Vous vous êtes certainement déjà emmêlé les pinceaux en essayant de comprendre le fonctionnement des différentes Terres de Marvel et DC. Divergentes, parallèles, elles ont toutes un numéro et une histoire propre développée au fil des ans. Nos héros préférés se promènent de l’une à l’autre en espérant que nous comprenions l’ensemble de leurs aventures mais si cela semble naturel pour eux, il nous faut souvent quelques minutes de réflexion pour nous y retrouver. Tentons d’éclaircir un peu la situation.

 

Ne vous y trompez pas, les aventures que vous suivez tome après tome dans les pages de vos comic-books préférés n’ont pas toutes lieu dans la même réalité. De fait, les maisons d’édition ont, depuis longtemps, créé différentes versions de notre planète et de notre univers pour expliquer les allées et venues de leur héros, leurs morts, renaissances et autres ressuscités. Un jeu scénaristique qui permet aussi bien d’agrandir l’univers que de jouer avec les fins du monde et autres apocalypses sans jamais risquer de mettre un terme à tous les récits. Ainsi, Peter Parker peut mourir et tout de même continuer ses aventures, à l’instar de Captain America, Flash et bien d’autres.

 

Vous avez dit Multiverse ?

 

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Des mondes similaires aux destinées différentes

L’important est de comprendre les différents termes utilisés dans les comics et par leurs auteurs pour expliquer les trames de leurs récits. Du plus grand au plus petit, débutons par L’Omnivers : celui-ci représente l’ensemble de ce qui existe et tout ce qui est se trouve en son sein. En y regardant de plus près, on y découvre des Megavers qui comprennent eux-même des Multivers. Chez Marvel, toutes les productions télévisées et cinématographiques se déroulent dans le même Multivers.

Un Multivers est composé d’un nombre infini d’univers dont, toujours chez Marvel, fait partie la Terre 616, mais aussi les Ultimates et autres mondes parallèles. Enfin, un univers peut être défini comme une réalité : le notre et principal de la Maison des Idées est l’Univers 1218 dans lequel on peut trouver différentes galaxies et dimensions, ce qui explique et facilite les nombreuses apparitions d’extraterrestres et autres nouveaux héros dans les comics. Rassurez-vous, la plupart des rebondissements ont lieu au niveau des Univers : sur petit et grand écran, le nombre de production est tel qu’il serait compliqué de faire le lien entre toutes les séries et films en joignant intrigues et héros d’une œuvre à l’autre. Il est donc plus simple que les histoires développées se passent dans des univers différents. Par exemple, les séries d’animation Ultimate Spider-Man et Avenger Assemble ont toutes les deux lieu dans le même univers, sur la Terre TRN123.

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La série animée Ultimate Spider-Man sur la Terre TRN123

La Terre-701306 comprend, elle, les univers développés dans les longs-métrages Daredevil (incarné par Ben Affleck) et Elektra (Jennifer Garner), sortis respectivement en 2003 et 2005. Enfin, les blockbusters comme Iron Man, Les Gardiens de la Galaxie ou Thor ayant conduit à la saga des Avengers font partie de la Terre-199999, aussi connue sous le nom de Marvel Cinematic Universe. Ces derniers sont assez simple à repérer car produits par Marvel Studios.

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Le Japon a aussi eu son Spider-Man !

Vous l’aurez compris, les films et leurs suites font toujours partie du même univers : c’est la raison pour laquelle nous retrouvons les mêmes visages sur les personnages de Magnéto et Professeur X dans la saga X-Men (Terre-10005) ou Tobey Maguire dans le rôle de Peter Parker dans Spider-Man, Spider-Man 2 et Spider-Man 3 (Terre-96283). Enfin, certains univers ne sont utilisés que pour un récit, un comic-book, un film, un téléfilm ou une série tv. C’est le cas de la Terre-51778, qui a vu naître Spider-Man/Tokusatsu, la série animée japonaise sur l’homme araignée de 1978. Même affaire pour la Terre-TRN011, seulement utilisée pour le film Punisher : Zone de Guerre (2008) et Terre-704509 qui n’a servi qu’à la série Mutant-X en 2001.

 

Dans les faits, chez la Maison des Idées…

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Spider-Man est-il vraiment mort ?

Revenons-en à la Terre 616 : il s’agit du principal et « vrai » monde de Marvel. Défini comme tel pour la première fois en 1983, il comprend l’essentiel des super-héros les plus célèbres : Spider-man, Captain America et le reste des Avengers y sont comme chez eux et nous les nommeront les « originaux ». Spider-Man, dont la nouvelle du décès a fait le tour du monde en 2012, y est toujours vivant : c’est en fait un autre Peter Parker qui a trouvé la mort, dans une réalité différente.

Sur la Terre-616, Nick Fury est blanc et ses cheveux grisonnants contrastent avec le crâne chauve de directeur du S.H.I.E.L.D connu du grand public. Alors quel est le rôle qu’interprète Samuel L. Jackson à l’écran ? Celui du Fury modernisé des collections Ultimate : lors de la création des comics, le dessinateur a tout simplement décidé de moderniser le personnage : un choix rendu possible par les différences d’univers.

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Du côté de DC Comics

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Il existe maintenant autant de héros Flash que de Terres !

