Les ravages de la maladie d’Alzheimer n’épargnent personne, pas même le règne animal. Pour la première fois, des chercheurs ont retrouvé des traces de la maladie chez une des créatures les plus révérées par les humains : le dauphin.
Une première mondiale
Une nouvelle étude publiée sur Alzheimer & Dementia a démontré l’existence de plaques et d’enchevêtrements de protéines logés dans le cerveau de dauphins morts naturellement. Ce n’est pas la première fois que des scientifiques détectent la maladie chez un animal : plus tôt cette année, des chimpanzés élevés en captivité avaient eux aussi présenté pareilles similitudes. Sauf que cette fois-ci, pour la toute première fois, nous avons relevé la présence de la maladie d’Alzheimer chez des animaux sauvages ? Et ça change tout.
« C’est très rare de trouver des traces visibles de la maladie d’Alzheimer dans un cerveau non humain. »
Simon Lovestone
Les chercheurs de l’équipe internationale voient grand : le développement de la maladie chez les dauphins – à défaut d’être une bonne nouvelle pour l’espèce – pourrait nous en apprendre davantage sur son déclenchement et les différentes façon de la guérir. L’être humain et le dauphin sont des créatures singulières, en ce sens qu’elles sont capables de vivre bien plus longtemps leur âge reproducteur. Un talent inné qui intrigue les scientifiques : ces mammifères marins pourraient eux aussi souffrir de maladies liées à l’âge ? Ils ont le matos pour en tout cas : les dépouilles des dauphins présentaient des traces de bêta amyloïde et de protéine tau, qui participent au développement de la maladie d’Alzheimer dans le cerveau humain…
Des dauphins cobayes ?
Jusqu’ici, les scientifiques étudiaient le développement d’Alzheimer en recourant aux souris, les cobayes par excellence : petites, légères, dociles, faciles à manipuler et à reproduire, elles présentent tous les avantages ; sauf celui d’être un bon substitut pour étudier la version humaine de la maladie… Apparemment, les dauphins seraient plus aptes à remplir ce rôle, malgré notre méconnaissance des effets de la maladie sur leur système cérébral.
« Les animaux ont tellement à nous apprendre sur la démence, pas seulement pour la maladie d’Alzheimer sur les humains, mais aussi pour améliorer notre compréhension de la démence chez ces animaux. »
Danielle Gunn-Moore
Des études plus poussées sur les mammifères marins nous permettraient d’acquérir une meilleure compréhension de la maladie – ses origines, son développement, ses facteurs aggravants – et nous aideraient à concevoir des traitements plus efficaces. Évidemment, tout cela reste au conditionnel : les scientifiques ont d‘ores et déjà annoncé qu’ils n’envisageaient pas une seule seconde d’élever des dauphins à des fins expérimentales. D’ailleurs, l’étude de Simon Lovestone (Université d’Oxford) repose entièrement sur des dauphins morts naturellement, dont les dépouilles ont fini échouées sur les côtes espagnoles.
Alzheimer ? Un mal pour un bien
Il est généralement acquis que le corps humain a évolué pour ajuster sa signalisation d’insuline afin de s’offrir quelques années de vie supplémentaires. Les chercheurs subodorent qu’Alzheimer et le diabète sont le prix à payer pour cette allonge : une idée soutenue par la découverte que les humains et les dauphins partagent les mêmes signes d’usure – en plus d’une espérance de vie étonnamment longue.
« Tandis qu’un régime alimentaire équilibré a des effets bénéfiques sur notre santé […] l’extrême restriction calorique n’allonge pas notre espérance de vie. »
Simon Lovestone
Une bien mauvaise nouvelle pour l’hypothèse – avancée il y a peu – selon laquelle la régulation des calories dans notre régime alimentaire pouvait nous octroyer quelques années en plus. Des tests effectués sur les souris abondent en ce sens, mais le fameux processus anti-âge, observé chez les rongeurs lorsqu’ils restreignent leurs calories, a déjà été exploité chez l’être humain, et au maximum de sa capacité. Merci l’évolution !
Par Matthieu Garcia, le
Source: Science Alert
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