De récentes analyses ont montré que les microbes toussés ou éternués par les alpinistes lors de l’ascension de l’Everest pouvaient survivre aux conditions extrêmes des hautes altitudes et rester en sommeil pendant des décennies, voire des siècles.
Des micro-organismes étonnamment résistants
Publiés dans la revue Arctic, Antarctic, and Alpine Research, ces travaux menés par des chercheurs de l’université du Colorado ont impliqué l’examen d’échantillons de sol prélevés au niveau du col Sud. Situé à près de 8 000 mètres d’altitude, cet endroit balayé par de forts vents empêchant l’accumulation de neige constitue l’ultime camp pour les centaines de grimpeurs tentant chaque année l’ascension du plus haut sommet du monde par la voie népalaise.
L’utilisation de techniques de culture traditionnelle et de méthodes de séquençage génétique avancées a révélé que la plupart des séquences d’ADN microbien étaient similaires à celles d’organismes « extrémophiles », précédemment détectés sur d’autres sites de haute altitude en Antarctique ou dans les Andes. Le plus abondant étant un champignon du genre Naganishia, connu pour sa capacité à résister à des températures extrêmement basses et des niveaux élevés de rayonnement ultraviolet.
Les scientifiques ont également identifié les signatures génétiques de certains organismes étroitement associés à l’Homme, tels que Staphylococcus, l’une des bactéries de la peau et du nez les plus répandues, et Streptococcus, un type de microbe naturellement présent dans le microbiote buccal.
Le fait que les humains laissent derrière eux des micro-organismes (omniprésents et pouvant être transportés par l’air sur de grandes distances) n’a rien de surprenant. Mais la capacité de certains microbes ayant évolué pour se développer dans des environnements chauds et humides tels que notre nez et notre bouche à persister dans les conditions extrêmement rudes du col Sud l’est beaucoup plus.
Une conséquence invisible du « tourisme d’altitude »
Tout en mettant en évidence une conséquence invisible du « tourisme d’altitude » sur les plus hautes montagnes du globe, ces découvertes permettent de mieux comprendre les limites environnementales de la vie sur notre planète, et ont également des implications pour les futures missions qui viseront à la rechercher dans d’autres parties de l’Univers.
« Si nous trouvions des formes de vie sur d’autres planètes et lunes froides, nous devrions faire attention à ne pas les contaminer avec notre propre environnement microbien », conclut Steven Schmid, auteur principal de l’étude.
Par Yann Contegat, le
Source: Earth
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