’évolution de la maladie pendant une année.

D’autres recherches sont nécessaires

Si le dispositif MemorEM s’avère si efficace, c’est parce qu’il cible directement les protéines toxiques, contrairement aux médicaments actuels qui n’ont pas encore cette propriété. Aucun des participants à l’étude n’a présenté d’effet secondaire ou de signe de dommage au cerveau causé par le TEMT. Néanmoins, les résultats de cette étude sont à prendre avec précaution car deux des auteurs sont des fondateurs de l’entreprise NeuroEM Therapeutics, créateur du dispositif MemorEM. Il se peut ainsi que les résultats aient été édulcorés dans un intérêt commercial. Par ailleurs, le nombre limité des participants à cette étude laisse également planer un doute. C’est justement la raison pour laquelle NeuroEM Therapeutics compte réaliser un essai clinique sur 150 participants au cours de cette année.

Si les résultats sont probants, une approbation réglementaire pourrait suivre, selon Trust My Science. En tout cas, Amanda Smith, neurobiologiste à l’université de Floride du Sud et auteure de l’étude, reste optimiste sur les débouchés de ce traitement. Elle déclare que « ces résultats fournissent des preuves préliminaires montrant que l’administration de TEMT (…) pourrait avoir la capacité d’améliorer les performances cognitives chez les patients atteints d’une maladie légère à modérée ».

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