Au 1er décembre 2017, la France comptait 69 714 personnes incarcérées pour 59 165 places de prison. Cette moyenne de 118 détenus pour 100 places pose de véritables problèmes et il n’est pas étonnant que des chercheurs plaident en faveur de mises en place de vrais programmes de réinsertion pour éviter les récidives. L’association des Fermiers de la Francilienne a bien compris cette urgence et a mis en place une solution innovante !
LA FERMOTHÉRAPIE POUR LES DÉLINQUANTS
À la Butte Pinson, sur une parcelle du campus universitaire Paris 13, des personnes effectuent leurs travaux d’intérêt général (TIG) dans une ferme, celle de l’association des Fermiers de la Francilienne. Depuis 2014, les fermiers font appel à ces Tigistes pour entretenir leur hectare de ferme de la Butte Pinson, plus 5 autres situés sur le campus universitaire de Villetaneuse à 1 km de là. Bricoler, nettoyer, construire, s’occuper des animaux font partie du quotidien de ces Tigistes.
Pour le responsable associatif, Julien Boucher, la remobilisation par le travail est essentielle : « On a le plus souvent affaire à des jeunes désociabilisés et démotivés, qu’on reconnecte à du concret, en leur offrant des responsabilités dans un univers très différent de ce qu’ils connaissent. On leur ouvre les chacras sur plein de trucs. C’est de la fermothérapie ».
Si les premiers jours, certains sont récalcitrants, les encadrants affirment qu’ils ressortent changés de cette expérience. Certains reviennent même d’eux-mêmes pour y effectuer un service civique ou pour y faire du bénévolat.
UNE EXPÉRIENCE RICHE ET VALORISANTE
À la butte Pinson, tout le monde s’entraide, certains sont stagiaires, d’autres bénévoles, étudiants en service civique ou Tigistes mais tous effectuent les mêmes tâches, personne n’est au dessus. Pour les Tigistes, c’est une vraie expérience valorisante qui peut faire la différence pour les aider à s’en sortir. « Il y a une vraie démarche, un accompagnement global, axé sur la réinsertion. L’association croit vraiment à la seconde chance. Elle fait confiance aux tigistes, leur confie des responsabilités. On leur dit : “Tu es capable, alors vas-y ». C’est une expérience qui les valorise. » affirme Cyril Martin, conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation.
Et ce n’est pas Dylan qui vous dira le contraire : le jeune homme de 22 ans, condamné pour vol et cambriolage à 270 heures de travaux d’intérêt général, soutient : « On finit par développer une certaine affection pour ce que l’on fait, pour les gens. Ils ont été bons avec moi, et ça, il faut le dire. Ils m’ont supporté et donné de bons conseils. J’ai eu le sentiment d’être reconnu pour ce que je faisais, je me suis senti utile ». Le jeune homme pris de passion pour ce qu’il faisait a même continué en service civique à la ferme avant de trouver un CDD à la poste.
Pour rappel, le travail d’intérêt général est un travail non rémunéré pour les personnes de plus de 16 ans, condamnées, volontaires auprès d’une entreprise publique, d’une association, d’une collectivité territoriale. Il peut être utilisé pour sanctionner les atteintes aux biens, les délits routiers, les atteintes aux personnes, ou encore les infractions à la législation des stupéfiants. En Seine Saint-Denis, 518 personnes ont effectué des TIG en 2016 pour 39 000 heures, en 2017, 16 000 heures on été effectuées à la ferme de la Butte Pinson. Des chiffres encourageants pour cette méthode qui permet d’éviter la surpopulation carcérale tout en poussant des personnes démotivées et désocialisées à retrouver goût au travail et à la vie sociale.
Par Léa Philippe, le
Source: konbini
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