Squelettes 3A (partie supérieure de l’image) et 2A, mis au jour en 1962 sur le site d’Arapouco — © Peyroteo-Stjerna et al. / European Journal of Archaeology 2022

L’étude de dépouilles de chasseurs-cueilleurs découvertes au Portugal durant la seconde moitié du XXe siècle a révélé que la momification était une pratique répandue au sein des communautés mésolithiques européennes.

Des éléments caractéristiques

Si la plupart des corps ayant subi un tel processus datent de quelques centaines d’années à quatre millénaires environ, jusqu’à présent, les plus anciens exemples de momification délibérée concernaient des populations de chasseurs-cueilleurs Chinchorro vivant dans les régions côtières du désert d’Atacama, dans le nord du Chili, il y a environ 7 000 ans.

Dans le cadre de travaux publiés dans l’European Journal of Archaeology, une équipe de chercheurs a examiné les clichés des restes squelettiques de treize individus mis au jour dans les années 1960 sur un site archéologique de la vallée du Sado, au Portugal. Ces dépouilles vieilles de 8 000 ans montraient une hyperflexion caractéristique des membres, une absence de désarticulation ainsi qu’une sédimentation rapide autour des os.

Habituellement, les corps en décomposition se délitent relativement vite au niveau des articulations faibles, notamment les pieds, ce qui n’était pas le cas ici. Selon les scientifiques, un tel état de conservation impliquait que les dépouilles aient subi un processus de dessiccation (se traduisant par une réduction du volume des tissus mous augmentant la flexibilité des membres) avant d’être inhumées.

Reconstruction de la distribution spatiale des sépultures — © Peyroteo-Stjerna et al. / European Journal of Archaeology 2022

« Les populations de chasseurs-cueilleurs accordaient une grande attention à l’apparence des dépouilles »

La manipulation des corps se serait déroulée sur une longue période, au cours de laquelle les dépouilles auraient été progressivement déshydratées et maintenues dans certaines positions à l’aide de cordes ou de bandages. Une fois ce processus terminé, celles-ci auraient été plus faciles à transporter et à enterrer tout en conservant leur intégrité anatomique.

« Ces résultats suggèrent que les pratiques mortuaires occupaient une place très importante au sein des communautés européennes du Mésolithique », soulignent les auteurs de l’étude. « Les populations de chasseurs-cueilleurs accordaient une grande attention à l’apparence des dépouilles. »

Des recherches supplémentaires pourraient permettre d’en apprendre davantage sur les croyances et les habitudes culturelles et religieuses de ces populations préhistoriques, ainsi que leur influence sur les comportements rituels.

Squelette inconnu 3 — © Peyroteo-Stjerna et al. / European Journal of Archaeology 2022
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