Les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque en phase terminale n’ont qu’une seule issue pour survivre : la transplantation d’un nouveau cœur. Hélas, le faible nombre de donneurs d’organes ne pallie pas les besoins. Alors, de nombreux chercheurs se sont penchés sur l’alternative animale, mais les résultats sont mitigés. Finalement, une équipe de l’Université de Munich est parvenue à un nouveau record : un babouin transplanté avec un cœur de porc génétiquement modifié à survécu plus de six mois après la greffe ! Prochainement, les scientifiques pourront envisager des essais cliniques.

 

L’ALTERNATIVE ANIMALE POUR LES DONS D’ORGANES

En France, l’insuffisance cardiaque touche plus d’un million de personnes. Malheureusement, la moitié des patients décèdent dans les 3 à 5 années qui suivent l’apparition des symptômes. Cette maladie cause plus de 23 000 décès par an, selon une étude Novartis de 2016, notamment à cause du manque de donneurs d’organes. En effet, la seule issue pour les patients souffrant d’une défaillance cardiaque en phase terminale est la transplantation d’un nouveau cœur. Pour palier ce problème, les chercheurs se sont tournés vers la transplantation d’organes d’animaux, mais elle cause généralement des rejets.

En raison de leur proximité génétique avec les humains, les singes étaient considérés comme les meilleurs donneurs d’organes potentiels. Néanmoins, nombreuses sont les espèces à être en danger d’extinction, comme les orang-outan à cause de la culture d’huile de palme. C’est donc le porc qui apparaît aujourd’hui comme le candidat idéal, bien que la xénotransplantation soit difficile, puisqu’il s’agit d’une transplantation d’une espèce à une autre. Jusqu’à l’étude de Matthias Längin de l’Université de Munich, publiée dans la revue Nature, l’espérance de vie des babouins utilisés pour tester la xénotransplantation était de 57 jours seulement.

Parmi les cobayes de l’équipe de Matthias Längin de l’Université de Munich, plusieurs babouins ont survécu plus de trois mois à la xénotransplantation cardiaque, avec un record de 195 jours pour l’un d’eux. Pour arriver à cet impressionnant résultat, qui permet d’imaginer des essais cliniques chez l’homme, les chercheurs ont dû tâtonner pour optimiser le processus de greffe d’organe. Ainsi, ils se sont servis de cœurs de porcs génétiquement modifiés pour contourner le rejet de la greffe par le receveur… une expérience bien loin de l’éthique du film d’action Rampage, qui dénonce la manipulation génétique sur les animaux !

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UN BABOUIN SURVIT PLUS DE SIX MOIS AVEC UN CŒUR DE COCHON

Bien que ces cœurs de porcs soient conçus pour être bien supportés par les babouins, ces derniers ont tout de même été soumis à un traitement par immunosuppresseurs, qui a entraîné peu d’infections. Toutes les étapes de la transplantation ont également été revues et optimisées pour maximiser les chances de survie des receveurs. Alors que les organes prélevés sont habituellement conservés dans une solution gelée qui limite leur dégradation, les chercheurs de l’Université de Munich ont tenté une autre approche. En effet, les cœurs gelés s’abîment une fois transplantés, si bien que les babouins ne survivaient que quelques jours.

Ils ont donc préféré conserver les cœurs de porcs dans une solution de sang oxygénée à 8°C, régulièrement pompée pour circuler dans l’organe. Grâce à cette technique, les babouins transplantés ont pu vivre entre 18 et 40 jours après la greffe. Cependant, la pression artérielle est naturellement plus élevée chez les porcs que chez les babouins, causant alors une hypertrophie du cœur transplanté et la mort du receveur au bout de 40 jour, tandis que l’organe double de volume. Les chercheurs ont donc donné du temsirolimus aux babouins pour empêcher l’hypertrophie et ont réduit leur pression artérielle.

Grâce à tous ces ajustements apportés par Matthias Längin et son équipe de chercheurs de l’Université de Munich, les babouins avaient des fonctions cardiaques normales quatre semaines après la xénotransplantation. L’un des sujets a développé des complications au bout de cinquante jours, mais deux autres ont vécu trois mois, ce qui était l’objectif que s’étaient fixé les scientifiques. Néanmoins, le dernier babouin a tenu 195 jours, soit plus de six mois avec un cœur de cochon. Les chercheurs souhaitent donc poursuivre leurs expériences afin de permettre prochainement l’ouverture d’essais cliniques.

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