En automne 2017, la médiatisation du choix de l’écrivaine Anne Bert, souffrant de la maladie de Charcot, de venir mourir en Belgique, pousse aujourd’hui davantage de patients français à transmettre leur demande d’euthanasie auprès de médecins belges. Une pratique qui inquiète de plus en plus de patriciens, majoritairement réticents.
Les patients français adressent de plus en plus de demandes d’euthanasie aux médecins belges
En automne 2017, Anne Bert, souffrant de la maladie de Charcot, a exprimé son souhait de vouloir venir mourir en Belgique. Suite à cela, de plus en plus de Français sollicitent des médecins belges pour se faire euthanasier, “avec un ou deux appels par semaine contre un tous les six mois auparavant”, témoigne François Damas, docteur à l’hôpital de la Citadelle de Liège. Dans la majeure partie des cas, ces demandes sont réalisées par des patients souffrant de pathologies neurodégénératives ou de cancers. La principale raison de ces demandes en dehors de la France résulte surtout dans le fait que les patients sont insatisfaits par la loi française qui autorise une sédation profonde et continue jusqu’au décès.
Ce médecin reçoit en moyenne près de cent demandes par an. Néanmoins, la plupart d’entre elles n’aboutiront pas, ne respectant par la loi. Si certaines sont acceptées, elle ne sont finalement pas toutes réalisées. En 2019, ce médecin a également réalisé l’euthanasie d’environ douze Français, soit environ un tiers des quarante à cinquante euthanasies qui devraient avoir eu lieu en Belgique cette même année.
Peu de médecins acceptent ces demandes
Très peu de médecins répondent aux demandes d’euthanasie de patients étrangers, notamment français. “Dès qu’un médecin est identifié, il est harcelé, en partie par des demandes non justifiées. Il y a dix ans, les demandes de Français étaient très rares, car il y avait le sentiment que la chose n’était pas possible. Or rien ne s’oppose légalement à l’euthanasie d’un non-résident. C’est petit à petit venu à la connaissance des Français. Mais il serait ingérable que toutes les demandes d’euthanasie d’Europe soient gérées en Belgique. Ce ne serait humainement pas tenable pour les médecins”, explique Jacqueline Herremans, présidente de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).
Après la diffusion d’un reportage sur France 4 il y a quelques années, “le téléphone avait sonné non-stop pendant plus de quinze jours dans le service, avec des gens qui disaient : ‘Allô, je suis bien à l’unité d’euthanasie ?’. Une fois que les Français ont une filière, ça va vite, le bouche-à-oreille fonctionne à plein”, témoigne Michèle Morret-Rauis, ancienne directrice de l’unité de soins palliatifs de l’hôpital Brugmann, situé à Bruxelles, et vice-présidente de l’ADMD. Cette situation avait été véritablement mal vécue par les médecins. C’est la raison pour laquelle un nouveau chef de service a pris la décision de suspendre toute venue de patients étrangers qui souhaitent se faire euthanasier en Belgique. Cette interdiction est actuellement toujours en vigueur.
Au sein de l’hôpital de Charleroi, le docteur Jean-Claude Legrand a expliqué avoir “hésité à accepter des patients français dans sa consultation fin de vie. N’est-ce pas déresponsabiliser la France que de prendre en charge ce problème ? D’autre part, notre service ne souhaitait pas devenir ‘l’euthanasieur’ des Français.” Malgré cela, le médecin explique avoir réalisé quelques euthanasies de patients français au cours des deux dernières années. Il doit encore accepter ou non cinq ou six demandes.
Ainsi, les médecins belges sont de plus en plus débordés face aux demandes d’euthanasie de patients français. Obtenir une euthanasie en Belgique est également un “parcours du combattant”, explique l’ADMD. “À l’heure actuelle, les médecins belges sont extrêmement réticents lorsqu’il s’agit de prendre en charge des patients non résidents, et ce, en raison des difficultés pratiques évidentes que cela implique”, rapporte l’association dans une lettre jointe en réponse aux demandes de renseignement et listant les difficultés à prévoir. En 2019, 348 demandes de ce type ont été faites par des “non-résidents”.
Des inégalités entre les patients
Réaliser une demande d’euthanasie est également un “parcours du combattant » pour les patients. Ceux-ci doivent notamment faire état de leurs souffrances physiques ou psychiques causées par une maladie grave et incurable qui ne peuvent pas être soulagées d’une autre manière. L’entretien d’une “relation thérapeutique” avec un médecin belge est obligatoire. Ils doivent d’abord assister à une première consultation puis obtenir un deuxième avis médical.
Autre difficulté pour certains patients : le voyage jusqu’en Belgique, pouvant être très éprouvant pour les plus malades. “J’ai des patients qui arrivent parfois en ambulance, après avoir fait près de mille kilomètres de trajet”, explique Yves de Locht, généraliste bruxellois. “Ce que la France oblige à faire faire à ces malades est honteux”, s’indigne Claudette Pierret, secrétaire de direction à la retraite à Longwy, en Meurthe-et-Moselle.
À ce voyage éprouvant s’ajoute une autre difficulté : le prix. Par exemple, Yves Locht demande 50 euros pour une première consultation, 150 euros pour une injection létale et conseille vivement aux patients de mettre de côté 2 500 euros afin de payer leur nuit d’hôpital. Une somme qui peut, dans certains cas, éventuellement être prise en charge par l’assurance maladie en France. “En prenant tout en compte, cela doit coûter entre 5 000 et 6 000 euros à un Français de venir mourir en Belgique. Un Belge qui décide de mourir chez lui, ça ne lui coûte rien, à part le produit et quelques consultations. Il y a là une inégalité flagrante”, conclut Yves Locht.
Par Cécile Breton, le
Source: Le Monde
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Catégories: Société, Actualités
Au Canada nous éprouvons certains problèmes de personnes lourdement handicapées qui meurent sans vraiment l’avoir voulu. Il n’existe pas de système qui pourrait protéger les personnes handicapées contre les abus avérés des lois sur la mort assisté.
Souvent une histoire triste, ils“voulaient arrêter de souffrir”» Voila ce que nous devons retenir. Il n’y a que trois choix qui s’offrent à une personne lourdement handicapée, mourir, vivre en prison (maison pour personnes âgées ou handicapées) ou se procurer de l’argent facile pour vivre chez soi. Aucun est un choix acceptable.
Pour ce qui est de mourir, nous ne devons pas tuer les personnes, mais bien soulager leur douleurs. Les handicapés et les personnes âgées sont discriminées ouvertement dans la société. Quel handicapé lourd n’a pas entendu dans son dos, « j’aimerais mieux être mort qu’être comme lui ».
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