
Si les innovations technologiques vont définir le futur de l’humanité, elles permettent également d’explorer les secrets de son passé. C’est ainsi que la tomographie à rayons X a permis de découvrir des informations inédites sur une épée de la Renaissance qui est fortement corrodée.
Un trésor enseveli sous les décombres d’une ancienne église
Les biens matériels ont tendance à se dégrader au fil du temps, et c’est un défi majeur dans le domaine de l’archéologie. En effet, en raison de ce phénomène naturel, certaines reliques anciennes deviennent impossibles à analyser. Heureusement, la technologie évolue également au fil du temps, rendant ainsi l’impossible possible. Cela a été le cas avec cette épée de la Renaissance qui a été découverte dans les ruines du Collegium Jenense, cœur historique de l’université d’Iéna, en Allemagne. Le Collegium Jenense a été détruit lors d’une campagne de bombardements alliés vers la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Ainsi, un grand nombre de vestiges historiques accumulés pendant des siècles ont été ensevelis sous des tonnes de décombres. Notons qu’avant sa destruction, l’église du Collegium servait à la fois de centre académique et de lieu de sépulture pour les professeurs, les étudiants et leurs familles entre 1594 et 1814. Il fallut des années de fouilles pour enfin mettre au jour les tombes enfouies et les objets funéraires ouvragés qu’elles contenaient. Parmi ces objets figuraient notamment quatre épées, chacune représentant le statut social du défunt.
Une signature cachée sous la rouille
L’une de ces épées – forgée vers 1558 – a été retrouvée presque intacte, mais elle restait néanmoins recouverte de rouille et de crasse. Malheureusement, les chercheurs n’ont pas été en mesure de la nettoyer et de la restaurer, car ils craignaient que les méthodes de nettoyage classiques n’endommagent l’artefact. Malgré tout, ils ont cherché un moyen pour en savoir plus sur cette épée, et ont finalement décidé de recourir à la tomographie assistée par ordinateur pour examiner l’épée et déceler d’éventuels indices de son histoire sous la corrosion. Ce procédé a été effectué au centre technologique d’INNOVENT à Iéna.
L’arme a été examinée à l’aide de l’EasyTom 150-160 X-Ray Micro & Nano-CT, un appareil de tomographie développé par la société française RX Solutions. Cet appareil a été conçu pour permettre de réaliser des scans volumétriques complets avec une résolution inférieure au micromètre. Notons qu’en plus de la tomographie à rayons X, les chercheurs ont également eu recours à des algorithmes analytiques avancés afin de visualiser la structure interne de la lame en fausses couleurs. Cela a permis d’identifier différents matériaux, des vestiges du fourreau, des couches de corrosion et même de minuscules déformations dues à l’âge ou à un impact.
Le plus important a cependant été la découverte d’une gravure sur la lame de cette arme de prestige connue sous le nom de « degen ». Il y était écrit « Clemes Stam ». C’est le nom d’un célèbre forgeron ayant exercé son art à la fin du XVIe siècle. Cette signature lie ainsi l’épée à Solingen, un haut lieu historique de la fabrication de lames pour la noblesse européenne en Allemagne. Des registres historiques ont permis de savoir que Clemes Stam y avait un atelier à la fin du XVIe siècle. Par ailleurs, les chercheurs ont tenu à préciser que l’épée n’appartenait pas à Clemes Stam, mais sans doute à un noble dont on ignore l’identité. Par ailleurs, des épées romaines rarissimes ont conduit à une découverte archéologique majeure.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Arkeonews
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