― Shekhar Pillay / Shutterstock.com

Contrairement à ce que chercheurs et archéologues ont toujours pensé, les plateaux de l’Himalaya auraient été atteints bien avant l’arrivée d’Homo sapiens dans cette région. Jusqu’à présent, les fouilles archéologiques laissaient penser qu’Homo sapiens avait été la première espèce à atteindre les sommets du plateau tibétain, mais ce serait en réalité des cousins disparus appelés les Denisoviens qui auraient été les premiers.

Le peuplement de l’Himalaya

Rappelons tout d’abord quelques faits concernant ce qu’on appelle « Le Toit du monde », autrement dit « l’Himalaya » ou encore « le Plateau tibétain ». Il est appelé ainsi car il s’agit du sommet le plus haut du monde : il culmine à plus de 8 000 m au-dessus du niveau de la mer. Il s’étend sur six pays différents : il couvre la majeure partie du Tibet mais se situe également en Chine, en Inde, au Pakistan, au Népal et au Bhoutan.

Jusqu’à présent, on pensait que l’Himalaya était l’un des endroits où Homo sapiens avait été le premier à s’installer, mais c’est en réalité un cousin éloigné et désormais éteint de ce dernier qui a peuplé pour la première fois l’Himalaya. Certains chercheurs vont même plus loin et soupçonnent que c’est sous l’influence et la connaissance de populations préexistantes que certains Homo sapiens se seraient installés dans la région de l’Himalaya, afin de rejoindre leurs cousins éloignés. Malheureusement, ces suppositions ne peuvent rester pour le moment que des hypothèses en raison de lacunes au niveau des archives archéologiques et du manque de preuves.

Un seul point reste sûr et prouvé par l’archéologie : cette région a été occupée à de nombreuses reprises par des populations variées sur les 160 000 dernières années, alors qu’Homo sapiens y est arrivé il y a « seulement » 40 000 ans. Les preuves accumulées grâce à l’archéologie suggèrent que les Denisoviens sont bien ceux qui sont arrivés sur le plateau tibétain il y a environ 160 000 ans, mais nous ne savons pas si cette espèce s’est installée dans la région de façon permanente ou n’y a vécu que temporairement. C’est la même chose pour Homo sapiens : nous savons qu’ils sont arrivés il y a 40 000 ans dans la région mais leur peuplement continu n’aurait pu commencer qu’il y a 11 000 ans seulement, à la fin de la dernière période glaciaire.

Le travail des chercheurs sur l’ADN

Généticiens et archéologues ont mis leurs efforts en commun afin d’en savoir plus sur le peuplement de l’Himalaya à travers les siècles et les millénaires. Grâce à leur travail, ils ont pu concevoir deux hypothèses concernant l’occupation de cette région, et elles sont pour le moins différentes ; l’une suggère que le peuplement a été continu, ce que les ressources actuelles semblent confirmer. Ces ressources montrent qu’une occupation permanente du plateau de l’Himalaya aurait commencé il y a 30 000 à 40 000 ans. Mais l’autre suggère que le peuplement a été divisé dans le temps, ce qui voudrait dire que des espèces humaines ont visité la région à différentes reprises et surtout par intermittence pendant des dizaines de milliers d’années, pour finalement s’y installer il y a environ 9 000 ans.

Un détail important est également à prendre en compte dans le travail des chercheurs, qui ont analysé l’ADN des peuples de l’Himalaya. Selon les généticiens, un seul croisement entre des Denisoviens et des Homo sapiens en Asie de l’Est pourrait avoir transmis à notre espèce les gènes nécessaires pour s’établir dans un environnement aussi pauvre en oxygène. Ce croisement aurait eu lieu il y a environ 46 000 ans, et aurait été nécessaire pour permettre à Homo sapiens de s’installer dans l’Himalaya. « Bien que nous ne sachions pas si [les Denisoviens] étaient adaptés à la haute altitude, la transmission de certains de leurs gènes à nous [pourrait] changer la donne des milliers d’années plus tard pour que notre espèce s’adapte à l’hypoxie », explique Nicolas Zwyns, anthropologue de l’université de Californie à Davis.

Il est intéressant de noter qu’aujourd’hui, on trouve dans l’ADN de la plupart des Tibétains une variation spéciale du gène Endothelial Pas1 (EPAS1), qui les aide à résister au manque d’oxygène que l’on trouve en haute altitude en augmentant le transport de l’oxygène dans le sang. Ce qui est particulièrement étonnant est qu’en 2010, l’os d’un doigt de Denisovien découvert par les archéologues avait des caractéristique similaires au niveau de son ADN… Les auteurs de la recherche à l’origine de cet article déclarent que des travaux génétiques effectués récemment ont prouvé que tous les Asiatiques de l’Est, y compris les Tibétains, possèdaient les mêmes schémas d’ADN issus des Denisoviens, ce qui prouverait que tous les habitants de cette région du monde sont issus du même métissage.

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