Principalement marquée par la propagation rampante d’un nouveau coronavirus, l’année 2020 a également vu l’explosion d’un autre agent pathogène mortel qui pourrait constituer une menace pour la santé publique mondiale.
Une souche qui inquiète
Sous-type du virus de la grippe aviaire hautement pathogène, la souche H5N8 avait été initialement identifiée il y a des décennies, mais au cours de l’année 2020, une série de foyers émergents et continus H5N8 dans les populations aviaires de dizaines de pays a entraîné la mort ou l’abattage de millions d’oiseaux dans le monde.
« Les régions géographiques touchées n’ont cessé de s’étendre et au moins 46 pays ont signalé des foyers d’infection par le virus H5N8 hautement pathogène », écrivent les chercheurs Weifeng Shi et George F. Gao dans un nouvel article paru dans Science, soulignant le danger que représenterait le virus s’il devenait hors de contrôle.
Si les animaux les plus vulnérables au H5N8 restent les oiseaux (notamment les poulets et les canards d’élevage, mais aussi les oiseaux sauvages et migrateurs), des cas de transmission du virus à l’Homme ont également été rapportés ces derniers mois.
En décembre 2020, une épidémie de grippe aviaire s’était déclarée en Russie et avait touché des travailleurs de l’industrie de la volaille. Sept personnes travaillant dans une ferme du sud de la Russie avaient présenté des signes de l’infection. S’il s’agissait des premiers cas humains recensés pour le H5N8, ce n’était certainement pas une première pour les clades et sous-clades liés au H5N8, ni pour le virus de la grippe aviaire en général.
« À ce jour, un total de 862 cas humains d’infection par le H5N1 confirmés en laboratoire ont été signalés à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dont 455 décès », expliquent Shi et Gao. « Ces cas provenaient de 17 pays, dont environ 76 % d’Égypte et d’Indonésie. »
Des signes d’évolution constante
Mais les risques zoonotiques ne sont qu’une partie du problème posé par le H5N8 et ses semblables. Dans la plupart des épidémies récentes, un clade de H5N8 appelé 2.3.4 est devenu l’agent pathogène dominant dans le monde entier, observé pour la première fois dans un marché humide chinois en 2010.
« Les virus aviaires H5 du clade 2.3.4, en particulier le sous-type H5N8, ont clairement montré une propension à se propager rapidement dans le monde entier chez les oiseaux migrateurs », écrivent les chercheurs, qui notent que ces virus présentent également des signes d’évolution constante, se réassortissant génétiquement avec des parties d’autres sous-types de virus aviaires.
Shi et Gao, respectivement de la première université médicale du Shandong et du centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, ont été parmi les premiers scientifiques à documenter le nouveau coronavirus au début de 2020. Ceux-ci notent que la pandémie de Covid-19 qui a suivi (et les mesures de prévention et de contrôle adoptées par les populations mondiales en conséquence) a entraîné une forte réduction de la propagation des virus de la grippe humaine saisonnière A et B au cours de la dernière année.
Néanmoins, au cours de la même période, un certain nombre de virus aviaires hautement pathogènes H5Ny, dont les sous-types H5N1, H5N2, H5N5 et H5N8, se sont répandus en Chine, en Afrique du Sud ou en Europe.
Des adaptations particulières en matière de fixation cellulaire
Dans le même temps, les recherches ont montré que les virus du clade 2.3.4 présentaient des adaptations particulières en matière de fixation cellulaire qui pourraient induire des risques plus importants en matière de transmission à l’Homme, y compris une transmissibilité potentielle d’humain à humain.
Globalement, les chercheurs affirment qu’il est nécessaire de renforcer considérablement notre surveillance des virus de la grippe aviaire dans les élevages de volailles, avant que ces agents pathogènes ne deviennent incontrôlables.
« En raison de la migration sur de longues distances des oiseaux sauvages, de la tendance innée au réassortiment des virus de la grippe aviaire, de la capacité accrue de liaison aux récepteurs de type humain et de la variation antigénique constante des formes hautement pathogènes, il est impératif de ne pas ignorer la propagation mondiale et le risque potentiel du virus H5N8 pour l’aviculture, la faune aviaire et la santé publique mondiale », concluent les chercheurs.
Par Yann Contegat, le
Source: Science Alert
Étiquettes: epidemie, pandemie, grippe aviaire, H5N8
Catégories: Actualités, Santé
Encore un dérèglement à cause de la corruption des humains. Ils mettent ces pauvres poules l’une sur l’autre et enfermées. Inadmissible leur pauvre vie.
D’accord avec vous. Si seulement les autorités pouvaient tenir compte de tout cela afin de, par exemple, limiter et petit à petit stopper les élevages intensifs. Ce n’est qu’une suggestion.