Au fil de chaque ère que traverse notre planète, la vie sur Terre ne cesse d’évoluer et de s’adapter, mais certains êtres évoluent mieux que les autres. Parmi ces êtres qui ont évolué d’une manière tout à fait exceptionnelle, nous avons les extrêmophiles, capables de survivre et de résister aux conditions les plus extrêmes, allant des chaleurs les plus intenses aux froids les plus glacials.

Des bactéries extrêmophiles © Wikipedia /
Mark Amend 

Les extrêmophiles sont des organismes qui ont évolué pour survivre dans des environnements autrefois considérés comme totalement inhabitables. Ces environnements sont inhospitaliers et atteignent des conditions extrêmes de chaleur, d’acidité, de pression et de froid qui seraient fatales à la plupart des autres formes de vie. Parce que les extrêmophiles vivent dans ces environnements extrêmes, ils peuvent indiquer des conditions dans lesquelles la vie pourrait être possible.

Il est toutefois important de noter que les extrêmophiles ne sont extrêmes que d’un point de vue anthropocentrique, c’est-à-dire par interprétation ou considération du monde en termes de valeurs et d’expériences humaines. Par exemple, alors que l’oxygène est indispensable à l’humanité et à la majeure partie de la vie sur Terre, de nombreux organismes s’épanouissent dans des environnements dépourvus d’oxygène.

Un lichen extrêmophile © Wikipedia / Jason Hollinger

L’importance des extrêmophiles

L’étude des extrêmophiles permet en effet de comprendre les paramètres physico-chimiques définissant la vie sur Terre et peut donner un aperçu de l’origine de la vie sur Terre. Les postulats selon lesquels des conditions environnementales extrêmes existaient sur la Terre primitive et que la vie apparaissait dans des environnements chauds ont conduit à la théorie selon laquelle les extrêmophiles sont des vestiges d’organismes primordiaux et sont donc des modèles de la vie ancienne.

Un échantillon de bactéries extrêmophiles © Wikimedia / Kolopres

Les extrêmophiles ont également une importance dans la recherche en astrobiologie. Les extrêmophiles actifs à basse température présentent un intérêt particulier dans ce domaine, car la majorité des corps du Système solaire sont gelés. La découverte de micro-organismes dotés de propriétés biochimiques inhabituelles, telles que la possibilité d’utiliser de l’arsenic plutôt que du phosphore pour leur croissance, présente également un intérêt pour l’astrobiologie.


À L’OPPOSÉ DES EXTRÊMOPHILES, LES ORGANISMES PROVENANT DE MILIEUX À TEMPÉRATURE MODÉRÉE OU A PH NEUTRE PEUVENT ÊTRE QUALIFIÉS DE MÉSOPHILES OU DE NEUTROPHILES.

Les enzymes sécrétées par les extrêmophiles, appelées « extrêmozymes », qui leur permettent de vivre dans des environnements aussi difficiles sont également d’un grand intérêt pour les chercheurs médicaux et biotechniques. De nombreux chercheurs pensent en effet que ces extrêmophiles sont peut-être la clé pour créer des médicaments à base génétique ou pour créer des technologies capables de fonctionner dans des conditions extrêmes.

Les différentes sortes d’extrêmophiles

Les extrêmophiles peuvent être divisés en deux grandes catégories : les organismes extrêmophiles et les organismes extrêmo-tolérants. Comme le suggère le suffixe « philic », traduit par « aimer », les organismes extrêmophiles ont besoin d’une ou de plusieurs conditions extrêmes pour se développer ; tandis que les organismes extrêmo-tolérants se développent de manière optimale dans des conditions plus normales tout en pouvant survivre à une ou plusieurs conditions physico-chimiques extrêmes.

La plupart des extrêmophiles sont des organismes microscopiques appartenant à un domaine de la vie appelé « archaea ». Cependant, dire que les extrêmophiles sont limités à ce domaine serait incorrect. Certains extrêmophiles appartiennent au domaine des bactéries, des virus et certains sont même des eucaryotes multicellulaires. Il existe également des enzymes extrêmophiles.

Les extrêmophiles les plus populaires sont notamment les thermophiles. Ce sont principalement des bactéries, qui sont de très petits organismes monocellulaires. Les scientifiques les ont trouvés vivant dans des endroits tels que les sources thermales du parc national de Yellowstone ou les bouches hydrothermales situées au fond de l’océan. Un bon exemple de thermophile est le ver Pompéi, qui vit dans l’océan Pacifique près des sources hydrothermales.


CERTAINS EXTRÊMOPHILES APPARTIENNENT À PLUSIEURS CATÉGORIES. PAR EXEMPLE, LES ORGANISMES VIVANT À L’INTÉRIEUR DE ROCHES SOUS LA SURFACE DE LA TERRE SONT À LA FOIS THERMOPHILES ET BAROPHILES.

Un thermophile peut vivre dans une source très chaude © Wikipedia / Jim Peaco

À l’opposé des thermophiles, on a les psychrophiles qui vivent dans des régions extrêmement froides. Ils sont aussi appelés cryophiles. Les scientifiques ont découvert que certains de ces organismes avaient développé certaines substances dans leur corps qui les empêchaient de geler. Chez certains autres psychrophiles, ils peuvent geler très rapidement lorsque la température baisse, mais cela fait geler leur corps sans l’endommager. Ainsi, lorsque la température se réchauffe, ils peuvent décongeler et rester en vie.

Certains autres extrêmophiles comprennent les halophiles qui peuvent vivre dans des régions très salées ; les piézophiles qui peuvent vivre dans des zones soumises à une forte pression, par exemple au fond de la mer ; les créatures endolithiques qui peuvent vivre à l’intérieur de roches ou de minéraux ; ou encore les xérophiles qui peuvent vivre dans des conditions très sèches et avec très peu d’eau.

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