Deux paléontologues amateurs ont fait une trouvaille remarquable dans le département de l’Hérault : l’un des sites fossilifères de l’Ordovicien inférieur les plus riches et les plus diversifiés au monde.
Le biote des Cabrières
Décrit dans la revue Nature Ecology & Evolution, le « biote des Cabrières » a été découvert par Éric Monceret et Sylvie Monceret-Goujon alors qu’ils arpentaient les contreforts de la montagne Noire, massif situé à l’extrémité sud du Massif central. Son analyse par des chercheurs de l’université de Lausanne et du CNRS a permis l’identification de quelque 400 fossiles, vieux d’environ 470 millions d’années.
En raison de la dérive des continents, à cette époque lointaine, la région était proche du pôle sud. Selon les chercheurs, le site nouvellement découvert offre un aperçu précieux des écosystèmes polaires de l’Ordovicien 70 millions d’années environ après l’explosion cambrienne, au cours de laquelle sont apparues les principales structures corporelles animales que nous voyons aujourd’hui (vertèbres, yeux…).
Exceptionnellement bien conservés, les organismes étudiés incluaient des arthropodes archaïques tels que les trilobites, des brachiopodes, des cnidaires, des mollusques gastéropodes ainsi que des algues et des éponges.
« De tels assemblages contiennent non seulement les parties dures des animaux, comme les squelettes d’arthropodes ou les coquilles de bivalves, mais aussi des parties molles de nature organique qui apparaissent parfois dans la roche sous forme d’empreintes », détaille Bertrand Lefebvre, co-auteur de la nouvelle étude.
Réfugiés climatiques
Une telle biodiversité suggère que la région constituait alors un havre pour les espèces fuyant les conditions chaudes plus au nord. À cette époque, la Terre traversait en effet une phase de réchauffement intense, avec des températures océaniques supérieures de 15 °C à la moyenne actuelle.
Les pôles ayant été moins affectés par cette hausse des températures que les zones tropicales et tempérées, ils ont pu servir de refuge aux animaux et végétaux capables de migrer vers ces hautes latitudes.
Selon les scientifiques, comprendre précisément comment d’anciens organismes ont réagi à des bouleversements climatiques extrêmes pourrait nous offrir un aperçu précieux du futur de la faune et de la flore terrestres.