
Le Moyen Âge est souvent perçu comme une époque marquée par des conditions de vie difficiles, où la maladie, la famine et les inégalités sociales influençaient considérablement l’espérance de vie. Alors que dans de nombreuses cultures modernes, les femmes ont tendance à vivre plus longtemps que les hommes, ce n’était pas le cas à Londres au Moyen Âge. Une récente étude, publiée dans la revue Science Advances, remet en question les idées reçues sur les différences de survie entre les sexes à cette époque, et propose une analyse des facteurs sociaux et biologiques qui ont affecté la vie des Londoniens médiévaux.
Une étude bioarchéologique révélatrice
Dans l’Angleterre médiévale, l’espérance de vie moyenne était d’environ 32 ans, avec certains individus atteignant la quarantaine ou la cinquantaine, mais la vieillesse était rare. Normalement, les femmes survivent aux hommes dans la plupart des cultures, mais cela n’était pas le cas à cette époque. Pourquoi cet avantage n’a-t-il pas été observé ?
Pour comprendre cette égalité mortelle, une équipe de chercheurs dirigée par l’anthropologue Samantha Yaussy a utilisé la bioarchéologie pour analyser les ossements trouvés dans des cimetières de Londres. En se concentrant sur des marqueurs biologiques dans les squelettes, tels que des déformations osseuses ou des marques de stress, ils ont pu retracer les épreuves physiques et les conditions de vie des habitants de cette époque.
Les chercheurs ont observé que les lésions sur les squelettes provenaient souvent d’épidémies, de famines ou de maladies graves subies dans l’enfance. De plus, des signes comme des dents marquées de sillons indiquaient des périodes de malnutrition ou de maladie. Ces traces, qui témoignaient de blessures ou d’infections, offraient une « mémoire » des défis rencontrés par les individus tout au long de leur existence.
L’impact des inégalités sociales sur la santé
Une des conclusions les plus frappantes de l’étude est le rôle joué par les inégalités sociales dans la santé et la survie des individus au Moyen Âge. Contrairement à aujourd’hui, où les femmes vivent généralement plus longtemps que les hommes, les hommes médiévaux bénéficiaient souvent d’un « tampon culturel » qui leur permettait d’accéder à de meilleures ressources, notamment alimentaires, et à des conditions de travail plus favorables.
Selon Sharon DeWitte, co-auteure de l’étude et anthropologue biologique à l’université du Colorado à Boulder, « il s’agit d’une question de culture. Elle décide de la répartition des ressources entre les enfants à des moments critiques de leur développement et de l’attribution d’aliments spécifiques. »
Dans une société patriarcale où les hommes étaient privilégiés, les femmes se retrouvaient souvent désavantagées. Elles étaient davantage exposées aux maladies en s’occupant des malades. En outre, elles avaient moins de chances de recevoir le traitement médical de base proposé à l’époque. Cela signifie que les femmes, même si elles n’étaient pas biologiquement plus fragiles, avaient moins de chances de survivre dans un environnement où les ressources étaient inégalement réparties.
Le paradoxe ostéologique
Les squelettes médiévaux ne racontent pas une histoire simple. L’interprétation des restes humains trouvés dans les cimetières médiévaux révèle également ce que les chercheurs appellent le paradoxe ostéologique. En effet, les marques visibles de stress, comme des déformations osseuses, ne révèlent pas toujours un état de santé précaire. Ces signes se forment lentement et sont souvent associés à des individus ayant survécu assez longtemps pour se remettre de traumatismes.
À l’inverse, ceux qui mouraient rapidement ou dans des conditions extrêmes laissaient des squelettes qui pouvaient paraître en bonne santé, mais qui, en réalité, avaient peu de chance de survivre dans des conditions de vie difficiles. Ainsi, l’étude a mis en lumière que la résilience, marquée par des fractures cicatrisées, était un signe de longévité, tandis que les personnes souffrant de stress chronique avaient souvent une espérance de vie plus courte.
Les chercheurs ont utilisé des modèles statistiques pour analyser la fragilité et la résilience, et ont démontré que ces facteurs étaient profondément influencés par les normes culturelles de l’époque. Finalement, l’étude rappelle que les conditions sociales et culturelles peuvent avoir un impact profond sur l’espérance de vie, effaçant parfois les différences biologiques entre les sexes. Par ailleurs, voici 11 tortures du Moyen Âge qui étaient réservées aux femmes.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: ZME Science
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