Le cratère se situe à Yarrabubba en Australie / © Google Earth

Notre Système solaire a une histoire particulièrement mouvementée, comme en témoignent les nombreux cratères que nous pouvons trouver sur la Lune. Cela étant dit, notre planète Terre n’a pas échappé non plus aux nombreux astéroides et cratères qui l’ont frappée au cours des millénaires. Malheureusement, la Terre étant en constante évolution, il est parfois dur de retrouver les cratères, souvenirs de l’impact des astéroides et des comètes. Le cratère de Yarrabubba, découvert en 2003 en Australie-Occidentale, serait âgé de plus de 2,2 milliards d’années, soit la moitié de l’âge de la Terre.

LE CRATÈRE DE YARRABUBBA

Le paysage australien, soit l’un des plus constants et des plus anciens, possèderait non seulement le plus grand de ces cratères, mais les scientifiques pensent maintenant qu’il abrite également le plus ancien. Le cratère de Yarrabubba, situé en Australie-Occidentale, n’est malheureusement plus visible. Malgré son érosion au cours des millénaires, les géologues sont parvenus à l’identifier, et ce, grâce à des relevés magnétiques et à l’étude des roches qui le composent. « Nous connaissons ce cratère depuis près de 20 ans, mais personne n’a réalisé qu’il était le plus ancien jusqu’à présent« , déclare Aaron Cavosie, chercheur à l’université Curtin en Australie.

Lors de la conférence de géologie de Goldschmidt qui prit place à Barcelone en août 2019, Timmons Erickson du Johnson Space Center de la NASA avait révélé que le cratère semblait avoir près de 2,229 milliards d’années. Cette nouvelle incroyable se diffusa dans le monde scientifique grâce au magazine Science. Les résultats publiés dans la revue Nature Communications ne font que confirmer les propos tenus par Timmons Erickson en août dernier. Grâce à leurs recherches, lui et son équipe ont pu prouver l’âge de ce cratère, et l’ont estimé grâce à l’analyse et à la datation de cristaux de zircon. Le cratère de Yarrabubba est donc le plus vieux cratère terrestre jamais découvert. La probabilité que des cratères plus âgés soit découverts sur Terre n’est pas nulle, mais les chercheurs n’ont pas encore pu les dater aussi précisément qu’ils l’ont fait pour Yarrabubba.

Le cratère de Yarrabubba mesure environ 70 kilomètres de large, soit 44 miles. Cette taille peut paraître superficielle par rapport aux 180 kilomètres de diamètre que les scientifiques évaluent pour le fameux cratère de Chicxulub, bien plus jeune. Les datations géologiques les plus récentes suggèrent que Yarrabubba a plus de 200 millions d’années de plus que le second impact le plus ancien. 

Le cratère Yarrabubba mesure environ 70 kilomètres de diamètre. — © Timmons M. Erickson, Christopher L. Kirkland, Nicholas E. Timms, Aaron J. Cavosie & Thomas M. Davison
Carte de l’impact de Yarrabubba, elle présente notamment l’emplacement des différents sites où les échantillons ont été récupérés pour cette étude. — © Timmons M. Erickson, Christopher L. Kirkland, Nicholas E. Timms, Aaron J. Cavosie & Thomas M. Davison

LES CONSÉQUENCES DE LA MÉTÉORITE

Lorsque la météorite a frappé le sol de la Terre, elle a envoyé une onde de choc à haute pression à travers toute la région, faisant vibrer les atomes et endommageant les minéraux à un niveau infime. C’est donc en analysant les données des atomes et des minéraux que les géologues ont pu trouver l’âge de ce cratère. « Après que l’onde de choc a traversé les roches, ces dernières se sont comprimées comme des ressorts. (…) Or, quand elles se relâchent, elles chauffent instantanément à des températures plus élevées que celles trouvées dans un volcan. Cela fait que certaines roches au centre des impacts se vaporisent, tandis que d’autres fondent juste à haute température, souvent à plus de 2000 degrés C (3600 °F)« , a déclaré Aaron Cavosie.

L’uranium est régulièrement converti en plomb à une certaine vitesse, mais lorsque ses cristaux sont chauffés et s’entrechoquent, ils sont soudainement débarrassés de tout plomb, remettant à zéro « l’horloge isotopique ». Remonter les milliards d’années sur cette chronologie devient donc très difficile, car cela nécessite de collecter de minuscules traces isotopiques dans la structure cristalline d’un grain pas plus large qu’un cheveu. 

UNE PLANÈTE « BOULE DE NEIGE »

Les recherches menées par les géologues ont prouvé que « [le] cratère a été créé juste à la fin de ce qui est communément appelé la période boule de neige, une époque où l’atmosphère et les océans évoluaient et s’oxygénaient davantage et où les roches déposées sur de nombreux continents enregistraient des conditions glaciaires« , explique le scientifique Chris Kirkland de l’université Curtin. Les géologues ont estimé des restes de dépôts d’origine glaciaire comme datant d’il y a plus de 2,2 milliards d’années, la date de création du cratère semble donc très proche du moment où a pris fin l’une des plus grandes périodes de glaciation globale de la planète Terre. Il y aurait donc un lien entre la fin de cette période glaciaire et la chute de la météorite sur la Terre. 

Lors de ces périodes, notre planète était recouverte d’une gigantesque banquise. L’hypothèse des scientifiques est qu’en s’écrasant sur notre planète alors gelée, cette météorite de 7 km de large aurait diffusé dans l’atmosphère plus de 200 milliards de tonnes de vapeur d’eau. La puissance de ce gaz à effet de serre aurait été suffisante pour modifier le climat et favoriser le réchauffement de la Terre, qui aurait alors dégelé. Cela est prouvé par le fait que les géologues n’aient pas trouvé de trace de dépôt de glace sur la Terre, hormis aux pôles dans les 400 millions d’années après l’impact.

Le scientifique du paléoclimat Andrew Glikson aurait déclaré à l’Australian Broadcasting Corporation que s’il considérait que la datation de l’équipe était « excellente », à son avis, l’impact le plus ancien était au Groenland 800 millions d’années plus tôt. Toutefois, un débat acharné a actuellement lieu à ce sujet pour savoir si cet impact a été réellement créé par une météorite. Quels que soient les résultats de ce débat, les informations obtenues sur Yarrabubba montrent que des événements d’impact extrêmement anciens peuvent très bien avoir affecté notre histoire climatique à grande échelle.

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