— Ronald Chlebek / Shutterstock.com

On dit souvent que les singes sont extrêmement proches de l’Homme. Et il semblerait que les babouins partagent quelques-unes de nos préoccupations en matière de santé et de sexualité. En effet, les femelles évitent de s’accoupler si leur partenaire sexuel ou elles-mêmes sont atteints d’une maladie sexuellement transmissible. Un groupe de chercheurs a effectué une étude sur une population de primates pour expliquer ce comportement.

Une étude sur un groupe de babouins atteints de syphilis

Des scientifiques du German Primate Centre (DPZ) ont observé des babouins des oliviers vivant dans un des parcs nationaux de la Tanzanie. Ces babouins sont cependant également présents au Mali en Afrique de l’Ouest, en Éthiopie et au Kenya en Afrique de l’Est. Dans cette étude publiée dans Science Advances et dirigée par Dietmar Zinner et Sascha Knauf du DPZ, les chercheurs ont observé 170 babouins infectés par le Treponema pallidum, le vecteur de la syphilis, sur une période de 18 mois.

Le groupe était composé d’environ 170 babouins. Les babouins oliviers femelles en période d’œstrus, c’est-à-dire d’ovulation et de rut, s’accouplent généralement avec plus d’un mâle. Cette période est indiquée par un gonflement important de leur peau sexuelle. Les membres du groupe atteints de Treponema pallidum possédaient des lésions au niveau des appareils génitaux, entraînant des anomalies de ces organes génitaux au fur et à mesure que la maladie évolue. Il faut savoir que le Treponema pallidum est responsable de la syphilis, tandis que le Treponema pertenue est l’agent pathogène causant le pian chez l’être humain. Cette dernière fait d’ailleurs l’objet d’une campagne de l’OMS pour l’éradiquer d’ici 2030.

La femelle plus prudente que le mâle

Les chercheurs ont observé en tout 876 tentatives d’accouplement entre 32 femelles et 35 mâles, dont 540 ont conduit à des copulations réussies. Dans la grande majorité des cas, l’accouplement a été initié par les mâles. Il a cependant été constaté que les femelles évitaient plus souvent les tentatives d’accouplement des mâles si la femelle ou le mâle présentait des signes visibles d’infection. Elles changeaient donc leur comportement sexuel pour minimiser le risque de contracter une maladie sexuellement transmissible. Le mâle en revanche ne modifiait absolument pas son comportement. Aussi, par rapport à d’autres études sur des populations de babouins non infectées, une femelle de ce groupe d’étude avait en moyenne moins de partenaires d’accouplement.

D’après les résultats, le chercheur Dietmar Zinner conclut que « le risque de contracter une maladie sexuellement transmissible peut entraîner des changements de comportement individuels qui pourraient modifier le choix du partenaire et potentiellement réduire le degré de promiscuité dans une population de primates non humains. »

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