
Sous la chaîne des Cascades en Oregon, des chercheurs ont mis en évidence l’existence d’un gigantesque réservoir d’eau souterraine, enfoui à des kilomètres de profondeur. Cette découverte, publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, révèle un aquifère d’une taille impressionnante, contenant trois fois le volume du lac Mead, le plus grand réservoir artificiel des États-Unis. Ce lac souterrain, formé au cœur de roches volcaniques, pourrait jouer un rôle crucial dans la gestion des ressources en eau face aux défis climatiques.
Un réservoir naturel colossal
Un aquifère est une couche de roche ou de sol capable de retenir de l’eau, servant ainsi de réservoir naturel. Les scientifiques ont estimé que cet aquifère contient environ 80,7 milliards de mètres cubes d’eau. Il s’agit d’une quantité d’eau impressionnante, équivalente à trois fois la capacité du lac Mead et à plus de la moitié du volume du lac Tahoe, situé en Californie. Bien que l’existence de cet aquifère soit connue depuis un certain temps, c’est la première fois que sa capacité exacte est mesurée.
L’eau est stockée dans des roches volcaniques poreuses enfouies sous les montagnes, formant un immense réservoir naturel. « C’est comme un immense château d’eau naturel, un lac de taille continentale enfoui dans les roches en altitude », explique Leif Karlstrom, géophysicien à l’université de l’Oregon et coauteur de l’étude. D’autres aquifères similaires se trouvent dans la région, notamment au nord de la gorge du Columbia et près du mont Shasta. Cela fait probablement de la chaîne des Cascades l’un des plus grands aquifères volcaniques au monde.
« Notre objectif initial était de mieux comprendre l’évolution du paysage des Cascades et la manière dont l’eau circule dans cette région », explique Gordon Grant, géologue au Service des forêts et coauteur de l’étude. En étudiant ce système aquifère, les chercheurs ont non seulement découvert son immense capacité, mais aussi mis en évidence le lien entre les mouvements d’eau souterraine et les risques volcaniques de la région.
Un paysage façonné par l’eau et le volcanisme
La chaîne des Cascades est le fruit de l’interaction tectonique entre la plaque Juan de Fuca et la plaque nord-américaine, dans une région connue comme la zone de subduction de Cascadia. Ce phénomène a donné naissance à une série de volcans célèbres, tels que le mont Rainier, le mont Hood, le mont Shasta ou encore le mont Saint Helens.
Ces activités volcaniques ne façonnent pas seulement le paysage, elles influencent également la manière dont l’eau circule sous la surface. Les matériaux poreux tels que le gravier, le sable ou les roches fracturées permettent à l’eau de s’infiltrer en profondeur, créant ainsi un réseau souterrain complexe. Ils alimentent donc les sources, les puits et les autres systèmes d’approvisionnement en eau.
Les chercheurs ont mesuré les températures à différentes profondeurs sous les Cascades. L’eau souterraine, en refroidissant les roches environnantes, a permis de cartographier l’aquifère et d’en évaluer le volume. Selon l’équipe, la quantité d’eau stockée pourrait même être supérieure à leurs estimations actuelles.
Une ressource vitale face au changement climatique
Dans l’Oregon, une grande partie de l’eau potable, ainsi que celle utilisée pour l’agriculture et l’industrie, provient de ces aquifères situés dans les montagnes des Cascades. Ces réservoirs stockent l’eau et permettent de faire face aux périodes de sécheresse ou aux faibles chutes de neige.
Or, le manteau neigeux des Cascades, qui constitue une source importante d’eau de surface, devient de moins en moins fiable en raison du réchauffement climatique. Dans ce contexte, la présence d’un tel aquifère est une opportunité précieuse. Cependant, les chercheurs rappellent que cet aquifère reste une ressource limitée et qu’il pourrait s’épuiser si son exploitation n’est pas gérée avec précaution.
« Cette région a bénéficié d’un véritable cadeau géologique, mais nous commençons à peine à comprendre son fonctionnement », souligne Grant. Alors que les épisodes de sécheresse et les hivers peu pluvieux se multiplient, les scientifiques s’interrogent sur l’impact de ces changements sur l’aquifère. Par ailleurs, quelqu’un colle des yeux en plastique sur les sculptures de l’Oregon, les autorités sont exaspérées.