Les professionnels de santé et leurs syndicats peinent à faire entendre leur point de vue concernant l’accès aux soins et à certains médicaments aux pouvoirs publics. Ils sont régulièrement confrontés à des restrictions qui parfois les empêchent de prendre convenablement en charge les patients. C’est la raison pour laquelle la Haute Autorité de santé a saisi les pouvoirs publics le lundi 10 février afin que le midazolam, un puissant sédatif utilisé pour les sédations jusqu’au décès, soit plus facile d’accès pour les médecins généralistes dans les villes, ce médicament étant uniquement accessible dans le milieu hospitalier.

Vers un meilleur accès au midazolam par les médecins généralistes ? 

Un meilleur accès au midazolam hors cadre hospitalier était très demandé par les médecins généralistes qui doivent accompagner des patients en fin de vie à leur domicile. En effet, le lundi 10 février, la Haute Autorité de santé (HAS) a annoncé dans un communiqué que le midazolam sera plus accessible pour les médecins généralistes. Ce puissant sédatif est utilisé en cas de sédations profondes et continues jusqu’au décès du patient définies par la loi Claeys-Leonetti de 2016 et uniquement délivré dans les pharmacies hospitalières. 

Afin de remédier à cela, plus de 1 000 médecins avaient alors signé un texte de soutien au mois de janvier à un généraliste qui était interdit d’exercice après avoir prescrit ce sédatif à plusieurs patients en fin de vie. Soutenu par la Fédération des médecins de France, ces médecins réclamaient d’avoir “les mêmes droits que leurs collègues hospitaliers, dans le cadre de la loi Leonetti, sans risquer de se faire interdire d’exercice”. Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d’éthique, avait rappelé qu’il ne s’agit pas d’un “médicament euthanasique mais d’un médicament qui soulage parfois jusqu’à la mort”. “Si on ne donne pas les moyens aux médecins de ville de le prescrire, alors on fragilise la loi de 2016 sur la fin de vie. On la vide d’une grande partie de son intérêt”, avait également expliqué Véronique Fournier, présidente du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie. 

— Africa Studio / Shutterstock.com

Des médicaments difficiles d’accès jusqu’à présent

Pour faciliter l’accessibilité des médecins généralistes au midazolam, l’Agence du médicament (ANSM) “procédera à une modification de son autorisation de mise sur le marché”. Si la loi Claeys-Leonetti autorise “la sédation profonde et continue à domicile”, les traitements prescrits sont actuellement très difficiles d’accès en dehors du cadre hospitalier. 

Par ailleurs, la HAS, qui avait déjà saisi cette problématique en 2018, a recommandé ce lundi aux pouvoirs publics de permettre aux médecins généralistes des villes d’y avoir accès grâce à l’autorisation de mise sur la marché (AMM), qui autorise actuellement son utilisation que pour des anesthésies. “Aucun médicament en France n’a aujourd’hui d’AMM pour la sédation profonde, continue et maintenue jusqu’au décès.” 

Dans son communiqué, la HAS a publié un “guide pratique de l’usage du midazolam, en première intention, à l’hôpital comme à domicile, dans le cadre d’une sédation profonde, continue, maintenue jusqu’au décès”. L’autorité sanitaire rappelle qu’elle doit faire l’objet d’une “procédure collégiale, qu’elle nécessite un médecin joignable vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec possibilité de visites médicales à domicile et qu’elle suppose le contact avec un réseau de soins palliatifs et la disponibilité d’un lit de repli à l’hôpital.

Il y avait une autorestriction sur ce produit, ce qu’on fait là va débloquer la situation, c’est grâce à notre travail que le ministère pourra prévoir une modification réglementaire”, explique Pierre Gabach, docteur et chef du service des bonnes pratiques professionnelles à la HAS. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait d’ailleurs annoncé le 9 janvier vouloir que “des travaux soient menés de manière urgente par ses services pour faire évoluer cette situation, en lien avec les recommandations de la HAS et de manière cohérente avec la construction du nouveau plan de développement des soins palliatifs et l’accompagnement des patients en fin de vie.

Un accès au midazolam d’ici quatre mois

Le ministère de la Santé n’a pas tardé à répondre aux recommandations de la Haute Autorité de santé. En effet, le jour même, le ministère a annoncé que le midazolam serait disponible d’ici quatre mois dans les pharmacies de ville. “Les médecins qui prennent en charge des patients en fin de vie à leur domicile pourront donc d’ici peu s’approvisionner dans ces pharmacies, alors qu’il n’était accessible que dans les hôpitaux. »

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