En 2002, les lecteurs de Vertigo, la branche adulte de DC Comics, découvraient Fables, la série de comics du scénariste Bill Willingham. Cette collection qui reprenait les plus célèbres contes de notre enfance nous plongeait dans un récit où les princes et princesses y étaient chassés de leur royaume pour se retrouver dans notre réalité. Les lecteurs suivaient leurs tentatives de s’intégrer à notre société sous la direction de Blanche-Neige. Face au succès de la première œuvre, un spin-off fut créé, Fearest, dont nous vous parlons aujourd’hui.
Alors que la série principale nous plonge dans les secrets de Fableville, la communauté clandestine dans laquelle évoluent les héros de notre enfance, d’autres spin-off ont été créés et parmi eux, Fairest chez Urban Comics. Alors que les autres histoires dérivées se penchaient sur des héros masculins, Fearest s’intéresse aux personnages féminins qui ont marqué nos jeunes années et qui, tout comme leurs congénères, sont regroupées dans un même monde où les légendes rencontrent la réalité. Complétant l’histoire de Fables, Fearest offre de nombreux éléments pour comprendre plus amplement la saga culte, si chère au cœur de son créateur Bill Willingham.
Différentes histoires se suivent et si elles sont toutes indépendantes et peuvent ainsi être savourées, elles orientent toujours le lecteur vers la collection principale, servant d’interlude et de lien entre les histoires contées dans Fables. Celle-ci, centrée sur les femmes de Fables débute toutefois d’une manière assez déconcertante : là où les lecteurs renseignés s’attendent à une œuvre menée par ces demoiselles, le premier comic book débute sur Ali Baba et nous conte son histoire quelques pages durant, écartant l’héroïne des planches de Fearest pour ne la révéler qu’à la fin.
La force de cette collection, à l’instar de Fables, est la qualité de son écriture, ce qui n’a rien de surprenant pour les lecteurs adeptes des créations de Willingham. Les dialogues sont amusants et souvent inattendus tant ils mêlent le vocabulaire soutenu des contes d’antan au langage familier d’aujourd’hui. Tournant en dérision ses héros sans tomber dans la caricature, le comic book réveille notre nostalgie sans nous ennuyer, développant de nouveaux arcs à explorer.
Evidemment la force de Fables et là où la série principale intrigue, c’est dans le fait d’intégrer ces héros de légende à nos mondes, de les exporter hors de leur milieu naturel. En retournant au pays des contes, Fearest perd un peu de son aspect excitant mais rassurez-vous, le comics a encore plusieurs tours dans sa manche. L’un d’eux et pas des moindres, est ses illustrations. Les traits de Phil Jimenez sont embellis par l’encrage d’Andy Lanning et les couleurs d’Andrew Dalhouse. Au final, les cases ressemblent à des œuvres d’art : les décors sont minutieusement travaillés au même titre que les héros.