Éternel champion de la science-fiction, Harlan Ellison est l’un des plus grands noms du milieu depuis la fin des années 50. Connu pour ses nombreux prix et récompenses, son tempérament intransigeant et sa passion pour l’écriture, il a à travers toutes ces décennies en tant qu’écrivain signé plus de 1 700 histoires de science-fiction, de fantasy et d’horreur. Retour sur le parcours d’une des légendes de la littérature contemporaine.
Harlan Jay Ellison est né le 27 mai 1934 à Cleveland, Ohio (est du midwest des États-Unis). Toujours plus petit, mais plus intelligent que ses camarades, il est la victime de tous ceux qui ne comprennent pas la moitié des mots qu’il utilise, que ce soit en cours ou ailleurs. Il raconte qu’il était battu par tout le monde, « quelle que soit la race, la couleur ou la religion ». Pour inverser la tendance, il apprend à se battre et n’abandonne pas sa curiosité pour tout ce qui touche à l’imaginaire et au mystérieux, ayant grandi dans les années 50 en écoutant des émissions de radio de fantasy et d’horreur comme Quiet, Please!.
Son père meurt en pleine adolescence, poussant Harlan à fuir son foyer et à se débrouiller tant bien que mal dans les rues des États de l’est des États-Unis. Il enchaîne différents boulots, devient pécheur de thon, fait les vendanges à la Nouvelle-Orléans, conduit des camions de dynamite en Caroline du Nord, flirte avec le crime organisé et finit par vendre des livres. Il commence à écrire sérieusement et fait publier ses premières histoires dans le Cleveland News en 1949. Finalement, il rejoint l’université d’Ohio en 1951, mais se fait expulser un an et demi après pour avoir frappé un professeur.
La raison ? Ce dernier avait dénigré sa capacité à écrire et à en faire son métier. L’histoire raconte que durant les vingt prochaines années, Harlan a envoyé chacune de ses histoires publiées au professeur. En sortant de l’université, il reprend de plus belle l’écriture et déménage à New York en 1955 où il signe plus d’une centaine d’histoires et d’articles littéraires. En 1957, il est appelé à servir dans l’armée américaine et n’en sort que deux ans plus tard. Lorsqu’il revient à la vie civile, il assure l’édition de Rogue Magazine, vend ses scripts à la télévision et ses histoires courtes aux maisons d’édition.
De son expérience militaire sort aussi son premier roman, Web of the City. C’est sur son temps libre qu’il écrit son histoire qui suit le récit d’un membre d’un gang de rue de Brooklyn. Un projet qui lui tenait à coeur depuis son déménagement à New York et l’ayant poussé à lui-même rejoindre le gang contrôlant le territoire de Red Hook pendant plusieurs mois afin d’avoir la matière première qui deviendrait son roman. Quelques années plus tard, il décide de changer de littoral et déménage jusqu’en Californie pour vendre ses histoires et ses scripts à Hollywood. Il est notamment connu pour avoir écrit l’un des meilleurs épisodes de Star Trek, The City on the Edge of Forever (28e épisode de la première saison), diffusé en 1967.
Le nombre de ses nouvelles grimpe de plus en plus et se fait définitivement reconnaître du monde littéraire grâce à deux histoires : « Repens-toi, Arlequin » dit Monsieur Tic-Tac en 1965 qui lui vaut un prix Nebula puis Je n’ai pas de bouche et il faut que je crie en 1967 où il rafle le prix Hugo. Il réitère avec un second Hugo l’année suivante pour La Bête qui criait amour au coeur du monde. En fait, Harlan Ellison est considéré comme l’auteur de science-fiction ayant remporté le plus de prix au cours de sa carrière : Hugo, Nebula, Locus, Bram Stoker, World Fantasy, etc. Tous les grands noms sont à son palmarès, et pas qu’une fois.
Alors qu’on fera en 1995 un jeu vidéo à partir de Je n’ai pas de bouche et il faut que je crie, c’est son histoire Un gars et son chien qui sera adaptée au cinéma en 1975. La même année, il sort l’un de ses chefs-d’oeuvre : Deathbird Stories. Un recueil d’histoires courtes écrit durant toute une décennie qui expose de nouvelles divinités ayant remplacé les anciennes. Entre satire et cynisme, le livre devient une référence littéraire pour beaucoup d’auteurs. Trois ans plus tard sort Strange Wine avec des histoires devenues cultes comme Hitler Painted Roses, que Stephen King considère comme l’un des chefs-d’oeuvre de la littérature américaine.
Ce ne sera d’ailleurs pas le seul à encenser Ellison. Le légendaire Isaac Asimov considérait Harlan comme l’un des meilleurs écrivains du XXe siècle, et selon ses mots, « largement meilleur que moi ». Son style pessimiste et surréaliste tranchant avec une science-fiction ayant besoin d’être dépoussiérée, Harlan Ellison se place dès 1967 avec son anthologie Dangereuses Visions comme un auteur à part qui peut faire découvrir des choses fantastiques à ses lecteurs. Dans un sens, il se rapproche du style de Lovecraft en s’intéressant à ce qui perturbe l’esprit, à ce qui angoisse le lecteur dans un univers fantastique ou de science-fiction. Le vaisseau spatial ou le monstre ne sera qu’un cadre pour peindre ce dont il veut réellement parler.
Dans les années 80, il devient consultant créatif sur la mythique série The Twilight Zone et se fait de plus en plus connaître lors des conventions qui fleurissent dans la décennie. Grand champion de la science-ficiton et de ses auteurs, il est un farouche défenseur des droits d’auteur. Plutôt que de parler de ses trophées, il prend beaucoup de temps à honorer les grands auteurs n’ayant jamais eu l’honneur de les recevoir. Il se fait connaître d’un encore plus grand public dans les années 90 en animant Harlan Ellison’s Watching sur la chaîne Sci-Fi. Depuis, Harlan Ellison ne cesse d’écrire et sa dernière décennie est en réalité sa plus prolifique depuis le début de sa carrière.
Nom incontournable de la science-fiction, de l’horreur, mais plus généralement de l’art de la nouvelle dans lequel il est passé maître, Harlan Ellison est l’un de ces auteurs qu’il faut avoir lus. Au-delà de ses talents littéraires, il est devenu une figure emblématique de la communauté de la science-fiction dès les années 60. Avec des centaines d’histoires à son actif, son héritage est immense et a largement influencé d’autres grands auteurs contemporains comme Dan Simmons et Stephen King.
Par Florent, le
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