Kim Jong-il
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La Corée du Nord est décidément un pays très particulier. Réputé extrêmement fermé, le pays est une sorte de « petite URSS », continuant d’appliquer le communisme à l’état le plus brut. Retour sur une histoire assez extraordinaire : l’enlèvement, en 1978, de 2 stars du cinéma sud-coréen par le voisin du Nord, afin qu’elles servent les intérêts de la propagande de Kim Jong-il.

Depuis 1953, la péninsule coréenne est séparée en 2 pays : au sud, une république, à peu près démocratique, ouverte sur le monde ; au nord, une république populaire, régime communiste très dur, obéissant au Juche, régime politique spécifique au pays, basé sur les règles du communisme donc, et un culte de la personnalité absolu autour de la dynastie Kim. Dans ce contexte, les relations entre les deux États sont extrêmement tendues.

Pour répondre au mieux aux besoins du culte de la personnalité, la Corée du Nord mise sur une propagande absolue. Kim Jong-il, ancien dirigeant du pays, père de l’actuel chef d’État et fils du fondateur de la dynastie, était lui-même féru de cinéma. En 1978, il est en charge des affaires culturelles du pays. Son but ultime : que son pays, pourtant mis au ban de la communauté internationale, reçoive une reconnaissance au niveau mondial. Pour ce faire, il a recours à un stratagème pour le moins original : l’enlèvement, tout d’abord, de Choi Eun-hee, actrice sud-coréenne très connue déjà à l’époque, puis du réalisateur Shin Sang-ok, qui se trouve être son ex-mari.

Choi Eun-hee est enlevée à Hong Kong, sous le prétexte d’être repérée pour la réalisation d’un film ainsi que pour la direction d’une école d’art dramatique. De là, elle est emmenée en Corée du Nord où on lui fait découvrir la vie culturelle de la capitale, Pyongyang. En 2004, dans son livre Under the Loving Care of the Fatherly Leader, sur la dynastie Kim, qui rapporte cette histoire, Bradley K. Martin raconte que l’enlèvement de Choi avait pour but de servir d’appât à Shin Sang-ok.

Quelques mois plus tard, ce dernier est enlevé à son tour, et retrouve son ancienne femme. Ensemble, ils reçoivent pour consigne de réaliser des films qui puissent être présentés à des festivals internationaux, tout en servant la propagande du pays. Kim Jong-il était toutefois parfaitement conscient de la froideur des films nord-coréens de l’époque, c’est pourquoi il souhaitait modifier quelque peu cette image. Les films s’inspirent de ce qui se fait à l’époque ailleurs dans le monde, à l’image de Pulgasari, inspiré du film japonais Godzilla, ou d’autres films pratiquement hollywoodiens vantant le régime communiste.

Finalement, lors d’un voyage à Vienne en 1986, les deux Sud-Coréens parviennent à trouver refuge à l’ambassade des États-Unis, et à y demander l’asile politique. Afin de ne pas être accusés par leur propre gouvernement d’espionnage ou de collaboration avec l’ennemi, ils prennent des enregistrements de leurs conversations afin de prouver qu’ils ont été emmenés de force en Corée du Nord.

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