La Lune inspire les poètes et attire les regards de ceux qui réfléchissent à leur place dans l’univers quand vient la nuit. Pourtant, la « nourrice empoisonneuse de tous les lunatiques » dont parle Baudelaire reste un mystère pour les idéalistes comme pour les chercheurs. Si l’explication de sa formation demeure encore incertaine, des chercheurs israéliens suggèrent que des impacts de corps célestes sur la Terre, encore au stade embryonnaire, pourraient avoir donné naissance à la Lune.
L’hypothèse de l’impact géant est l’hypothèse la plus largement répandue. Depuis 30 ans, les chercheurs sont favorables à l’idée que la Lune serait issue d’une collision entre la Terre et un corps de la taille de Mars, souvent appelé Théia. Cependant, les chercheurs ont toujours été face à un paradoxe. Si l’on applique cette théorie, la Lune devrait être composée pour un cinquième du matériel de la Terre et pour le reste du matériel de Théia. Or, la composition de la Terre et celle de la Lune sont presque identiques.
Plusieurs hypothèses ont tenté de répondre à ce problème comme l’idée que la Terre et Théia seraient des soeurs jumelles ou que les compositions des deux planètes se seraient mélangées. Mais aucune d’entre elles n’est vraiment convaincante. Dans une étude publiée le lundi 9 janvier par la revue Nature Geoscience, des chercheurs israéliens ont remis au goût du jour une théorie des années 80 dans laquelle la Lune serait issue de la fusion d’une vingtaine de « mini-lunes ».
Le premier impact du corps céleste avec la Terre aurait engendré un disque de poussière dont les grains de matière seraient venus s’agglutiner autour d’un satellite. Le deuxième impact aurait ensuite permis à un autre disque de se former donnant naissance à un nouveau satellite qui serait entré en collision avec le premier satellite. Il aura fallu près d’un millier de simulations pour permettre aux chercheurs de comprendre que ce genre de procédé, qui rappelle celui du flipper, peut être responsable de la création d’une « mini-lune ».
Cette hypothèse est intéressante en ce que, dans ces circonstances, la composition du satellite est similaire à celle de la Terre et non à celle du corps impacteur. Le nombre important des impacts (au moins 20) dissoudrait, en effet, la matière des impacteurs dans la matière de la Terre, ce qui permettrait d’expliquer pourquoi la Lune est composée des mêmes matériaux que la Terre.
Il reste pourtant du chemin avant que cette théorie prenne le pas sur l’hypothèse de l’impact géant. En effet, pour que la Lune se soit formée à partir des « mini-lunes », il faudrait qu’elle soit issue de 20 petites fusions parfaites. Or, il semble difficile à croire que tout se soit passé ainsi. Il aurait fallu bien plus de 20 impacts pour qu’une telle fusion se produise, l’hypothèse que la Terre ait subi tous ces impacts, à cette époque, est peu probable.
Si nous avons posé le pied sur la Lune, il reste encore beaucoup à faire pour comprendre l’univers et la formation des corps célestes. Mais les scientifiques comptent développer cette théorie pour exploiter son potentiel ; la Lune laisse entrevoir chaque soir de nouveaux possibles à ceux qui savent la contempler.
Par Antoine - Daily Geek Show, le
Source: Le Huffington Post
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