
Lorsque vient le moment de faire face aux rudes conditions imposées par une météo hivernale, les animaux adoptent diverses stratégies pour y survivre. Certains choisissent de migrer vers des endroits où il fait chaud, d’autres hibernent. La musaraigne commune quant à elle rétrécit son cerveau. Et maintenant, on sait enfin pourquoi elle fait cela.
La musaraigne commune, un petit animal plus fascinant qu’on ne le pense
La musaraigne commune (Sorex araneus) est un petit mammifère insectivore doté de petits yeux et d’un grand nez qui lui confère un odorat très développé. Cela lui permet de fouiller frénétiquement les sous-bois à la recherche de ses proies, notamment des vers de terre, des araignées et des chrysalides d’insectes. En ce qui concerne les habitats de ce petit insectivore, on peut principalement trouver les musaraignes communes dans les forêts boisées et les prairies de Grande-Bretagne, de Scandinavie et d’Europe de l’Est.
Active de jour comme de nuit, la musaraigne commune est un animal très territorial et agressif pour sa taille, et on peut même parfois l’entendre se battre. Une autre particularité de ce petit mammifère est qu’il a toujours faim. La musaraigne commune doit manger 80 % à 90 % de son poids corporel chaque jour pour survivre. Mais le plus étonnant à propos de cet animal, c’est qu’il rétrécit son cerveau en automne et en hiver, puis inverse ce processus en réalisant une repousse cérébrale rapide au printemps.
Notons qu’en hiver, ce n’est pas seulement la taille du cerveau de la musaraigne commune qui diminue. La taille du foie, de la rate, du crâne et de la masse corporelle globale diminue également. Cette stratégie d’adaptation a été nommée le « phénomène de Dehnel » et les experts ont émis l’hypothèse que ce stratagème aide les musaraignes communes à conserver leur énergie, leur permettant de survivre avec moins de nourriture pendant les mois d’hiver, lorsque leurs proies sont plus difficiles à trouver.
Une méthode unique pour survivre au froid hivernal
S’il était ainsi évident pour les scientifiques que ces changements dans la taille du cerveau de la musaraigne commune étaient une stratégie d’adaptation aux variations des saisons, ils ignoraient comment cet animal arrivait à faire cela. Les chercheurs de l’université d’État de New York à Stony Brook semblent enfin avoir trouvé une solution à cette énigme. Et d’après les résultats de leur étude publiée dans la revue eLife, les musaraignes communes sont capables de cet exploit grâce à l’expression adaptative de certains gènes impliqués dans la plasticité de la taille du cerveau.
Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs ont mené des analyses approfondies sur le cerveau des musaraignes communes, notamment sur leur hypothalamus, une région du cerveau qui régule l’équilibre énergétique. Les scientifiques ont mesuré la façon dont l’expression des gènes dans cette partie du cerveau change en fonction des saisons chez la musaraigne. Ils ont comparé ces données avec celles recueillies chez d’autres espèces de mammifères, y compris les humains.
Les chercheurs ont trouvé une série de gènes qui changent au fil des saisons et qui sont impliqués dans la régulation de l’homéostasie énergétique. Ils ont aussi découvert que des gènes impliqués dans le maintien de la barrière hémato-encéphalique et la signalisation calcique étaient également régulés à la hausse chez la musaraigne par rapport à de nombreux autres mammifères. Or, la barrière hémato-encéphalique régule les substances chimiques qui pénètrent dans le cerveau, et la signalisation calcique relaie ces signaux à travers le cerveau.
Grâce à ces découvertes, les chercheurs disposent désormais d’une bonne base pour mieux comprendre comment le cerveau de ces petits animaux fonctionne. Plus intéressant encore, cette découverte pourrait apporter de nouvelles perspectives sur les maladies neurodégénératives.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Science Alert
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