Le Soleil est une source de vie, mais aussi de danger. Parfois, il libère de gigantesques nuages de plasma qui peuvent perturber notre planète et notre technologie. Ces phénomènes sont appelés éjections de masse coronale (CME) et ils sont étudiés de près par les astronomes.
Un champ magnétique capricieux
Les CME sont provoquées par des distorsions du champ magnétique solaire, qui se brise et se reconnecte en libérant une énorme quantité d’énergie. Cette énergie chauffe et accélère le plasma, un gaz composé de particules chargées électriquement. Le plasma est alors éjecté à une vitesse pouvant atteindre 1,6 million de kilomètres par heure. La fréquence des CME varie selon l’activité du Soleil, qui suit un cycle d’environ 11 ans.
Le plasma éjecté peut avoir une taille supérieure à celle du Soleil et transporter des milliards de tonnes de matière. Il peut aussi emporter avec lui le champ magnétique solaire, qui s’ouvre sous l’effet de la détente dans l’espace interplanétaire peu dense. La cause exacte des CME n’est pas encore élucidée, mais les astronomes pensent qu’elles sont liées à des instabilités du champ magnétique solaire, qui se déforme sous l’effet des turbulences du fluide solaire.
Des effets spectaculaires et dangereux
La plupart des CME ne nous concernent pas, car elles sont dirigées dans d’autres directions que la Terre. Mais il arrive que nous soyons dans la ligne de mire d’une éruption solaire. Dans ce cas, le plasma interagit avec le champ magnétique terrestre, qui se déforme et se restructure sous l’effet du choc. Cela provoque des tempêtes géomagnétiques, qui ont plusieurs conséquences.
La plus visible est l’intensification et le déplacement des aurores boréales, ces lumières colorées qui apparaissent dans le ciel nocturne près des pôles. Elles sont causées par les particules chargées qui entrent en collision avec les molécules de l’atmosphère.
La plus dangereuse est l’exposition aux rayons cosmiques, des particules de haute énergie qui peuvent endommager les cellules vivantes. Les personnes au sol sont protégées par l’atmosphère, mais les astronautes dans l’espace sont vulnérables à ces radiations mortelles. En 1989, les cosmonautes de la station spatiale Mir ont reçu leur dose maximale annuelle de radiations en quelques heures à cause d’une tempête solaire.
Des risques pour la technologie
La tempête géomagnétique peut aussi avoir des impacts sur nos équipements technologiques. Les satellites, les réseaux électriques, les communications et tout ce qui utilise de l’électricité peuvent être affectés par les fluctuations du champ magnétique et les courants induits. En 1859, une CME a interrompu le réseau électrique en Europe et aux États-Unis pendant 14 heures. Ce phénomène est connu sous le nom d’événement de Carrington.
Les CME peuvent aussi endommager ou détruire les satellites en orbite autour de la Terre, en altérant leurs circuits électroniques ou en augmentant leur traînée atmosphérique. Les communications radio peuvent être perturbées ou interrompues par les interférences électromagnétiques. Les systèmes de navigation par satellite peuvent être affectés par les variations du champ magnétique terrestre.
Pour éviter ces scénarios catastrophiques, les astronomes surveillent le Soleil et ses éruptions. Ils espèrent ainsi mieux comprendre le fonctionnement des étoiles et anticiper les CME qui menacent la Terre. Si nous pouvions prévoir l’arrivée d’une éruption solaire quelques heures à l’avance, nous pourrions prendre des mesures pour protéger nos infrastructures vitales et limiter les dégâts. Par exemple, nous pourrions mettre les satellites en mode veille, déconnecter les réseaux électriques sensibles ou reporter les missions spatiales habitées. C’est pourquoi il est important de développer des systèmes d’alerte et de prévision basés sur l’observation du Soleil et du milieu interplanétaire.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Curiosmos
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