Dans le monde de l’art, chaque œuvre recèle son lot de mystères et d’histoires. Récemment, une étude menée par des chercheurs des universités de Dartmouth et de Cambridge a mis en lumière un secret caché dans une peinture du XVe siècle. Le Diptyque de Melun, peint par Jean Fouquet en 1455, a longtemps été admiré pour sa représentation détaillée et son style artistique. Cependant, cette étude récente, publiée dans le Cambridge Archaeological Journal, a révélé que l’œuvre pourrait cacher en réalité un élément préhistorique étonnant.
Le mystère du Diptyque de Melun
Le Diptyque de Melun est une œuvre composée de deux panneaux qui peuvent être pliés comme un livre, un format connu sous le nom de diptyque. Le panneau de gauche dépeint saint Étienne tenant un livre fermé, à côté duquel repose un rocher singulier. À ses côtés, Étienne Chevalier, trésorier du roi Charles VII, est représenté en prière. Le panneau de droite, quant à lui, illustre la Vierge Marie tenant l’enfant Jésus. Historiquement, le rocher a été interprété comme un symbole du martyre de saint Étienne, mais cette nouvelle étude propose une perspective différente.
Les chercheurs ont examiné de près la représentation du rocher et ont conclu qu’il s’agissait en fait d’une hache à main acheuléenne, un outil en pierre datant d’environ 1,7 million d’années. Ces haches, utilisées il y a environ 300 000 ans, sont parmi les plus anciens outils fabriqués par l’Homme. Leur présence dans une œuvre d’art du XVe siècle soulève des questions sur la connaissance et l’utilisation de tels objets à cette époque.
Les haches à main acheuléennes
Les haches à main acheuléennes, caractérisées par leur forme bifaciale, ont été largement utilisées au milieu de l’ère paléolithique. Elles font partie des objets paléolithiques les plus étudiés. Les auteurs de l’étude soulignent qu’elles constituent également l’une des rares catégories d’objets en pierre à avoir trouvé leur place dans la culture populaire. Leur importance archéologique est indéniable. Les débats archéologiques autour de ces outils portent sur leur fonction – étaient-ils des outils de coupe, des armes ou des symboles de statut social ?
La forme distinctive des haches à main acheuléennes a suscité de nombreuses théories. Certains chercheurs suggèrent que leur forme était le résultat d’un affûtage répété. Avant le XVIIe siècle, ces haches étaient souvent considérées comme des « pierres de tonnerre », tombées du ciel pendant les orages. La question se pose donc : le Diptyque de Melun représente-t-il réellement une hache à main acheuléenne ?
Pour répondre à cette question, les chercheurs ont analysé minutieusement la forme, la couleur et les marques sur la pierre du tableau. Leurs observations indiquent une forte ressemblance avec de véritables haches à main acheuléennes, et la proximité de la peinture avec des gisements de calcaire suggère un accès facile au silex nécessaire à la fabrication de ces outils.
Jean Fouquet et la connaissance préhistorique
Cette découverte remet en question la compréhension du Diptyque de Melun et de l’intention de Jean Fouquet. Était-il conscient de peindre une hache à main acheuléenne, ou était-ce une coïncidence ? L’attention méticuleuse aux détails dans la représentation de l’objet suggère une familiarité avec ces outils préhistoriques. Cela pourrait indiquer que Fouquet, ou son entourage, avait une connaissance ou un intérêt pour les artefacts anciens.
Cependant, les chercheurs admettent qu’il est difficile de déterminer avec certitude si Fouquet était conscient de peindre un outil préhistorique. La raison de l’inclusion de la hache à main dans l’œuvre reste spéculative. Il est possible que la hache à main ait été un objet peu familier dans la société de l’époque, ou qu’elle ait eu une signification religieuse ou culturelle spécifique.
Le Diptyque de Melun, avec son potentiel lien préhistorique, n’est pas seulement une œuvre d’art remarquable mais aussi un témoin d’une histoire humaine beaucoup plus ancienne. Actuellement, le panneau gauche du diptyque est conservé aux Staatliche Museen de Berlin, tandis que le panneau droit se trouve au Musée royal des beaux-arts d’Anvers, en Belgique. Pour aller plus loin, voici 10 secrets que vous ignorez probablement sur ces célèbres peintures.