Autrefois, les enquêtes criminelles étaient basées sur des témoignages ou des aveux. Aujourd’hui, les enquêtes adoptent une approche pluridisciplinaire et de haute technologie, mobilisant des experts de divers domaines scientifiques pour élucider les crimes les plus complexes. Mais les enquêteurs peuvent avoir du mal à rassembler des preuves lorsque la scène de crime est dépourvue de caméras de surveillance et que le corps de la victime est dans un état de décomposition avancé.
L’énigme des textiles décomposés
L’analyse des textiles joue un rôle crucial dans les enquêtes médico-légales, détenant des informations précieuses sur les circonstances du décès. Les vêtements portés par une victime peuvent révéler des éléments significatifs tels que des fibres sous ses ongles, des déchirures résultant de mouvements ou de tensions, ou encore des coupures et perforations causées par des armes.
Cependant, l’impact de la décomposition sur les tissus et les dommages existants est souvent négligé. Pour mieux comprendre cette dynamique, une expérience a été menée en Australie-Occidentale. Plus de 100 porcelets mort-nés, agissant comme des substituts de restes humains, ont été enveloppés dans divers tissus courants, allant du coton aux matériaux synthétiques.
Des déchirures et coupures ont été intentionnellement infligées avant que les carcasses ne soient laissées à la décomposition naturelle dans un environnement broussailleux. Les résultats de cette étude inédite pourraient révolutionner la manière dont les enquêteurs interprètent les indices provenant des vêtements en décomposition.
Le rôle clé des insectes dans la découverte
Une fois le processus de décomposition enclenché, les tissus des vêtements subissent des transformations rapides et complexes sous l’effet de facteurs tels que les bactéries, les champignons, les insectes et les éléments environnementaux. Les textiles changent de forme et de texture, s’étirant à mesure que les carcasses gonflent naturellement.
En quelques jours seulement, de nouvelles perforations apparaissent, principalement dans les tissus en coton, à mesure que les fibres se dégradent. De plus, des altérations chimiques surviennent suite à l’exposition aux fluides corporels et aux produits chimiques libérés par les micro-organismes.
L’activité des insectes, en particulier les mouches à viande et les scarabées charognards, a un impact majeur sur les tissus, avec des conséquences surprenantes. Les résultats détaillés de cette expérience, menée sur une période de 47 jours, offrent des aperçus inédits sur l’évolution des textiles au cours de la décomposition et soulignent l’importance des interactions entre les insectes et les vêtements.
Une contribution à la résolution des affaires criminelles
La compréhension approfondie des changements que subissent les textiles au fil de la décomposition apporte une nouvelle dimension aux enquêtes médico-légales. Les preuves extraites des vêtements peuvent évoluer au fur et à mesure que les corps se désintègrent et interagissent avec leur environnement.
Cela peut influencer considérablement l’interprétation des enquêteurs. Des affaires notoires, telles que celle de Chamberlain en 1980, illustrent comment les éléments de preuve issus des vêtements ont pu résoudre des mystères longtemps insaisissables. Les travaux menés pour comprendre l’impact des insectes sur les textiles pourraient non seulement éclairer de nouvelles enquêtes, mais aussi rouvrir d’anciens dossiers non élucidés.
L’élaboration de lignes directrices pour l’observation et la collecte d’insectes sur une scène de crime, ainsi que l’examen des liens entre les insectes et les vêtements des victimes, pourraient améliorer la précision des enquêtes futures. La science continue de révolutionner le domaine de la résolution des crimes, permettant aux enquêteurs de faire la lumière sur les recoins les plus sombres de l’histoire criminelle.
Par ailleurs, voici ce qui arrive à votre corps lorsque vous mourrez.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Science alert
Étiquettes: corps, décomposition
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