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Des restes d’Homo erectus vieux de 140 000 ans retrouvés dans le Sundaland submergé

Ces découvertes remettent en question l’idée que ces premiers humains étaient isolés sur les îles indonésiennes

Homo erectus

Lors des périodes glaciaires récentes, les îles de l’Indonésie et de l’Australie faisaient partie de trois grandes masses continentales, séparées seulement par quelques chenaux profonds. Les analyses de la faune et de la flore montrent que les îles reliées à l’Asie continentale via le Sundaland partagent des espèces communes, contrastant avec celles connectées à l’Australie. Le détroit de Madura, qui sépare aujourd’hui Java et l’île de Madura, faisait partie intégrante du Sundaland pendant les périodes les plus froides. Les sédiments dragués dans cette région ont permis de découvrir des fossiles témoignant de cette époque.

Java joue un rôle central dans l’histoire d’Homo erectus, considéré comme l’une des espèces humaines les plus résistantes, ayant survécu pendant près de deux millions d’années. C’est sur cette île qu’a été découvert le premier spécimen type d’Homo erectus, surnommé « l’Homme de Java ». Pendant longtemps, on pensait que ces hominidés étaient isolés et incapables de franchir les détroits qui les séparaient des îles voisines. Cependant, des études récentes suggèrent qu’ils possédaient des compétences de navigation plus développées qu’on ne le pensait.

Les fragments de crâne découverts dans le détroit de Madura appuient cette hypothèse. Ils montrent que les populations d’Homo erectus installées sur différentes îles pouvaient interagir sans avoir à traverser les eaux profondes. Cette découverte a été publiée dans la revue scientifique Quaternary Environments and Humans, disponible en libre accès.

© Berghuis et al. 2025

Un écosystème riche et une vie organisée

Les fossiles retrouvés proviennent d’une zone qui correspondait autrefois à la vallée de la rivière Solo, à une époque où le niveau des océans était environ 100 mètres plus bas en raison de l’emprisonnement des eaux dans les glaciers. Cette vallée, où une rivière rencontrait la côte, constituait un habitat particulièrement favorable pour les premiers humains. 

Les os du delta ont été transformés en fossiles par le sable de la rivière qui a été rejeté depuis les hauts plateaux de Java ; 36 restes d’espèces ont déjà été trouvés dans le sable dragué. Les parties restantes de la vallée de Solo comprennent certains des fossiles d’Homo erectus les plus abondants au monde, dont 11 crânes partiels. Le plus jeune spécimen de Java, qui date d’environ 112 000 ans, est l’un de ces spécimens. Avant la formation de la rivière, le premier morceau de crâne de l’Homme de Java provenait également de la région.

Selon Harry Berghuis, doctorant à l’université de Leyde, cet endroit offrait une abondance de ressources : « Ils avaient accès à de l’eau, des coquillages, des poissons, des plantes comestibles, des graines et des fruits tout au long de l’année. » Parmi les découvertes récentes figurent des marques de coupure sur des os de tortues d’eau, ainsi que des os de bovidés brisés, témoignant de la chasse et de la consommation de moelle osseuse.

© Berghuis et al. 2025

Une coexistence entre espèces humaines

Les crânes datent d’environ 140 000 ans, une période correspondant à l’avant-dernier maximum glaciaire. À cette époque, Homo erectus n’était plus la seule espèce humaine dans la région. L’île de Flores abritait les fameux Homo floresiensis, surnommés les hobbits, et les Dénisoviens, plus proches d’Homo sapiens, pourraient également avoir été présents. Ces espèces auraient pu interagir, voire se croiser génétiquement.

Les marques sur les os de bovidés indiquent que ces animaux étaient activement chassés par Homo erectus, et non simplement récupérés. Pour Berghuis, cela reflète une influence possible des espèces humaines plus modernes : « Cela suggère qu’il y a eu des contacts entre ces groupes, voire des échanges génétiques. »

Le Sundaland, qui ressemblait autrefois à une savane africaine peuplée d’espèces similaires, recèle aujourd’hui un véritable trésor archéologique. Les fossiles découverts lors des dragages sont exposés au Musée géologique de Bandung, en Indonésie, offrant un aperçu unique du mode de vie des premiers humains.

Par ailleurs, une étude suggère que les premiers humains à avoir quitté l’Afrique n’étaient pas des Homo erectus.

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Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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