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Récemment, une nouvelle enquête menée par un criminologue de l’université de Cambridge a révélé des preuves sur un meurtre commis au XIVe siècle. Un meurtre brutal mêlant trahisons, scandales et luttes de pouvoir. Explications.
Un meurtre par vengeance
Révélé 688 ans plus tard, ce meurtre est celui du prêtre John Forde. On lui a tranché la gorge en plein jour dans une rue de Londres en 1337. Le professeur Manuel Eisner, responsable du projet Medieval Murder Maps à l’Institut de criminologie de l’université, a découvert qu’il s’agissait d’un meurtre par vengeance orchestré par une noble, à la suite d’un scandale impliquant sexe, crime et politique de l’Église.
« Nous sommes en présence d’un meurtre commandité par une figure importante de l’aristocratie anglaise », a expliqué le professeur. « C’est planifié et de sang-froid, avec un membre de la famille et des proches associés qui l’exécutent, ce qui suggère un motif de vengeance. »
L’affaire Ela Fitzpayne
D’après les archives, John Forde était l’amant et le complice criminel d’Ela Fitzpayne, une aristocrate punie publiquement par l’Église pour adultère. Une lettre de 1332 de l’archevêque Simon Mepham l’accusait d’avoir des relations avec des chevaliers, des célibataires, des mariés, et même avec des clercs des ordres sacrés, dont John Forde, et lui ordonnait de subir une punition dégradante
« L’archevêque a imposé à Ela une lourde et honteuse pénitence publique, qu’elle ne semble pas avoir respectée, mais qui a peut-être éveillé en elle un désir de vengeance. D’autant plus que John Forde semble avoir échappé au châtiment de l’Église », a ajouté Manuel Eisner.
Le meurtre de John Forde a eu lieu près de la cathédrale Saint-Paul, le 3 mai 1337. Il marchait le long de Cheapside lorsque le prêtre Hasculph Neville a entamé une conversation avec lui. C’est alors que quatre hommes l’ont attaqué : Hugh Lovell, le frère d’Ela Fitzpayne, lui a tranché la gorge avec un poignard d’environ trente centimètres, tandis que Hugh Colne et John Strong, tous deux récemment au service d’Ela Fitzpayne, l’ont poignardé au ventre. Seul Hugh Colne a été inculpé et emprisonné cinq ans plus tard.
« Malgré la désignation des meurtriers et la connaissance claire de l’instigateur, lorsqu’il s’agit de poursuivre les auteurs, le jury ferme les yeux », a précisé Manuel Eisner. « Une maison de la plus haute noblesse, et apparemment personne ne sait où les traduire en justice. Ils prétendent que le frère d’Ela n’a aucun bien à confisquer. Incroyable. C’était typique de la justice de classe de l’époque. »
« Un assassinat de style mafieux »
L’affaire John Forde était inhabituelle. En effet, elle comptait 33 jurés, « l’un des plus élevés de tous les meurtres cartographiés par le projet. Le quartier de Westcheap, où Forde est mort, était le plus important foyer d’homicides médiévaux de Londres, avec des marchés, des guildes et des violences fréquentes », selon Manuel Eisner.
Le professeur concluant : « En tant que cadre de rituels publics de punition, cela semble avoir inclus des exécutions extrajudiciaires. Un compte rendu complet de l’affaire, accompagné des archives numérisées et des rapports du coroner, est désormais disponible sur le site web de l’université et une série de podcasts explore le meurtre de Forde et d’autres affaires médiévales. Pris ensemble, ces documents suggèrent une histoire de racket, de sexe et de vengeance qui expose les tensions entre l’Église et les élites anglaises, culminant dans un assassinat de style mafieux d’un homme de Dieu déchu par une bande de tueurs à gages médiévaux. »
Par ailleurs, voici 8 tueurs en série qui ont marqué l’histoire par leurs crimes effroyables.
Par Cécile Breton, le
Source: Newsweek
Étiquettes: meurtre, moyen age
Catégories: Actualités, Histoire