Chaque époque de la science-fiction souffre de ses stéréotypes. Alors que l’attrait particulier du genre est de nous présenter une certaine vision d’un monde futuriste, certaines histoires finissent parfois par réutiliser les mêmes inventions et à devenir bancales, voire ennuyeuses. Des créateurs de jeux vidéo viennent dévoiler quelques conseils afin de pouvoir créer des histoires qui ne vieilliront pas de sitôt.

 

Les auteurs que vous allez peut-être découvrir au fil de cet article sont pour la plupart des coauteurs et éditeurs du livre Press Start to Play. Qu’est-ce que ce livre ? Une anthologie de nouvelles écrites par des acteurs majeurs de l’industrie du jeu vidéo, principalement des concepteurs et directeurs, qui se sont lancés dans l’aventure de l’écriture de science-fiction afin d’étendre leurs horizons et leurs perspectives. Le plus connu d’entre eux est certainement Andy Weir, ancien programmeur chez Blizzard qui a publié The Martian en 2011, depuis adapté au cinéma par Ridley Scott avec Matt Damon en tête d’affiche.

 

 

Chris Kluwe explique que selon lui, il y a deux façons d’aborder la chose. La première solution est d’adopter la manière de William Gibson qui consiste à prédire quelque chose sur l’avenir et à avoir raison. Bien entendu, ça nécessite une recherche incroyable et une bonne part de chance. La deuxième option est de garder les détails aussi vagues que possible avec quelques morceaux reconnaissables qui collent au comportement humain général. Selon lui, il vaut mieux de toute façon rester concentré sur l’histoire et les personnages plutôt que sur des détails techniques, parce que c’est là que le récit peut rapidement prendre un coup de vieux.

 

 

Dans tous les cas, ce risque existera toujours lorsque l’on écrit sur des technologies qui sont constamment en train d’évoluer. C’est ce qu’explique John Joseph Adams en avançant qu’il est impossible de se protéger à 100 % contre ce phénomène. Par exemple, si vous écrivez une histoire sur une technologie comme les jeux vidéo et que vous tentez de décrire à quoi cela ressemblera dans le futur, il y a d’énormes chances pour que l’histoire paraisse désuète assez rapidement car le média évolue très rapidement. Selon lui, il faut donc principalement écrire une histoire dont vous êtes certain qu’elle pourra résonner avec les lecteurs de l’époque à laquelle vous écrivez plutôt que de se soucier de savoir si le livre sera toujours d’actualité dans cinquante ou cent ans.

 

 

 

La tendance à vouloir trop en faire est en effet quelque chose qui se retrouve assez souvent avec des auteurs tentant de décrire avec précision une technologie inexistante, mais également peu probable et donc pas crédible aux yeux du lecteur. Austin Grossman tend à combattre cette tendance en expliquant qu’il ne faut surtout pas inventer quelque chose d’invraisemblable, mais plutôt quelque chose de vraiment spécifique à une époque ou un lieu, tout en gardant à l’esprit que ce n’est pas parce qu’une technologie existe qu’elle doit nécessairement se retrouver omniprésente et se retrouver entre les mains de tous les personnages. Après tout, quelle que soit l’époque, les gens n’ont pas le même pouvoir d’achat ni les mêmes occupations.

 

 

C’est effectivement l’un des dangers lors de la création d’une technologie fictive : en faire quelque chose d’incontournable qui sclérose l’histoire. Faire des personnages une masse uniforme car une technologie qu’un auteur veut mettre en avant et censée éblouir le lecteur est évidemment une très mauvaise idée. Comme le souligne Chris Avellone, beaucoup de gens des nouvelles générations ne savent même pas ce qu’est une disquette ou même la taille qu’elles avaient avant les années 90. Il faut donc mettre le focus sur les personnages et les gens utilisant la technologie que sur cette dernière. En faire quelque chose d’utile, mais qui reste au second plan.

 

 

Rhianna Pratchett se place également dans cette perspective. Plutôt qu’une spécificité à inventer, il faut déjà se concentrer sur les thèmes qui sont intemporels, les points communs au sein de l’Humanité et cibler ce qui est nécessaire et par conséquent ne se démodera pas. Pour son histoire, Rhianna explique qu’elle est partie du concept du créateur et de la créature. Une relation qui anime les histoires humaines depuis les mythologies des civilisations anciennes et qui est d’autant plus présente dans la science-fiction à travers la relation des hommes aux robots. Dans tous les cas, mettre l’humain au premier plan est toujours la clef pour ne pas tomber dans le désuet.

 

Avoir de l’expérience dans l’industrie vidéoludique est fatalement un atout lorsque l’on compte écrire des histoires de science-fiction puisque même si certains jeux nous emportent dans des genres diamétralement opposés, l’utilisation quotidienne de nouvelles technologies s’avère être un bon moyen pour réfléchir à quoi pourrait ressembler le monde de demain. Selon vous, qu’est-ce qui fait qu’une histoire de science-fiction est intemporelle ?

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