De bien des manières, la science peut être effrayante. Qu’il s’agisse des radiations mortelles du radium, des techniques médicales archaïques et extrêmement douloureuses, ou encore de l’explosion des bombes atomiques, la science a également son lot d’horreurs. Parmi cela, nous pouvons citer le cas du Demon Core, un objet très dangereux qui a même entraîné la mort de certains scientifiques qui l’avaient utilisé.
La Seconde Guerre mondiale à l’origine de cet objet dangereux
Au cours du projet Manhattan – le projet top secret de construction de la bombe atomique – quatre noyaux de bombes ont été produits. L’un d’eux a été nommé Demon Core, littéralement traduit par « cœur de démon ». Ce noyau démoniaque était une masse sphérique de 6,2 kg de plutonium. Initialement destiné à être utilisé comme cœur de la troisième bombe nucléaire, l’objet est devenu superflu après la reddition du Japon durant la Seconde Guerre mondiale. En effet, le Japon a renoncé à combattre après que les États-Unis ont largué deux bombes atomiques sur le pays.
Si les deux autres cœurs ont entraîné la mort de plus de 200 000 individus, le Demon Core a également eu son lot de drames et a entraîné plusieurs décès. Plus précisément, le noyau de plutonium est entré en mode supercritique à deux reprises, entraînant un empoisonnement aigu par radiation et la mort subséquente des scientifiques Harry Daghlian et Louis Slotin. Dans un effort pour mieux comprendre ces matériaux, les scientifiques du projet Manhattan ont souhaité comprendre la masse et la composition des isotopes nécessaires pour générer une réaction en chaîne critique.
Des expériences qui ont abouti au décès de deux scientifiques de renom
Malheureusement, ces expériences se sont mal passées et se sont très mal terminées. Ces tristes évènements se sont produits au laboratoire de Los Alamos en 1945 et en 1946. Le premier accident est survenu en août 1945 lorsque le physicien Harry Daghlian a utilisé des briques de carbure de tungstène pour réfléchir les neutrons dans le noyau. Malheureusement, la brique est tombée accidentellement sur le noyau, ce qui l’a immédiatement amenée à un état supercritique. Le noyau a ainsi commencé à émettre d’énormes quantités de rayonnement, qui a non seulement atteint le scientifique, mais également un garde de sécurité qui a assisté à l’expérience.
Le second incident s’est produit au mois de mai 1946, et c’est cet évènement qui a valu au noyau le surnom de Demon Core. Dans le cadre d’une nouvelle expérience pour mieux comprendre le noyau, le physicien Louis Slotin et sept collègues ont voulu vérifier la proximité du cœur avec la criticité par le positionnement de réflecteurs à neutrons. Le protocole qu’avait utilisé Slotin était non approuvé en raison de l’absence de certaines mesures de sécurité pour éviter le désastre. Malheureusement, le pire s’est produit et au cours d’un essai, un éclair de rayonnement bleu a frappé Slotin et son équipe pendant une demi-seconde. Slotin est mort neuf jours plus tard d’un empoisonnement aux radiations. Si les autres chercheurs n’ont pas reçu de dose létale de radiation, certains d’entre eux ont tout de même développé des maladies graves.
Certes, par rapport aux 200 000 décès provoqués par l’explosion des deux bombes atomiques au Japon, ces incidents sont minimes. Quoi qu’il en soit, ils démontrent à quel point cette boule de plutonium de la taille d’un ballon de foot est dangereuse, étant donné qu’une exposition à ses radiations pendant seulement cinq secondes a été mortelle. À noter qu’après ces deux incidents, il a été décidé que toute expérience menée sur le Demon Core se ferait désormais par l’intermédiaire de machines de contrôle à distance. Même s’il n’y a plus eu d’incidents par la suite, les problèmes engendrés par le noyau de plutonium ont donné naissance à de nombreuses superstitions.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Science Alert
Étiquettes: demon core, radiation, bombe-atomique, projet manhattan