
Le rete ovarii est une structure mal comprise du corps féminin. Reliée aux ovaires, elle pourrait être beaucoup plus essentielle à la fonction ovarienne et à la fertilité que les scientifiques ne le pensaient jusqu’à présent. Explications.
La fonction ovarienne
Cette structure a été découverte chez l’Homme il y a plus d’un siècle. Jusqu’à présent, elle était considérée comme un vestige du développement fœtal, non essentiel à l’anatomie féminine adulte. Toutefois, selon une récente étude, publiée dans la revue eLife, le rete ovarii pourrait jouer un rôle important dans la fonction ovarienne, et donc dans la fertilité. Cette étude a également montré que cette structure comporte trois régions distinctes et pourrait réagir aux signaux hormonaux.
« On considère souvent que l’appareil reproducteur féminin comprend la vulve, le vagin, le col de l’utérus, l’utérus, l’oviducte et les ovaires », ont écrit les chercheurs dans leur article. « Nous suggérons d’ajouter le rete ovarii à cette liste et de l’étudier comme un composant supplémentaire de la fonction reproductive féminine. »
Bien que leur étude soit basée sur des souris, les chercheurs pensent qu’elle s’applique aussi à l’Homme, car cette structure est également présente chez plusieurs autres espèces de mammifères, notamment les vaches, les chats, les moutons, les porcs, les chiens ou encore les singes. De plus, les humains et les souris partagent des voies de développement précoce des organes sexuels similaires. Ils supposent donc que la structure et ses signaux développementaux pourraient être similaires chez l’Homme.
Une structure inutile ?
« Lorsque cette structure a été découverte pour la première fois à la fin des années 1800, on a supposé qu’elle n’avait aucune utilité car les scientifiques ne pouvaient pas voir sa fonction dans le corps », a déclaré Adam Taylor, professeur d’anatomie à l’université de Lancaster qui n’a pas participé à l’étude récente.
Le professeur ajoutant : « À l’époque, les scientifiques ne disposaient pas non plus des mêmes techniques d’imagerie, de microscopie et de biologie moléculaire que celles d’aujourd’hui. Celles-ci nous permettent de détecter les variations du flux sanguin, les variations de taille des structures internes au cours de la vie, ou encore de détecter les protéines produites par le réseau ovarien et de les comparer à des protéines similaires produites ailleurs dans l’organisme, dont la fonction est connue. »
Le fonctionnement du rete ovarii
Dans le cadre de cette nouvelle étude, des chercheurs ont appliqué des méthodes modernes pour mieux comprendre le rete ovarii. Certaines de leurs expériences ont été réalisées sur des souris vivantes, ce qui leur a permis d’étudier son développement dans l’utérus. D’autres tissus ont aussi été prélevés sur des animaux euthanasiés.
Résultat : le rete ovarii contient trois régions distinctes qui mûrissent pendant le développement fœtal et se maintiennent ensuite à l’âge adulte. Ces régions comprennent le réseau intraovarien (RIO), situé à l’intérieur de l’ovaire, le réseau extraovarien (REO), constitué de tubules contournés qui se rejoignent en un bulbe à une extrémité, et le réseau de connexion (RC), une zone de transition entre le RIO et le REO.
Grâce à la spectrométrie de masse, les chercheurs ont découvert qu’à la naissance, les tubes de l’ovaire extra-utérin contiennent des milliers de protéines que ses propres cellules semblent produire. L’une d’elles, la protéine de liaison au facteur de croissance analogue à l’insuline 2 (IGFBP2), pourrait être impliquée dans la fonction ovarienne. Cette protéine pourrait notamment moduler la disponibilité et l’activité des facteurs de croissance analogues à l’insuline (IGF), structurellement similaires à l’insuline et essentiels au développement des follicules porteurs d’ovules immatures et d’hormones dans l’ovaire. Dans d’autres expériences, ils ont observé le déplacement du colorant fluorescent à travers l’EOR, révélant que le liquide contenu dans l’EOR est propulsé vers l’ovaire. Ceci suggère également que le rete ovarii joue un rôle dans la fonction ovarienne.
« Dans une autre analyse, nous avons découvert que les cellules du rete ovarii exprimaient, ou activaient, des gènes codants pour divers récepteurs hormonaux, notamment ceux des hormones sexuelles œstrogène et progestérone », a précisé Adam Taylor. « Ces hormones jouent un rôle important dans la reproduction et la santé féminines, contribuant notamment à réguler le cycle menstruel. Il semble que le réseau ovarien puisse jouer un rôle dans l’homéostasie ovarienne, en maintenant les ovaires et leur environnement. De même, il semble capable de détecter les mouvements de fluides dans et autour des ovaires et de leur microenvironnement. Enfin, et c’est le plus intéressant, le rôle endocrinien hormonal potentiel du réseau ovarien pourrait être mis en évidence. Ainsi, le rete ovarii pourrait agir comme une antenne » pour recevoir des signaux du reste du corps, à la fois via les hormones et les nerfs, puis envoyer ces informations à l’ovaire via les protéines qu’il sécrète et transporte. »
Pour aller plus loin, voici ce qu’est le syndrome des ovaires polykystiques.
Par Cécile Breton, le
Source: Live Science
Étiquettes: femme, organe, ovaires
Catégories: Actualités, Santé