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Covid-19 : les scientifiques pensent avoir trouvé ce qui déclenche le brouillard cérébral

Ce terme englobe différents symptômes neurologiques observés chez les patients s’étant remis de l’infection initiale

— samunella / Shutterstock.com

Peu de temps après la première vague de la pandémie de Covid-19, les médecins du monde entier ont commencé à remarquer une foule d’effets neurologiques persistants chez les patients, longtemps après qu’ils aient semblé s’être remis du virus.

Des symptômes persistants

Englobant la fatigue, la perte de mémoire, la confusion et d’autres anomalies, ces symptômes inhabituels sont parfois regroupés sous le terme de « brouillard cérébral ». Dans le cadre de travaux récemment présentés dans la revue Cancer Cell, des chercheurs du Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSK) de New York pensent avoir identifié une cause sous-jacente de cette affection.

« Nous avons d’abord été contactés par nos collègues de la médecine des soins intensifs qui avaient observé une forme de délire grave chez de nombreux patients Covid-19 hospitalisés », explique la neuro-oncologue Jessica Wilcox, auteure principale de l’étude. « Cet échange a marqué le début d’une formidable collaboration entre la neurologie, les soins intensifs, la microbiologie et la neuroradiologie pour savoir ce qui se passait et voir comment nous pourrions mieux aider nos patients. »

Wilcox et ses collègues ont examiné le liquide céphalo-rachidien de 18 patients atteints de cancer qui présentaient un dysfonctionnement neurologique (encéphalopathie) après avoir été infectés par le SARS-CoV-2. Alors que l’on soupçonnait à l’origine qu’une infection virale en cours pouvait être la cause des symptômes associés au brouillard cérébral, l’analyse microbiologique du liquide prélevé dans les ponctions lombaires n’a révélé aucun signe du virus, ce qui laisse penser que les patients s’étaient remis du Covid-19.

En novembre dernier, une étude avait révélé un large éventail d’anomalies cérébrales causées par le Covid-19 — Cineberg / Shutterstock.com

Une inflammation persistante et des niveaux élevés de cytokines dans le liquide céphalo-rachidien

« Nous avons découvert que ces patients présentaient une inflammation persistante et des niveaux élevés de cytokines dans leur liquide céphalo-rachidien, ce qui expliquait les symptômes qu’ils présentaient », détaille Jan Remsik, co-auteur de l’étude.

Les cytokines sont une large catégorie de protéines qui sont impliquées dans la signalisation du système immunitaire. Dans certains cas de coronavirus, une surproduction de ces molécules entraîne ce que l’on appelle une tempête de cytokines, qui peut provoquer une inflammation excessive, potentiellement mortelle.

Un phénomène similaire montrant des niveaux élevés de cytokines inflammatoires est parfois considéré comme un effet secondaire de la thérapie par les cellules T du récepteur d’anticorps chimérique (CAR), un traitement d’immunothérapie, qui peut également engendrer confusion, délire et d’autres effets neurologiques semblables à ceux observés chez les patients Covid-19 souffrant de brouillard cérébral.

L’idée étant que le flot de ces substances chimiques inflammatoires du système immunitaire s’infiltre dans le cerveau, produisant des symptômes d’encéphalopathie tels qu’observés chez les patients.

— Semnic / Shutterstock.com

De nouvelles pistes pour diagnostiquer et atténuer le brouillard cérébral

Bien qu’il s’agisse de la plus grande étude réalisée à ce jour pour démontrer ce lien potentiel entre le Covid-19 et les effets neurologiques post-infection, davantage de données seront nécessaires pour faire toute la lumière sur cette association. Toutefois, ces nouveaux travaux suggèrent que les médicaments anti-inflammatoires pourraient être utiles pour atténuer le brouillard cérébral chez les patients, et pourraient mettre en évidence de nouvelles orientations en termes de diagnostic de ce mal étrange et persistant.

« Nous pensions que le système nerveux était en quelque sorte un organe privilégié, qui n’avait aucune relation avec le système immunitaire », explique Adrienne Boire, co-auteure de l’étude. « Mais plus nous approfondissons nos recherches, plus nous trouvons de liens entre les deux. »

Par Yann Contegat, le

Source: Science Alert

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