— jo Crebbin / Shutterstock.com

Le plus grand iceberg au monde menace de heurter une île isolée de l’Atlantique Sud abritant des milliers de pingouins et de phoques. Selon les chercheurs, une telle collision aurait un impact dévastateur sur ces populations. Explications.

Un sanctuaire naturel en péril

Si les icebergs se détachent naturellement de l’Antarctique pour se retrouver dans l’océan, le changement climatique a grandement accéléré le processus – dans ce cas, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour la faune abondante de l’île de Géorgie du Sud. Mesurant 160 km de long, 48 km de large et 200 mètres de profondeur pour un poids de mille milliards de tonnes, l’iceberg géant A-68a s’était détaché de la péninsule antarctique, qui s’est réchauffée plus rapidement que toute autre partie du continent, en juillet 2017.

Selon les chercheurs du British Antarctic Survey (BAS), si sa dérive se poursuit au rythme actuel, il lui faudra 20 à 30 jours pour se retrouver à proximité des côtes de l’île, avec une probabilité de collision estimée à 50 %.

La Géorgie du Sud est connue pour abriter différentes espèces de pingouins, des milliers de manchots royaux, ainsi que des populations importantes de phoques et d’albatros hurleurs. Si l’iceberg géant venait à s’échouer à proximité de l’île, il pourrait empêcher les spécimens adultes de subvenir aux besoins de leurs petits et menacerait directement la survie des poussins et des bébés phoques, ce qui entraînerait à terme une diminution importante de leurs populations.

Vue satellite de l’iceberg A-68a le 5 juillet 2020 — © European Space Agency / Wikimedia Creative Commons

Le BAS craint également qu’un tel évènement n’entraîne un bouleversement profond de l’écosystème des fonds marins, qui pourrait mettre des décennies voire des siècles à se rétablir, avec la libération du carbone stocké par ces organismes dans l’océan et l’atmosphère, s’ajoutant aux émissions issues des activités humaines. Ironie du sort, des quantités importantes de nutriments et de poussière accumulées pendant des centaines d’années par l’iceberg ont été lentement libérées au cours de sa dérive dans l’Atlantique Sud, participant ainsi à fertiliser les océans.

Des décrochages de plus en plus fréquents

D’une épaisseur pouvant atteindre un kilomètre, les icebergs constituent le prolongement des glaciers terrestres. Ceux-ci se détachent naturellement des plateformes glaciaires au cours d’un processus appelé vêlage, se trouvant largement amplifié par le réchauffement climatique. Si la plateforme glaciaire de Larsen s’était révélée stable pendant plus de 10 000 ans, un énorme fragment de cette dernière s’est détaché en 1995, suivi d’un autre en 2002. En 2008 et 2009, ce fut cette fois au tour de la plateforme de Wilkins, toute proche, de se fracturer, avant le décrochage de l’iceberg A-68a en 2017.

Selon les chercheurs, l’hydrofracturation (lorsque l’eau de fonte s’infiltre dans des fissures en surface et provoque la rupture de larges étendues de glace), constituerait la principale cause de ces décrochages.

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