Chez DC Comics, la transformation eu lieu dans les années 50, sous l’impulsion du rédacteur en chef Julius Schwartz, au moment de moderniser les héros : un second Green Lantern cosmique apparut et un deuxième Flash aux mêmes pouvoirs, mais à la vie entièrement différente, fit ses débuts. Jusque là dans son âge d’or, la maison d’édition passa à l’âge d’argent en 1956 pour offrir des héros remasterisés à son public. L’âge d’argent et l’âge d’or furent considérés comme deux continuités différentes pour sauvegarder les anciens et nouveaux personnages, si bien que les actions dans l’une n’auraient pas de conséquence dans l’autre.

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Wonder Woman lance l’idée de mondes parrallèles

En fin de compte, les auteurs de DC Comics renommèrent les deux phases : l’âge d’or devint la Terre 2 et l’âge d’argent, la Terre 1. Flash est connu comme étant le premier à pouvoir passer d’une continuité à l’autre : sa vitesse était telle, qu’il pouvait courir à la fréquence de la Terre 2 et y atterrir quand il le voulait. Petit à petit, d’autres personnages suivirent et le passage d’une terre à l’autre devint chose commune. En réalité, un autre personnage avait déjà traversé la barrière entre les univers parallèles : Wonder Woman’s Invisible Twin, (Wonder Woman et la jumelle invisible) créé par Robert Kanigher and Harry G. Peter en 1953, évoquait déjà la possibilité d’un monde semblable au premier : « La Terre doit a voir un monde jumeau qui existe simultanément au nôtre. »

« Tout le monde sur cette autre planète a un double parallèle sur Terre. »

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Président et kryptonien, Calvin Ellis est le Superman de la Terre 23

D’autres suivirent et notamment avec le lancement de New-52 (DC Renaissance) en 2011. Un reboot permettant aux auteurs de recommencer les histoires de leurs héros comme ils l’entendaient et de leur offrir de nouvelles continuités. La raison de ce lancement est, bien évidemment, aussi économique puisque DC reste depuis longtemps le second derrière Marvel sur le marché du comics et tente fréquemment de retrouver une place de leader en augmentant ses ventes.

Après le lancement de N52, des réalités sont apparues telles que la Terre 3, Crime Syndicate, où les membres de la Justice League jouent les méchants, la Terre 11, où super-héros et héroïnes échangent les rôles, où encore la Terre 23Superman est à la fois noir et président des Etats-Unis.

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La carte du multiverse de DC Comics

 

 

Quel est l’intérêt de ces réalités ?

A l’origine, chaque auteur de comic-book écrivait sa propre trame sans prendre en compte les publications précédentes relatant des aventures de son héros. Quand vint le temps d’offrir des personnages plus profonds ainsi que des récits plus adultes et complets, les scénaristes durent reconstituer les passés de leurs héros et leur fabriquer de vrais personnalités et histoires.

Le but était d’apporter un peu de maturité aux récits mais aussi et surtout de relancer les ventes, alors en baisse. Il fallait donc de nouveau rendre les publications attractives pour faire survivre les maisons d’édition. Des comics déjà parus furent choisis pour rejoindre la trame principale et les autres, moins bons ou trop différents, furent écartés et eurent droit à leur propre univers.

comics-cavalcadeS’il est vrai qu’il est facile de se perdre entre tous ces one shot, what if, récits alternatifs, histoires hypothétiques, univers parallèles ou dystopies, une fois décodés, ces comics semblent limpides et bien plus intéressants tant les références qu’on y trouve semblent évidentes. Pour vous aider à y voir plus clair, les Wikia de Marvel et de DC Comics recensent les différentes Terres en fonction des évènements qui s’y sont déroulés.

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Julius Schwartz, Editeur de comics et figure emblématique de DC Comics

Si les films et autres productions audiovisuelles n’en parlent que rarement, sur papier, leur développement est d’une grande importance. En 2015, les deux plus grandes maisons d’édition de comics ont centré leurs trames sur ces notions de Multiverse. Avec les New Avengers et son premier opus de 2013, Marvel a décidé de s’attaquer directement au concept des mondes parallèles, comme l’a fait DC Comics, en les plaçant au cœur de l’action, du problème. L’univers se contracte, s’effondre et en conséquence, les différentes versions de la Terre se retrouvent à occuper le même espace. Mauvais présage pour leurs habitants puisque cette nouvelle situation risque de détruire toutes les réalités. Une seule solution : chacune des Terre doit envisager de détruire les autres pour sauver sa peau. Vous vous en doutez, il y a peu de chances pour que nos héros laissent la chose arriver.

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Les New Avengers , témoins de la fin du multiverse

 

Un point, plus que les autres, semble toutefois titiller la curiosité des lecteurs. Si Marvel et DC Comics ont tous les deux utilisé l’idée de Multiverse, est-il possible qu’ils soient ensemble au sein du même Omniverse ? Une question logique à laquelle beaucoup répondront par la négative, appuyant simplement sur le fait qu’il s’agit de deux maisons différentes sans aucun lien. Pourtant, les lecteurs le savent, DC et Marvel on déjà travaillé ensemble, faisant s’affronter ou collaborer leurs héros, notamment au sein de la collection Amalgram, liant leurs histoires et continuités le temps d’un évènement.

L’Omniverse permet de prendre de grandes libertés avec les histoires de nos super-héros préférés : les idées qui y sont développées participent au gain de qualité des récits de Marvel et DC Comics depuis de nombreuses années déjà. En proposant ces mondes parallèles, les maisons d’édition s’offrent des opportunités en or de proposer à leurs lecteurs des contenus de qualité, originaux et fidèles aux héros qui ont fait leur célébrité.

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